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Donner aux jeunes l’envie de devenir « vétos ruraux »

Le nombre de vétérinaires ruraux baisse dangereusement. Inciter les jeunes à envisager cette profession et surtout à s’orienter vers l’activité rurale ou mixte va devenir une nécessité pour ne pas dire une urgence !

Les étudiants vétérinaires issus du milieu rural sont de moins en moins nombreux.
Les étudiants vétérinaires issus du milieu rural sont de moins en moins nombreux.
© Reussir SA _ archives

La fonte du nombre de vétérinaires ruraux n’est pas encore similaire à celle des médecins généralistes pratiquant dans ces mêmes zones rurales, mais elle en prend clairement le chemin. Cette réalité a été rappelée à l’occasion d’une conférence organisée par VetAgro Sup dans le cadre du Sommet de l’élevage. Comment conserver une densité de vétérinaires suffisante dans les zones d’élevage, et en particulier celles où sont élevées les principales espèces d’herbivores ?

Tout passionnant qu’il soit, le métier semble clairement manquer d’attractivité auprès des jeunes vétérinaires. Lesquels sont souvent plus attirés par la « canine » en exerçant cette activité dans les zones urbaines. Les zones rurales souffrent également de l’habituel défaut d’attractivité de la part des jeunes diplômés qui, comme bien d’autres catégories socioprofessionnelles à haut niveau d’étude, conçoivent souvent difficilement de vivre ailleurs que dans les grands centres urbains.

Il y a également la problématique des gardes et des horaires compliqués. L’avis du conjoint est lourd de conséquences. Dans un couple, le choix de vivre à la campagne ou dans de petites villes se fait à deux et certaines vocations de vétérinaires ruraux sont parfois contrariées par une conjointe ou un conjoint qui ne conçoit pas de vivre ailleurs que dans une grande ville.

Plus de temps passé sur les routes

« En Haute-Loire, il y a beaucoup d’élevages bovins (laitiers et allaitants) et ovins avec encore une belle densité de vétérinaires à l’activité mixte rurale et canine, mais on commence à voir des évolutions. On fait davantage de kilomètres et on passe davantage de temps sur les routes. On a du mal à étoffer nos équipes alors que la charge de travail s’accroît », expliquait Cyrille Le Fur, vétérinaire dans ce département. « On est aussi confronté à la problématique d’arrêts d’activité anticipée de certains de nos confrères », ajoutait Éric Février, vétérinaire dans le Cantal.

« Vous avez un rôle d’accompagnement pour inciter les jeunes à s’orienter vers le métier de vétérinaire rural. Mais il faut bien prendre en compte que les jeunes issus du milieu rural sont de moins en moins nombreux. Un nombre croissant d’entre eux connaît mal voire très mal ce milieu, ce qui ne les incite pas forcément à envisager d’exercer à la campagne. Pourtant il est impératif de susciter de nouvelles vocations », insistait Raymond Vial, président de la chambre d’agriculture de la Loire et conseiller régional délégué à la forêt pour la région Aura à l’attention des vétérinaires participant à cette conférence au Sommet de l’élevage.

Et ce dernier de relativiser l’isolement selon les départements. « Un cabinet vétérinaire dans les zones rurales de Savoie est le plus souvent proche de grandes agglomérations. C’est beaucoup moins vrai sur le plateau ardéchois », ajoutait l’élu ligérien.

VetAgro Sup accompagne de jeunes étudiants vétos vers la rurale

VetAgro Sup travaille dans trois directions : attirer les étudiants vers le monde rural, les attirer vers certains territoires moins couverts que d’autres, et les attirer vers la rurale de façon la plus pérenne possible.

Pour familiariser les futurs vétérinaires avec la pratique de la rurale, VetAgro Sup a depuis quelques années instauré le dispositif Terre d’accueil : un stage que les étudiants de première année doivent réaliser auprès d’un réseau d’éleveurs volontaires prescrits par les cliniques vétérinaires du secteur.

Ce stage de première année est souvent décisif, en particulier pour les jeunes qui ont grandi dans des zones urbaines et ont de ce fait souvent des connaissances assez limitées du fonctionnement d’un élevage et de ses réalités économiques. Ce stage vise donc à y remédier et à les familiariser avec les différents organismes ou structures qui accompagnent les éleveurs dans leur travail au quotidien (GDS, inséminateur, pareur…).

« Il est indispensable de donner une bonne image de notre activité tout en démontrant à ces jeunes que l’on peut vivre très agréablement dans nos territoires ruraux qui ne sont pas exempts d’accès à la culture, tout en permettant de pratiquer différents loisirs. Il faut le faire savoir », soulignait Bertrand Roumégous vétérinaire dans l’Allier.

Et d’ajouter : « ce qui m’a attiré dans mon métier, ce n’est pas tant les animaux que l’envie de rendre service sur un territoire situé dans une zone d’élevage comme le font aussi d’autres professions comme les garagistes ou les épiciers ».

Le tutorat en dernière année d’études vétérinaires

De l’aveu de certains participants, aucune occasion ne doit être négligée pour sensibiliser les jeunes à l’intérêt du métier de véto rural. « Même les 'stagiaires de troisième' ne sont pas à négliger. C’est souvent à l’adolescence que s’éveillent certaines vocations », soulignait Éric Février.

Lors de cette conférence au Sommet de l’élevage, une des étudiantes de VetAgro Sup a témoigné de tout l’intérêt qu’elle avait trouvé au tutorat qui est une des possibilités offertes aux étudiants lors de leur dernière année de cursus. Elle lui a permis de réaliser 18 semaines réparties en trois périodes dans un cabinet à clientèle mixte canine et rurale, en alternance avec des périodes de formation à l’école. Une expérience très appréciée.

« Ceci m’a permis de gagner en autonomie tout en apprenant beaucoup au contact des vétérinaires du cabinet, et en particulier au cours des visites sur le terrain dans les élevages. C’est également très formateur pour mieux appréhender le fonctionnement d’un cabinet, le fonctionnement des gardes de nuit et des week-ends. »

Cette plongée dans le grand bain est aussi une bonne façon pour les vétérinaires praticiens de repérer d’éventuels nouveaux collaborateurs. Et la jeune vétérinaire d’expliquer que sur sa promotion de 160 étudiants, une petite cinquantaine n’excluaient pas de venir travailler auprès d’une clientèle rurale ou mixte. « Si 30 % des effectifs d’une promotion envisagent de faire de la rurale c’est très bien. Mais il faut le concrétiser ! », soulignait Éric Février.

L’inquiétante pyramide des âges des vétérinaires ruraux

Une enquête conduite par la Direction régionale de l’agriculture de l’alimentation et la forêt auprès de 285 cabinets vétérinaires de la région Aura désignés vétérinaires sanitaires n’est pas vraiment rassurante. Sur les 134 cabinets qui ont répondu, 31 seront fermés d’ici cinq ans ou auront cessé d’exercer sur les animaux dits « de rente ».

Autre constat inquiétant, c’est dans les cabinets exerçant l’essentiel de leur activité auprès d’une clientèle rurale que l’on trouve la plus forte proportion de vétérinaires âgés de plus de 55 ans et sur les 79 départs de personnel projetés d’ici cinq ans, 39 ne feraient pas l’objet d’un remplacement.

17 % des vétérinaires inscrits exercent en rurale

D’après l’atlas démographique du Conseil national de l’ordre des vétérinaires, 20 197 vétérinaires étaient inscrits au tableau de l’ordre au 31 décembre dernier. Les femmes représentent aujourd’hui 57,1 % des vétérinaires inscrits et 73,9 % ont moins de 40 ans. La médecine et la chirurgie des animaux de compagnie sont exercées de manière exclusive ou prédominante par 70,9 % des vétérinaires en 2021 (+ 1,1 %/2020). Les vétérinaires qui déclarent une activité animaux de rente continuent de reculer sensiblement en 2021 (- 0,8 %) et représentent 17,3 % des vétérinaires inscrits.

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