Se réunir en groupe pour améliorer le bien-être de l’Homme et de l’animal
Un groupe d’agricultrices du réseau Rés’Agri 56 s’est engagé dans l’amélioration du bien-être humain et animal en élevage au sein d’un GIEE. À travers des ateliers, des formations, des visites croisées et des échanges, elles ont analysé et transformé leurs pratiques. Elles témoignent de leur parcours et des gains que tous en retirent sur la ferme, hommes et bêtes.
« Et mon bien-être à moi, qui en parle ? » Cette phrase est bien souvent la première réaction des éleveurs lorsque le thème du bien-être animal est abordé. À raison. En quoi serait-il éthique d’améliorer le bien-être animal sans améliorer celui des humains qui les élèvent ? Ne faudrait-il pas plutôt parler de « one welfare » un seul bien-être entre l’Homme, l’animal et l’environnement ? Un concept scientifique mis en œuvre concrètement par des femmes du réseau d’agriculteurs Rés’Agri 56. Soucieuses de leurs conditions de vie et de travail et de celles de leurs associés, et bousculées par la remise en cause médiatique et sociétale des modes d’élevage, elles sont une douzaine, éleveuses de vaches laitières en très grande majorité, a avoir choisi de s’investir sur la durée dans l’amélioration de leur bien-être et de celui de leurs animaux, dans le cadre d’un GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental). Leur expérience a vocation à inspirer d’autres éleveurs ou éleveuses.
Des outils de diagnostic, des formations
Après une réflexion sur la notion de bien-être, elles ont analysé les points forts et points de vigilance sur leur exploitation, en termes de « bien-être humain » et de « bien-être animal », grâce à des outils de diagnostic : autodiagnostic travail, calculette temps de travail, diagnostic Boviwell co-conduit avec leurs laiteries.
« On chemine ensemble, nos discussions amènent à des réflexions. On a plaisir à se retrouver, à discuter, à ne pas rester seules dans nos coins, face à l’agribashing notamment », se félicite Christine, membre du GIEE.
Elles se sont formées sur les pistes de réduction du travail d’astreinte en hiver : l’écornage facile, efficace et sans douleur, l’éthologie et l’acupuncture. Elles ont aussi appris à cultiver leur propre bien-être et améliorer la communication avec les associés et salariés. Ces formations et la dynamique du groupe ont induit des changements de pratiques, notamment relationnelles avec les hommes et les animaux, et de facilitation du travail.
Des changements de pratiques, de perceptions et de comportements
Lors du bilan, 37 changements de pratiques ou de comportements ont été recensés.
• 11 dédiés au bien-être animal : plus d’abreuvement, l’amélioration du confort de couchage, la mise en place de brosses, des pratiques positives d’intégration dans un lot, la mise en place de jeux pour les veaux.
• 19 pour le bien-être partagé des hommes et des animaux dont 5 pour l’écornage. Autres points au bénéfice partagé, l’acupuncture, la monotraite estivale, et l’amélioration du confort.
• 7 plus spécifiquement pour le bien-être des humains : l’organisation du travail, l’amélioration de la communication sur la ferme, plus de confiance en soi, positiver.
De façon inattendue, elles ont cité aussi comme changement « se retrouver en groupe », « être écoutée », « être soutenue dans la confidentialité », « le groupe GIEE pour progresser ensemble et en confiance ».
Le parcours a aussi amené des changements de perception du bien-être animal : « Le bien-être animal est plus large que de bien le nourrir, le loger, le soigner », « ça va plus loin que la bientraitance », « se mettre à la place de l’animal ».
Le déroulement des formations sur leur ferme a facilité le transfert à d’autres membres du collectif de travail. Une évaluation multidimensionnelle de l’impact des solutions de bien-être animal sur le bien-être des éleveurs a été réalisée par une méthode développée par le LIT-Ouesterel. Elle montre combien les femmes et les fermes ont avancé sur le chemin du « one welfare ».
Convaincre et poursuivre
Elles ont communiqué sur leurs pratiques et leur parcours au travers d’articles de presse et lors d’événements tels que le Space. En 2024, un livret témoignage a été conçu pour accompagner un reportage photo à destination du grand public, support d’animation ou d’exposition dans différents sites du Morbihan, puis de Bretagne.
Côté web
Retrouvez le reportage photo
Elles souhaitent poursuivre l’aventure, au travers d’échanges avec d’autres groupes, et de moments de convivialité, de réflexion et d’actions au service du « one welfare » en élevage.
Améliorer ses conditions de travail et le bien-être des animaux conjointement est un beau challenge. À chacun de s’inspirer de leur expérience pour envisager ce qu’il peut en retirer. En groupe, c’est encore mieux.
Définition
- Bien-être : état agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l’esprit (Larousse).
- Bien-être animal : le bien-être d’un animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal (Anses, 2018)
Se former à l’écornage
Après avoir suivi la formation « Écorner facilement, efficacement et sans douleur », quatre participantes du groupe à la formation, qui n’écornaient jamais, se sont lancées. Elles prennent en charge l’ébourgeonnage des veaux avec anesthésie-analgésie pour plus de bien-être pour les veaux, pour leurs associés ou salariés qui étaient libérés de cette corvée et pour elles, contentes d’affirmer un nouveau savoir-faire sur cet atelier.