Nutrition animale : des commandes erratiques au premier semestre 2020
Chaque semaine diffère de la précédente sur les demandes d’aliments pour animaux, hors des filières organisées. Certains segments (canards, pintades...) souffrent; d’autres (porc et pondeuses) se portent plutôt bien.
Chaque semaine diffère de la précédente sur les demandes d’aliments pour animaux, hors des filières organisées. Certains segments (canards, pintades...) souffrent; d’autres (porc et pondeuses) se portent plutôt bien.
Le premier semestre a, au total, frôlé les -1,5 % en production d’aliments complets pour animaux en France, un moindre mal face à la situation sanitaire et économique. Le secteur, au cœur de la crise du Covid-19, a montré sa capacité à tenir. Les estimations pour l’année 2020 s’affichaient à -4 % en volume. Mais cet été, les structures professionnelles tempèrent un peu ce pessimisme car les productions se maintiennent dans les grandes lignes, même si la tendance sera incontestablement négative. Certains segments sont sinistrés comme le canard à rôtir et, dans une moindre mesure, le canard gras, le cheval, la caille et la pintade, qui tous affichent des retraits entre -8 et -10 %, voire pire, depuis janvier.Dans les points positifs, le porc progresse durant le premier semestre comme la pondeuse. Le premier est porté par les problèmes sanitaires à l’international et la seconde par la poussée de la demande en œufs par des consommateurs qui se remettent en cuisine. La dinde se redresse, même si elle reste fragile : « la production d’aliments pour dindes affiche +4 %, mais le segment de la dinde de reproduction, qui dessine l’avenir, décroche », souligne Stéphane Radet, délégué général du Snia. La dinde de reproduction semble stopper cette chute cet été: à confirmer. Du côté des bovins, la baisse est tempérée. « Les aliments pour bovins sont à -1,57 % sur le premier semestre hors mash et à -1,96 % avec les mash. Il semble surtout que le marché des mash se régularise après un très bon premier semestre 2019. Ils avaient gagné 11 % », estime Valérie Bris, directrice adjointe de La Coopération agricole Nutrition animale.
Un second semestre décisif
Tout se jouera au second semestre sous l’effet de trois facteurs: la sécheresse, le poids des stocks de viande, la dynamique de la relance. La sécheresse a un effet court terme. Soit les éleveurs auront la trésorerie pour acheter des intrants, soit ils décapitaliseront. Elle aura aussi un effet sur les stocks fourragers dont le maïs, tant en volume qu’en qualité. Second facteur: des stocks de viande ont été constitués durant le confinement et il reste difficile d’anticiper leur poids sur la production. Enfin, la consommation. Les incertitudes sont toujours grandes. Les filières sauront-elles capitaliser sur l’image «locale» qu’elles ont su mettre en avant au printemps? Quels seront les effets réels du plan de relance et de la stratégie Protéine? « La nutrition animale est citée nommément dans deux des axes du plan de relance: dans l’agroalimentaire et dans les intrants nécessaires à l’industrie », se félicite Stéphane Radet. Le secteur est également reconnu au niveau européen comme apporteur de solutions à l’élevage : « Dans le cadre de la stratégie Farm to Fork, l’UE reconnaît l’importance de préserver des moyens de production, accompagnés de services et d’autres aménités positives pour répondre aux enjeux du changement climatique, de la décarbonation, de la déforestation… », ajoute Valérie Bris.