Nutrition animale : « une perte de 1 à 1,2 millions de tonnes en 2022 » liée à la grippe aviaire notamment.
Réélu pour 2 ans à la tête du Snia qu’il préside depuis 2015, François Cholat insiste sur la résilience des fabricants d’aliments pour animaux dans un contexte chahuté entre l’explosion des cours des matières premières (+95% en deux ans), l’épizootie d’influenza aviaire et le risque de décapitalisation dans les élevages.
Réélu pour 2 ans à la tête du Snia qu’il préside depuis 2015, François Cholat insiste sur la résilience des fabricants d’aliments pour animaux dans un contexte chahuté entre l’explosion des cours des matières premières (+95% en deux ans), l’épizootie d’influenza aviaire et le risque de décapitalisation dans les élevages.
Plusieurs usines d’aliments spécialisées en aviculture sont à l’arrêt dans le grand ouest même si elles devraient redémarrer. L’influenza aviaire en effet frappé fort, notamment dans l’ouest des Pays de la Loire. Cet épisode violent dont les répercussions ne sont pas encore totalement connues, sera à l’origine des deux tiers de la baisse de 1 à 1,2 Mt de la fabrication d’aliments pour animaux anticipée par les syndicats de la nutrition animale, dont le SNIA.
Ce dernier tenait son AG à Metz les 19 et 20 mai. François Cholat qui vient d’y être réélu président pour deux ans, estime que l’année pourrait se terminer à -4 voire -5% en tonnages, le premier trimestre s’étant déjà terminé à -6%. « L’influenza aviaire est la cause principale de la baisse mais pour un bon tiers, ce sont la décapitalisation des élevages de porcs et de ruminants ainsi que la difficulté de renouvellement des générations d’éleveurs qui sont impliquées ».
Pour autant, les adhérents du syndicat « ne baissent pas les bras », estime le président. Ils ont notamment profité de leur AG pour travailler sur l’impact de la future PAC sur les élevages et l’évolution de leurs besoins. « Cela pourrait se traduire par de moindres volumes, mais par plus d’accompagnement », résume François Cholat.
Déjà deux ans de sueurs froides
L’inquiétude immédiate porte évidemment sur les matières premières. « Nous avons frisé à plusieurs reprises les ruptures, mais nos acheteurs ont trouvé des ressources même si les prix sont extrêmement élevés ». Ainsi, le panier moyen des matières premières a augmenté de 95% en 24 mois. La guerre en Ukraine rajoute des tensions, surtout sur le segment non OGM. « Nous avons moins de tournesol même si des bateaux arrivent par la Roumanie. Mais la demande en non OGM est également à la baisse et ca devrait passer », constate le fabricant. Dans le contexte général de hausse des prix, plusieurs entreprises détentrices de cahiers des charges pour une alimentation des animaux d’élevage sans OGM ont en effet abandonné au profit de matières premières non déforestantes. « Cela peut mettre en péril tout le segment puisqu’une moindre demande entraîne une moindre production », alerte François Cholat.
Forte inquiétude sur le Bio
Autre motif d’inquiétude peut être encore plus importante, le Bio. « Compte tenue de l’augmentation des couts de production, l’écart d’intérêt avec le conventionnel n’est plus suffisant pour les éleveurs. Sans compter la difficulté à trouver des matières premières bio », pointe-t-il. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Snia soutient la proposition de la Commission européenne d’autoriser des dérogations pour les matières premières les plus sous tension, comme le font déjà nos voisins allemands, belges et néerlandais. Autre inquiétude, le manque de fibres avec des disponibilités très faibles en pulpes de betterave et en luzerne déshydratée. La tension est accentuée par la concurrence avec d’autres usages comme les méthaniseurs.
« La continuité de la production d’aliments et la résilience des fabricants d’aliments reposent sur la disponibilité des matières premières et des additifs », résume François Cholat. L’AG de Metz a également été l’occasion de diffuser le guide méthodologique pour la mise en œuvre de la RSE en nutrition animale que le Snia réserve pour l’instant à ses adhérents.