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Reproduction : le pouvoir des mâles

La chèvre a une reproduction saisonnée avec des mises bas ayant lieu naturellement en fin d’hiver. Cependant, des protocoles alliant la lumière ou la présence des boucs permettent de décaler les mises bas et la production de lait.

De nombreuses solutions existent pour la mise à la reproduction des chèvres. Naturellement, les chèvres sont en chaleurs d’octobre-novembre à février. Avant, en août-septembre, on parle d’avance de saison et, après, de mars à août, on est en contre-saison. Selon les protocoles, il est possible de mettre des chèvres à la reproduction avec de bons résultats toute l’année. Les protocoles peuvent se combiner pour améliorer les résultats mais attention aux interactions, si elles ont lieu dans le même bâtiment notamment.

 

 
Tableau des protocoles © Inra

 

La maîtrise de la reproduction du troupeau permet de piloter la saisonnalité de la production laitière. Ainsi, n’avoir qu’une période de mise bas en saison permet d’arrêter de traire en hiver. Par contre, il y a un pic de travail au moment des mises bas en février-mars et seul un quart du lait sera produit à l’automne quand le lait est davantage payé. Avoir la moitié du troupeau en saison et l’autre en contre-saison permet d’étaler le travail et d’avoir des revenus plus régulier. Autre solution, avoir ses mises bas en contre-saison avec un quart du troupeau en lactations longues allège le nombre de mises bas et permet d’espérer une part de lait d’automne encore plus importante.

 

 
Trois façons de produire du lait © GRC

 

Quoi qu’il en soit, avant de changer sa période de production, il est bon de prendre en compte les aspects d’organisation (lissage du travail, arrêt de la traite…), économiques (prix du lait, trésorerie…) et de capacités des bâtiments (bâtiment chevrette, stockage des fourrages, allotement). « Les modifications de conduite sont toujours risquées, prévient Lisa Johnson d’Evolution. Il est nécessaire d’anticiper la période de transition ».

« Vous pouvez vous faire accompagner par vos conseillers, recommande Fabrice Bidan de l’Institut de l’élevage. Un outil de prévision et de simulation existe. Il permet de planifier les solutions les plus adaptées à votre contexte d’élevage ».

Attention aux dérives dans les traitements lumineux

Les traitements photopériodiques rendent possible la reproduction en dehors de la saison sexuelle. Il importe toutefois de bien respecter les protocoles. « Nous observons des dérives dans la durée d’éclairement, observe Alice Fatet de l’Inra. Or, cela ne sert à rien de faire plus que 16 heures de lumières, c’est même contre-productif… ». La méthode des flashs lumineux, qui consiste en un éclairage nocturne d’une durée de deux heures et qui commence 16 heures après l’aube, doit inclure une période de noir complet pendant au moins deux heures. Attention alors aux lumières parasites et aux horaires de travail. « Il ne faut pas éclairer la chèvrerie en dehors des heures d’éclairage prévues sous peine de compromettre le traitement, que ce soit en jours courts comme en jours longs », recommande ainsi le Groupe reproduction caprine dans sa fiche technique. La transition des jours longs aux jours courts doit être soudaine. Une diminution progressive de la durée réduit l’efficacité du protocole.

Le traitement lumineux avec un minimum de 200 lux au niveau des yeux des animaux est appliqué aux femelles comme aux mâles. Pour que les animaux perçoivent un signal de jour long efficace (16 h), le traitement doit être appliqué pendant 90 jours consécutifs. Insémination ou pas, le traitement lumineux se programme en fonction de la date d’introduction des boucs dans le troupeau, qui pour un groupage maximum des chaleurs, doit se faire après 60 jours courts. L’insémination sur synchronisation hormonale pourra alors se placer entre 40 et 60 jours courts en fonction de l’étalement des mises bas souhaité. On planifie l’insémination à 40 jours courts si l’on souhaite introduire tous les boucs de saillie naturelle et de retours d’insémination en même temps à 60 jours courts, les mises bas d’IA arrivent alors avant les autres. Sinon, on planifie l’insémination après 60 jours courts, si on veut que les saillies se fassent en même temps que l’insémination et que toutes les mises bas soient groupées.

Aujourd’hui, la recherche travaille sur la mise en place de protocoles combinant traitement lumineux et effet mâle afin de proposer un moyen efficace pour déclencher et grouper les chaleurs des femelles quels que soient la saison et le mode de reproduction. Le recours à ces traitements photopériodiques et/ou à l’effet mâle apparaît comme une solution pour limiter l’utilisation d’hormones pour la synchronisation. Rappelons cependant que ces hormones restent peu utilisées puisque moins de 10 % du cheptel caprin est inséminé et que tous les élevages n’utilisent pas la synchronisation hormonale.

À chaque saison sa reproduction

L’astuce

Des luxmètres sur smartphone

Il existe une multitude d’applications luxmètres à télécharger sur smartphone. Elles permettent de mesurer la luminosité et la qualité de l’éclairage dans le bâtiment. La mesure se fait au niveau des yeux des animaux. Cela permet de vérifier objectivement si son installation ou si la lumière naturelle est capable d’apporter au moins 200 lux quelles que soient les conditions climatiques ou le niveau de propreté des lampes.

En savoir plus

Le Groupe reproduction caprine a mis en ligne une série de douze fiches dédiées à la gestion de la reproduction en élevage caprin.

idele.fr/rss/publication/idelesolr/recommends/reproduction-caprine.html

La journée Cap’Vert, le 26 septembre à Lusignan (Vienne), abordera la question de la préparation des boucs pour la reproduction. Ça va faire mâle !
Les coopératives d’inséminations ou les contrôles laitiers peuvent accompagner les éleveurs dans leurs réflexions et lors de la mise en application.
Aux dernières journées 3R, Maria-Teresa Pellicer-Rubio de l’Inra de Nouzilly détaillait les pistes pour une maîtrise de la reproduction sans hormones chez les petits ruminants.

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