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Prairies : Sept conseils pour maximiser les chances de réussite du sursemis

En Belgique, des sursemis répétés à petites doses sont préconisés pour booster la productivité des prairies. Le point avec David Knoden, conseiller Fourrages Mieux en Wallonie.

Il faut sursemer sur une végétation rase dès que les conditions météo sont de la partie. Ici, un semis d’entretien à moins de 10 kg/ha avec combiné.
Il faut sursemer sur une végétation rase dès que les conditions météo sont de la partie. Ici, un semis d’entretien à moins de 10 kg/ha avec combiné.
© D. Knoden

Le sursemis est bien connu en Belgique. « Les éleveurs l’utilisent très souvent car ils ont des objectifs très intensifs du fait du prix de la terre très élevé. Ils cherchent à produire le mieux possible au mètre carré », expliquait David Knoden, conseiller Fourrages Mieux en Wallonie lors des journées AFPF(1) les 23 et 24 mars.

Un sursemis d’entretien est préconisé pour maintenir la productivité des prairies (13-15 tMS visés en prairies temporaires de fauche ; 10 tMS en prairie permanente de fauche de qualité avec de fortes fluctuations). L’idée est de rajeunir la flore de manière plus ou moins régulière, avant que la prairie ne se dégrade trop fortement. Voici les recommandations en vigueur en Wallonie.

1 - Des sursemis d’entretien à petites doses

 

 
David Knoden. « C’est avec des sursemis à petites doses que l’on arrive à un résultat sur le long terme. Nous conseillons d’avoir toujours des semences à disposition à la ferme. »
David Knoden. « C’est avec des sursemis à petites doses que l’on arrive à un résultat sur le long terme. Nous conseillons d’avoir toujours des semences à disposition à la ferme. » © DR

 

« La technique fonctionne une fois sur deux », estime David Knoden. Pour limiter le risque d’échec, les conseillers belges recommandent de réaliser des « petits » sursemis répétés chaque fois que les conditions météo le permettent et que la prairie est au bon stade. « Sous notre climat, nous conseillons moins de 10 kg/ha de semences (par exemple 3 kg de TB et 7 kg de RGA). » Ces sursemis d’entretien se réalisent tous les deux à trois ans de manière plus ou moins systématique. Mais ils peuvent être plus rapprochés si le sursemis n’a pas fonctionné. Par exemple, quand un premier sursemis de printemps échoue, un second est réalisé l’année suivante en fin d’été. « Nous conseillons d’avoir toujours des semences à disposition à la ferme. »

2 - Des sursemis de réparation à 20-25 kg/ha

Après gros dégâts (sangliers, campagnols, etc.) ou après une sécheresse sévère, une dose de 20-25 kg/ha de semences reste préconisée. « La question à se poser est : est-ce que je fais un sursemis de réparation avec des résultats aléatoires ou est-ce que je rénove totalement ? La réponse est souvent difficile et on ne sait si on a bien choisi qu’après quelques mois ! » Le sursemis est moins coûteux : 200 €/ha avec 20 kg de semences (prix 2021) contre 400 à 500 €/ha pour un renouvellement complet de la prairie.

3 - Un minimum de 10 % de sol nu

La prairie doit être suffisamment dégradée avec un minimum de 10 % de sol nu. « En l’absence de « vides », il faut les créer », insiste David Knoden. Soit de façon mécanique : « Il est possible d’utiliser des herses avec des dents plus ou moins épaisses. Une équipe suisse a obtenu 17 tonnes de matière fraîche par hectare avec des dents de 7 mm et 40 tonnes avec des dents de 12 mm. » Soit de façon chimique, mais attention à la rémanence pour les légumineuses (avec les sulfonylurées).

4 - Travailler sur une végétation rase

Il faut intervenir sur une prairie rase : en sortie d’hiver avant le démarrage de la pousse de l’herbe, après une coupe ou à la suite d’un pâturage très sévère. En théorie, le sursemis est possible tout au long de la saison de pousse de l’herbe dès lors que le climat est favorable à la levée. « En Belgique, les éleveurs interviennent souvent en mars-avril à condition que la parcelle ne soit pas trop humide et le sol suffisamment réchauffé pour favoriser la germination des semences. En prairie permanente de fauche, ils interviennent également juste après la première coupe d’ensilage début ou mi-mai. Ils sursèment également en fin d’été dès le retour des pluies, idéalement avant la mi-septembre lors d’introduction de légumineuses car elles ont des besoins en lumière et en chaleur élevés, et jusqu’en octobre avec uniquement des graminées. »

5 - Pas de fertilisation azotée

Sursemis et fertilisation azotée ne font pas bon ménage. Il ne faut pas non plus fertiliser trop vite après le sursemis. « Le message a parfois du mal à passer auprès des éleveurs qui visent une productivité maximale. C’est pourtant essentiel pour ralentir la prairie en place et donner un maximum de lumière aux jeunes plantes. »

6 - Des espèces agressives

Les espèces sursemées doivent être suffisamment agressives. « Mais plus elles sont agressives, moins elles sont pérennes », rappelle David Knoden. Sur les prairies temporaires de fauche, les éleveurs belges utilisent du ray-grass d’Italie, du ray-grass hybride ou du trèfle violet, voire un trèfle annuel comme le trèfle d’Alexandrie quand la prairie arrive en dernière année. « Sur prairies permanentes, dans nos conditions belges, les seules espèces qui ont suffisamment d’agressivité sont les ray-grass anglais et les trèfles blancs, affirme-t-il. Mais sous d’autres climats – avec des prairies « paillasson » -, il peut être plus intéressant de sursemer d’autres espèces comme des dactyles, fétuque élevée, lotier, plantain, chicorée… »

Des essais variétaux d’agressivité au sursemis sont menés en Belgique. « Comme cet essai avec 45 variétés de RGA sursemées sur une parcelle implantée en fléole, et des cotations visuelles pendant un an et demi, explique-t-il. Ce sont souvent les tétraploïdes les plus favorables. Les variétés recommandées ont en moyenne une cotation de 109, contre 93 pour les autres RGA. » Cet essai montre également que la fétuque élevée, le dactyle et la fétuque des prés (respectivement notés 87, 85 et 82) ne sont pas assez agressifs.

7 - Rouler directement

La profondeur de travail recommandée est celle d’un semis classique : 1 cm à 1,5 cm. ll est très important de rouler immédiatement après le sursemis, peu importe que le rouleau soit lisse ou crénelé. « Le piétinement des animaux au pâturage, c’est encore mieux pour enfouir les graines dans le sol. » Enfin, un pâturage ou une fauche précoce sont vivement recommandés pour limiter au maximum la concurrence entre les plantes et les jeunes plantules.

Peu d’impact du matériel utilisé sur la réussite

 

 
Les petits sursemis répétés sont à faire avec le matériel de la ferme  (semoir à disques, à sabots, herse étrille…).
Les petits sursemis répétés sont à faire avec le matériel de la ferme (semoir à disques, à sabots, herse étrille…). © D. Knoden

 

« Plus que le matériel utilisé (semoir à disques, à sabots, herse étrille…), ce sont les conditions climatiques d’après sursemis qui font la réussite de la levée », affirme David Knoden. Les petits sursemis répétés sont à faire avec le matériel de la ferme. Soit avec du matériel de sursemis classique si l’on est équipé, soit avec un semoir type « Delimbe » monté sur un quad, voire à la main. « J’ai l’exemple d’un agriculteur qui prenait des semences dans un sac en allant chercher ses vaches pour la traite. Ou d’un sursemis réussi avec des semences mises dans le lisier. »

À savoir

]]> Si la prairie contient beaucoup de graminées très précoces (vulpin des prés, brome mou, houlque laineuse…), il est conseillé de sursemer en arrière-saison plutôt qu’au printemps pour une question de compétition.

]]> En cas de forte présence d’agrostis stolonifère (plus de 50 %) ou de pâturin, un resemis total est préférable.

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