Marché mondial
Quelle place pour l’orge française en Chine suite à l'annonce de taxes contre l'origine australienne ?
Les taxes chinoises contre les orges australiennes pourraient engendrer une hausse des volumes exportés chez le géant asiatique… mais pas seulement.
Les taxes chinoises contre les orges australiennes pourraient engendrer une hausse des volumes exportés chez le géant asiatique… mais pas seulement.
« L’action des Chinois contre l’offre australienne peut profondément affecter le marché des orges », estime, Jean-François Lepy, directeur de Soufflet Négoce, interrogé le 27 mai sur la mise en place de taxe douanières (taxe « antidumping » de 73,6 % et droit « anti-subvention » de 6,9 % en vigueur dès le 19 mai pour cinq ans) par la Chine envers les orges australiennes.
Que deviendront les volumes australiens ?
Si la Chine refuse les productions issues d'Australie, cette dernière ne restera certainement pas assise sur son tas pendant la campagne 2020/2021. D’autres pays asiatiques pourraient les acheter, entre autres. L'Australie pourrait ainsi venir chatouiller certaines parts de marché hexagonales… « L’Australie va switcher le marché. On peut s’attendre à un jeu de chaises musicales entre l’Ukraine et la France qui augmenteraient leur part de marché vers la Chine, au détriment de l’Australie qui pourrait de son côté écouler son orge vers l’Arabie saoudite et dans une moindre mesure vers l’Asie, notamment au Vietnam et en Thaïlande qui sont de nouveaux marchés », prévoit Hélène Duflot, analyste chez Stratégie Grains.
Et sur les marchés plus traditionnels de la France comme l’Afrique du Nord, un effet domino pourrait-il se produire, et se traduire par des livraisons d’orge russe ou ukrainienne sur cette zone ? La spécialiste n’y « croit pas trop ».
La stratégie des vendeurs chinois sera déterminante
La porte de l’industrie chinoise semble donc plus ouverte pour les volumes français. Reste à savoir pendant combien de temps et pour quel volume effectif. « Certes l’annonce initiale prévoit une durée de cinq ans mais des négociations sont déjà en cours entre la Chine et l’Australie pour sortir de cette crise », met en garde Jean-François Lepy.
Autre point clé, l’attitude des acheteurs chinois qui pourraient décider de baisser leur consommation d’orge fourragère au profit d’autres matières premières comme le maïs ou le sorgho, notamment en provenance des États-Unis pour la partie fourragère. Si la Chine venait à maintenir sa consommation d’orge importée et se trouvait vers l’origine française, « nous pourrions assister à un marché à deux vitesses comme nous avons pu le voir lors des campagnes 2014/2015 [2,166 Mt en Chine, dont 1,8 Mt fourragères selon France Export Céréales, ndlr] et surtout 2015/2016 [3,241 Mt dont 2,7 Mt fourragères, ndlr] », rappelle Jean-François Lepy.
Les opérateurs français pourraient donc s’implanter durablement sur le marché chinois et réitérer voir dépasser les volumes passés.
« Pour la partie orge de brasserie, l’Hexagone devrait augmenter son volume d’export d’orge de printemps car le surplus en orge brassicole d’hiver n’est pas attendu à un haut niveau cette année. Mais il s’annonce très lourd en orge de printemps. Donc en fonction du prix, on écoulera d’abord les productions d’hiver puis celles de printemps. Cela représente un changement, car le marché chinois était jusqu’ici plus tourné vers nos orges d’hiver » explique Hélène Duflot.
Dans La lettre de Chine n° 170, France Export Céréales rapporte que « la Chine augmentera la part des orges françaises, canadiennes à l’import ou achètera directement du malt sur le marché mondial, puis diversifiera les origines alternatives à l’approvisionnement d’orge (Royaume-Uni, Kazakhstan, Russie…) ». Et dès la prochaine campagne, la Chine pourrait « subventionner fortement la production d’orge pour résoudre en partie cette pénurie », conclut la lettre sur ce sujet.