Normes sanitaires : « Les LMR peuvent avoir un impact économique néfaste sur les exportations sud-américaines »
Les exportateurs de grains d’Argentine sont en alerte face au durcissement de la réglementation européenne relatives aux Limites maximales de résidus (LMR). Enquête à Buenos Aires.
Les exportateurs de grains d’Argentine sont en alerte face au durcissement de la réglementation européenne relatives aux Limites maximales de résidus (LMR). Enquête à Buenos Aires.

Le niveau toujours plus bas des Limites maximales de résidus (LMR) de produits phytosanitaires tolérés par l’Union européenne dans les grains importés de pays tiers met les organismes stockeurs et les exportateurs d’Argentine sur le qui-vive.
« Une carence proche de 0 % de produits pourtant autorisés, ça n’existe pas », lâche en off un cadre de Casafe, l’association argentine des fabricants de produits phytosanitaires. « Nous en sommes rendus à des LMR de 0,01 % appliquées sur presque toutes les molécules. C’est impossible à garantir. On est dans le domaine de l’infime, car ces paramètres sont établis en fonction de la capacité des appareils de détection, sans cesse plus performants… Ce sujet à controverse doit être traité au plus tôt », a-t-il dit au salon Expoagro, tenu à la mi-mars à San Nicolás, arrondissement de la province de Buenos Aires (Argentine).
Eviter le rejet de cargaisons aux portes de l'Union européenne
Lors de ce salon de machinisme agricole a eu lieu une conférence de presse conjointe des quatre présidents des interfilières argentines du blé, du maïs, du tournesol et du soja. Que pensent-ils des LMR européennes : leur semblent-elles abusives ou bien justifiées au niveau de la santé ? Des cargaisons de grains d’origine sud-américain ont-elles été déboutées des ports européens pour ce motif ?
« Oui, par le passé, des envois de grains du Paraguay et du Brésil ont été refoulés aux douanes européennes pour cause de non conformité aux normes liées aux LMR », a répondu Rodolfo Rossi, le président de l’interfilière du soja (ACsoja). Au-delà des critères et des méthodes d’évaluation retenues, la décision d’interdire un produit peut avoir en Amérique du Sud un impact économique néfaste.
« La filière états-unienne du soja demande actuellement le retrait de deux molécules de la liste des produits limités ou interdits par l’Union européenne. »
« Au Brésil, par exemple, les agriculteurs se sont vus privés - suite à une décision de l’Union européenne relatif aux LMR - de leurs principaux moyens de lutte contre la rouille du soja ! Un report de six mois de la décision avait été obtenu par les Brésiliens, mais il s’agit là d’un cas parmi d’autres », rapporte l’expert. La filière états-unienne du soja demande actuellement le retrait de deux molécules de la liste des produits limités ou interdits par l’Union européenne », poursuit-il.
« Les LMR fixées à un niveau indétectable sont vécues par les professionnels comme une mesure protectionniste non tarifaire. »
Pour le président de l’interfilière argentine du maïs, Federico Zerboni : « ces LMR fixées à un niveau indétectable sont vécues par les professionnels comme une mesure protectionniste non tarifaire. Nous sommes très inquiets vis-à-vis de l’inclusion de nouveaux produits dans la dernière ronde de l’accord de Rotterdam ».
« Le secteur privé, en Argentine, peut vite et facilement s’adapter aux normes de l’Union européenne les plus strictes. »
Armando Casalins, l’expert de la Fédération argentine des stockeurs de céréales, se montre, lui, optimiste. « Le secteur privé, en Argentine, peut vite et facilement s’adapter aux normes de l’Union européenne les plus strictes. En décembre dernier, par exemple, l’utilisation du malathion en maïs a été interdit pour répondre aux exigences du Vietnam. De même pour l’insecticide DDVP. Tout est négociable. Tout est faisable. Il existe d’ailleurs des molécules de substitutions au DDVP, au pirimiphos-méthyl ou au deltaméthrine, comme la phosphine qui s’utilise depuis des décennies en stockage des grains », informe-t-il.