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Pomme : à quoi ressemblent les nouvelles variétés proposées par les obtenteurs ?

Face à la réduction des solutions phytosanitaires, l’offre des pépiniéristes évolue vers des variétés plus résistantes ou tolérantes aux bioagresseurs.

De nouvelles variétés de pomme continuent à être proposées par les obtenteurs, comme Canopy (en haut à gauche), Tonik (en haut à droite), Inobi (en bas à gauche) et Lubee (en bas à droite).
© RFL

« Depuis quinze ans, de très nombreuses variétés de pomme ont été créées, sous forme de club ou sous forme libre, constate Thierry Ligonnière, directeur général de Dalival. Un gros changement a été la mise au point de variétés plus robustes face aux bioagresseurs. Un autre a été la recherche d’originalité, avec un marketing très développé et un niveau d’exigence élevé. » Pour répondre d’abord aux attentes des consommateurs et distributeurs, la pomme doit être de bel aspect, bien colorée, peu sensible aux manipulations, de texture agréable et bonne gustativement. Un taux de sucre élevé est également recherché.

 

 
Lubee (Gradilis)
Lubee (Gradilis) © V. Bargain

« Face aux attentes des consommateurs pour des pommes sucrées, le taux de sucre des variétés est passé de 10 à 12° Brix il y a dix ou vingt ans à 14 à 20° Brix aujourd’hui » constate Olivier Grard, directeur général de Gradilis. Les variétés doivent être aussi productives, peu sensibles à l’alternance et faciles à cultiver. Une tendance forte face à la réduction des solutions de protection disponibles et à la demande des consommateurs pour des pommes moins traitées, est la recherche de variétés résistantes ou tolérantes aux bioagresseurs. La résistance à la tavelure est devenue essentielle, avec aujourd’hui des variétés résistantes à plusieurs races du champignon. « La résistance tavelure est devenue incontournable, notamment en bio », estime Benoît Escande, gérant des pépinières Escande. Depuis 2020, Gradilis ne propose à peu près plus que des variétés résistantes à la tavelure.

Variétés multirésistantes

Et au-delà de la tavelure, les producteurs et obtenteurs recherchent aujourd’hui des résistances ou tolérances à d’autres pathogènes, en particulier aux pucerons et à d’autres champignons, notamment à l’oïdium ou encore au Colletotrichum, maladie en recrudescence affectant la pomme au verger et en conservation. Des variétés peu attractives pour le puceron cendré commencent à apparaître. « La recherche de variétés peu sensibles aux pucerons et à d’autres champignons comme le Colletotrichum avance toutefois moins vite qu’espéré », note Philippe Toulemonde, gérant des pépinières éponymes. Quelques pistes existent aussi sur l’adaptation au changement climatique avec des variétés qui demandent moins d’heures de froid, l’intégration de ce critère dans la sélection étant toutefois très lointaine.

 

 
Canopy (Dalival)
Canopy (Dalival) © Dalival

Aux attentes des producteurs pour des variétés plus robustes et plus performantes s’ajoutent celles des opérateurs pour des variétés différenciantes pouvant séduire les consommateurs et distributeurs. « Et il y a parfois un écart entre la demande du consommateur qui veut un fruit plaisir et les attentes des producteurs qui recherchent des variétés résistantes à tous les prédateurs », observe Philippe Toulemonde. En pommes jaunes et vertes, l’offre est relativement limitée : Golden et Granny Smith restent les variétés les plus cultivées, mais des opportunités existent encore pour de nouvelles variétés. Fin 2022, le groupe Innatis, avec l’obtenteur Gradilis, a ainsi lancé Lubee®, nouvelle variété de pomme jaune cultivée uniquement en bio, greffée sur le porte-greffe G41 avec la forme Ypsilon. Et en 2023, Dalival lance Canopy, variété de pomme verte au goût acidulé, mais plus croquant et fruité que celui de Granny Smith, résistante à la tavelure Rvi6, porteuse d’un gène de tolérance au puceron cendré et bon pollinisateur dans la plupart des situations.

 

 
Galy Inobi (Novadi)
Galy Inobi (Novadi) © RFL

Offre pléthorique en variétés bicolores

En pommes bicolores, l’offre de variétés est par contre pléthorique depuis quinze ans, avec aujourd’hui une soixantaine de variétés proposées par les pépiniéristes en France. Et beaucoup se demandent désormais s’il n’y en a pas trop. « La diversité de l’offre en pommes bicolores entraîne des problèmes de commercialisation, estime Benoît Escande. Il faut au minimum dix ans pour connaître une variété, savoir comment la cultiver et pénétrer le marché, alors que celui-ci est aujourd’hui saturé. Les distributeurs mettent toutes ces variétés en concurrence. Et comment expliquer au consommateur qu’une nouvelle variété bicolore est meilleure que les autres ? Seules les variétés ayant une forte notoriété ou des atouts agronomiques incontestables s’en sortent. Il y a beaucoup d’échecs. Le marché doit s’assainir. » Les pépinières Escande ont ainsi stoppé leurs programmes d’hybridation en pomme. « Nous cherchons aujourd’hui plutôt dans les variétés déjà installées sur le marché des mutants apportant des avantages en termes de précocité, calibre, couleur… », indique Benoît Escande.

Lubee et Tonik au Sival Innovation 2024

 

 
Tonik (Dalival)
Tonik (Dalival) © Dalival

Deux variétés de pomme sont candidates au concours Sival Innovation 2024 dans la catégorie Innovation variétale. L’une est Lubee®, des pépinières Gradilis, pomme jaune d’apparence « rustique », croquante, juteuse, avec un taux de sucre de 16 à 18° Brix, résistante à trois races de tavelure, peu attractive pour le puceron cendré et de bonne tolérance à l’oïdium. L’autre est Tonik, variété issue de la R & D IFO de Dalival. Tonik est une pomme bicolore tardive de bon calibre, avec une coloration rouge-rosée lumineuse. Son goût équilibré combine un fort taux de sucre (15° Brix en moyenne) et un bon niveau d’acidité. La variété est peu sensible à la tavelure et présente une tolérance génétique au feu bactérien. Les fruits peuvent être stockés plus de six mois en froid normal sans maladie.

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