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Prairies permanentes dégradées : du diagnostic à la rénovation

La question de rénover ses prairies permanentes pour reconstituer une bonne flore se pose de plus en plus. Mais avant de se lancer dans une méthode d’amélioration ou de rénovation, il faut identifier l’origine d’un tel état.

En fonction des éléments recueillis dans la phase de diagnostic, le choix pourra s'orienter vers une intervention douce et progressive (l'amélioration), vers une intervention intermédiaire (sursemis) ou vers une intervention plus radicale (la rénovation).
En fonction des éléments recueillis dans la phase de diagnostic, le choix pourra s'orienter vers une intervention douce et progressive (l'amélioration), vers une intervention intermédiaire (sursemis) ou vers une intervention plus radicale (la rénovation).
© Gaec du Centre

 

Avant de penser à améliorer ou rénover une prairie, il est essentiel de comprendre pourquoi elle ne répond pas ou plus à ses attentes : incidents climatiques ou mauvaises pratiques. Plusieurs causes sont responsables d’une dégradation de la prairie. Les identifier (surpâturage, sous-pâturage, piétinement, fertilisation mal raisonnée et mal répartie, absence de déprimage, sénescence, mauvaise activité du sol, flore mal adaptée, accidents naturels, négligences) puis les éliminer représentent la première piste vers une correction de la productivité d’une prairie. « Son mode d’exploitation a une importance primordiale pour son amélioration ou pour le maintien de sa qualité. Il est plus facile d’éviter une dégradation grâce à une bonne conduite de la prairie plutôt que de la récupérer par la suite », observe Bruno Osson de Semae.

La réalisation d’un diagnostic floristique est ensuite essentielle pour mettre en place une stratégie d’amélioration de la prairie. « L’outil Happy Grass, disponible gratuitement en ligne, permet une bonne identification des espèces », note Patrice Pierre, du service fourrages et pastoralisme de l’Institut de l’élevage, avant de poursuivre « un diagnostic permet de qualifier la qualité du fond prairial (graminées, légumineuses, diverses) et de relever la présence ou non d’espèces indicatrices (joncs, chardons, plantes à rosettes…). » L’ensemble de cette démarche amène à réfléchir à la manière dont est conduite la prairie et à l’origine d’un mauvais résultat. Ensuite, il est nécessaire de comprendre la place de la parcelle dans le système pour positionner le curseur. Dans certaines situations, il est possible de s’affranchir d’un sursemis ou d’une rénovation totale.

Trois états de dégradation

En fonction des éléments recueillis dans la phase de diagnostic, le choix pourra s’orienter vers une intervention douce et progressive (l’amélioration) ou vers une intervention plus radicale (la rénovation). Pour cela, on relève trois niveaux de dégradation de la qualité de la flore prairiale. Dans le premier niveau, la végétation est peu dégradée, les bonnes espèces sont toujours présentes et bien mélangées. Les légumineuses sont moins importantes mais le fond prairial reste de qualité et on n’a pas de mosaïques. Il est encore envisageable de jouer sur les pratiques pour faire vieillir la prairie. Ces méthodes sont peu coûteuses, modifient lentement l’équilibre de la prairie et la production fourragère.

Dans le second niveau de dégradation, on constate l’apparition de sols nus. On peut alors regarnir la prairie sans détruire la flore existante par le sursemis.

Dans le troisième niveau, la végétation est très dégradée, la prairie produit peu, les trous sont recolmatés par l’apparition de mauvais fourrages (capselle, paturin commun). La prairie perd alors en qualité, les plantes ne se mélangent plus, on n’a plus de mosaïques. Le ressemis (rénovation mécanique ou chimique) de la prairie s’impose pour la remettre en état ou améliorer la production fourragère. Cette voie plus coûteuse modifie fortement la prairie. Il faut s’assurer que l’amélioration envisagée répond à un déficit et correspond bien à l’évolution souhaitée du système.

Différents moyens d’amélioration

« Une fois la situation exacte de la prairie définie, on peut citer cinq améliorations par les pratiques, cumulables ou non », explique Bruno Osson. Il s’agit de faire le point sur la fertilité et le pH de la parcelle, d’introduire de la semence en sursemis ou en rénovation totale. D’adapter le mode d’exploitation (déprimage, pâturage tournant, respect des hauteurs d’herbe, alternance fauche/pâture, alternance des dates d’exploitation, réactivité d’exploitation face à l’instantané climatique). D’entretenir le couvert en fauchant les refus et en empêchant les plantes indésirables de se reproduire, en hersant et ébousant si besoin. Enfin, d’aménager le parcellaire pour mieux homogénéiser la fréquentation des animaux sur la surface.

Le sursemis représente quant à lui, une technique exigeante mais il permet de rallonger la durée de vie des prairies de façon économique par rapport à une rénovation totale.

Lorsque la prairie est trop dégradée, une rénovation est alors envisagée. « Des alternatives existent ou sont à l’essai pour s’affranchir de l’utilisation du glyphosate. On peut par exemple détruire une prairie en fin de printemps puis installer une crucifère ou un RGI. Et ensuite implanter la nouvelle prairie, sous couvert d’avoine ou d’orge de printemps. Autre pratique à citer, l’utilisation d’un mélange céréalier avec semis sous couvert d’une prairie (essai Reine Mathilde) immédiatement ou avec un délai d’un an. Dans ce cas, l’implantation de la prairie s’effectue sous couvert d’un second mélange de méteil. Le travail du sol à répétition représente une alternative. Cette technique n’est pas toujours facile à mettre en œuvre », remarque Patrice Pierre. Des travaux sont également en cours pour rénover sans labour.

Semer ou sursemer la ou les bonnes espèces

Avant même d’être semée, une prairie de qualité est avant tout caractérisée par le bon choix des espèces et des variétés qui la composent. « Les espèces doivent être adaptées aux conditions pédoclimatiques et aux objectifs de production et d’exploitation, prédisposées aussi à vivre en mélanges avec les autres espèces choisies. Il est important de faire rentrer l’élite génétique dans la flore prairiale comme un éleveur peut le faire dans son troupeau. Une fois les espèces sélectionnées, c’est le choix des variétés qui déterminera également les performances de la prairie et sa bonne adéquation avec les objectifs d’exploitation », souligne Bruno Osson, Semae. Des outils permettent d’accompagner l’éleveur dans ce choix des espèces (Gnis) et des variétés (herbe-book).

Raisonner la fertilisation et s’intéresser au pH

La fertilisation minérale et organique joue un rôle de premier plan dans la conduite de la prairie. D’une part, elle assure le niveau de production nécessaire pour l’alimentation du troupeau. D’autre part, elle joue sur la qualité de l’herbe et la composition floristique. Ce dernier point est essentiel pour les prairies permanentes. La fumure pouvant être utilisée comme technique d’amélioration de la prairie.

Aménagement parcellaire

L’aménagement parcellaire est un moyen, souvent sous – estimé, d’améliorer durablement les prairies et le confort de l’éleveur. Il a son importance pour éviter le piétinement : la taille des paddocks et leur disposition, la qualité des chemins, une entrée et une sortie pour chaque parcelle, des abris suffisants et dispersés pour limiter l’accumulation d’animaux sous le seul arbre de la parcelle, des abreuvements bien répartis sur zone stabilisée et à distance de l’entrée. Si drainer ou curer un fossé est nécessaire, il faut se renseigner auprès de la DDT sur les conditions règlementaires car le sujet est très réglementé.

Le saviez-vous

La phytoécologie des plantes présentes spontanément aide à comprendre une situation. C’est la somme des événements et circonstances qui vont déterminer les plantes dominantes dans la parcelle : on parle de plantes bio indicatrices.

Il y a cinq facteurs de phytoécologie : le type de sol par rapport à l’eau, la typologie de fertilité et le pH, la profondeur de fertilité, le mode d’exploitation et la climatologie.

 

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