Semae : dix voies d’adaptation des systèmes fourragers au changement climatique
Dans un communiqué du 15 avril, Semae - nouvelle identité de l’interprofession des semences - synthétise en dix points les techniques qui participent à l'adaptation des systèmes fourragers au changement climatique.
Ces techniques, pour un certain nombre d'entre elles, ne sont pas nouvelles. L'organisation conseille aux éleveurs d'en prendre en compte plusieurs. "C’est comme un jeu de cartes. Les combinaisons et les solutions sont nombreuses." A chacun de voir ce qu'il peut être pertinent dans sa situation, et faisable selon la météo dès cette année.
1- Favoriser l’enracinement des prairies
« En prairie naturelle ou temporaire, la profondeur d’enracinement dépend de la plante mais aussi de la conduite. En effet, la plupart des graminées renouvellent leurs racines sur deux ans, sauf le ray-grass anglais qui le fait chaque année à l’automne » explique Semae.
La profondeur de l’enracinement est en lien avec la hauteur d’herbe. Il est donc conseillé de laisser monter la végétation pour une fauche une fois tous les deux ans. Pour le ray-grass anglais, il faut éviter absolument le surpâturage d’automne, qui est la période où la plante renouvelle ses racines.
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« Pour aider la plante à développer ses racines, une seule machine : le ver de terre ! » Celui-ci brasse les différents horizons de sol, amenant la fertilité davantage en profondeur, ses galeries verticales seront ainsi empruntées par les racines.
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« Pour finir, le hersage de fin d’hiver arrache les plantes dont les racines sont superficielles comme les pâturins communs ou les agrostis au profit des espèces à racines profondes. »
2- Choisir le bon mélange
Le site www.herbe-book.org, base de données en ligne des variétés fourragères, est à la disposition de tous pour s’informer sur les caractéristiques des variétés et les classer en fonction de ses propres priorités.
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Pour concevoir un mélange pertinent en fonction de la complémentarité des espèces, il faut tenir compte des différentes dates d’épiaison, des résistances aux périodes froides ou chaudes, des tolérances aux périodes sèches ou humides.
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3- En été, favoriser le stock sur pied
« La constitution de stocks d’herbe sur pied destinés à être pâturés peut être une solution pour l’été, mais… avant toute chose, il faut rechercher la qualité ! » explique Semae. Pour cela, cinq points sont à respecter :
- avoir fait un déprimage afin d’avoir une végétation dense
- avoir étêté afin d’avoir peu d’épis au profit des feuilles
- avoir une bonne proportion de légumineuses (trèfle blanc, lotier, trèfle violet, hybride, luzerne)
- envisager le pâturage au fil avant et arrière dès que la végétation dépasse 15 cm.
- en cas de prairie temporaire, il est recommandé de prendre en compte les critères variétaux comme la résistance aux maladies, la remontaison ou la tolérance à la sécheresse.
4 -Des semis sous couvert en simultané ou en décalé
« Les exemples sont multiples : semis simultané d’orge de printemps et de luzerne ou éventuellement décalé de quelques semaines, semis de printemps de fourragères dans du méteil d’hiver ou céréales d’hiver, semis de fourragères en inter rang du maïs. Chaque espèce protège l’autre. » Il y a certainement de nombreuses combinaisons à inventer ou à réinventer, comme le semis de fourragère dans de la céréale en cours de montaison. « Le problème de la mise en œuvre et du machinisme devra, quant à lui, être résolu. »
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5- Implanter de la luzerne
« La luzerne est la meilleure assurance sécheresse et canicule » assure Semae. « Elle est particulièrement intéressante en affourragement en vert : pas de pertes au champ, pas de pertes ni de risques liés à la conservation. Une récolte journalière est ainsi transformée presque instantanément en lait ou en viande. » Il faut cependant être équipé ou s’inventer une méthode « maison » telle que le pressage d’une boule, non ficelée et distribuée aussitôt en ratelier.
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6- Une alternative : la betterave fourragère
« En matière de constitution de stocks pour l’hiver, le maïs est une plante fabuleuse, par sa productivité, sa valeur en énergie-amidon, et par son faible coût de récolte ramené à la tonne de matière sèche » rappelle Semae. « Un stress hydrique lors de l’une des phases de l’évolution de la plante peut avoir de graves conséquences. Pourquoi ne pas répartir le risque en cultivant plusieurs autres plantes annuelles et notamment la betterave fourragère. »
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« Si en cours de saison l’eau vient à manquer ou la chaleur devient excessive, la betterave semble se faner. Toutefois elle redémarre avec une extraordinaire vigueur dès que la chaleur baisse et que les pluies de fin d’été arrivent. »
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Le site www.betterave-fourragere.org informe sur les variétés, la culture et l’utilisation de la betterave fourragère. Il est particulièrement intéressant de noter que la betterave peut être pâturée au fil dès la mi-août et ainsi limiter le surpâturage des prairies à l’été et à l’automne.
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7- Penser aux dérobées d’automne et de printemps
Les cultures dérobées fourragères sont une solution pour produire du fourrage supplémentaire en intersaison, destiné à être stocké ou pâturé. Leur exploitation peut avoir lieu à la fin de l’été ou à l’automne mais également au printemps, ou bien à la fois en été-automne et au printemps. L’usage peut être le pâturage ou la fauche ou les deux.
Il convient néanmoins de surveiller que les dérobées utilisées au printemps ne pénalisent pas la culture suivante. Il faudra prendre en compte la réserve en eau du sol, sa fertilité et la date de disponibilité de la parcelle.
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Semae met à la disposition de tous, sur simple demande, une réglette pour guider le choix parmi 25 espèces, en fonction de la date de semis possible, de la période et de l’usage envisagé, de la méthode de destruction du couvert. On associera alors 3 ou 4 espèces. Dans tous les cas, la qualité de la semence et les soins à l’implantation sont essentiels.
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8- Cultiver du méteil
« Il existe plusieurs types de méteil. Celui que l’on emploie communément aujourd’hui, est un mélange d’au minimum une céréale à paille et d’une légumineuse à grosse graine. Il y a au moins 5 céréales utilisables et 3 légumineuses » resitue Semae. Le méteil, quant à lui, peut être d’hiver (semé à l’automne et récolté au printemps), de printemps (semé au printemps et récolté en été), ou d’été (semé en été et récolté avant l’hiver).
Celui-ci peut être récolté plantes entières en ensilage ou en grain sec ou inerté. Le nombre de combinaisons possibles est donc très large. Les constituants sont souvent choisis pour être peu exigeants en eau ou consomment de l’eau en période où celle-ci ne manque pas ou peu (sauf pour le méteil semé en été).
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"Après récolte du méteil,souvent, le sol dispose d’une bonne réserve en eau, d’une bonne température et d’un bon reliquat azoté après cette récolte. Au printemps, alors que les journées sont longues, il sera possible de semer dans le méteil des espèces fourragères graminées et/ou légumineuses."
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Il existe d’autres possibilités de culture sous couvert comme le semis de prairie au printemps dans du méteil d’hiver ou le semis de prairie dans du méteil de printemps ou d’été. « Ces techniques sont particulièrement intéressantes lorsque l’on implante des espèces lentes d’installation (fétuque, dactyle, fléole). »
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9- Raisonner l’aménagement parcellaire
Des points d’eau bien répartis, des haies coupe-vent, des arbres « parasol », des chemins faciles d’accès... « Et surtout, dès que l’herbe vient à manquer, il est nécessaire de concentrer les animaux sur une petite parcelle afin d’éviter le surpâturage des autres parcelles. L’idéal est d’affourrager à l’ombre. »
10- Constituer des stocks tampons
« Il est essentiel de disposer de stocks de secours qui vont se conserver sur une longue durée » rappelle Semae.
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