Engrais azotés : toujours du retard dans les achats des agriculteurs
La situation sur le marché des engrais reste tendue avec des prix très élevés, des agriculteurs attentistes et un risque d’embouteillage pour s’approvisionner au printemps.
La situation sur le marché des engrais reste tendue avec des prix très élevés, des agriculteurs attentistes et un risque d’embouteillage pour s’approvisionner au printemps.
L’Union nationale des industriels de la fertilisation (Unifa) a fait un point sur la campagne actuelle de livraisons d'engrais et a dévoilé les chiffres de la campagne 2021-2022 lors d’une conférence de presse le 8 novembre. Le retard de 20 % dans le taux de couverture en engrais azotés des agriculteurs observé en septembre 2022 par rapport à une campagne classique est toujours d’actualité en novembre. « Les agriculteurs restent attentistes au regard des prix actuels des engrais », constate Florence Nys, déléguée générale de l’Unifa.
Les prix restent aussi élevés que la campagne précédente mais la responsable décrit une situation différente en raison du ralentissement de la production européenne. « Même s’il n’y a pas de pénurie, cela va être plus complexe au niveau logistique pour assurer l’approvisionnement au printemps, considère la responsable. C’est pourquoi il important d’avoir un étalement des achats ».
Les sites français opérationnels
À date, les sites français de production d’engrais azotés (ammonitrates) fonctionnent normalement indique l’Unifa. « Ils sont situés près des ports et peuvent importer directement de l’ammoniac, notamment des États-Unis », avance Florence Nys. Ce qui leur permet de ne pas subir la hausse du prix du gaz nécessaire à la production d’ammoniac.
Recul de la consommation d’engrais
L’Unifa a ensuite présenté les statistiques de livraisons d’engrais au cours de la campagne 2021-2022. 10,8 millions de tonnes (Mt) d’engrais ont été livrées en France, soit un recul de 5 % par rapport à 2020-2021. L’envolée du prix des engrais, liée à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique, explique les arbitrages faits par les agriculteurs. La baisse est particulièrement marquée pour les engrais de fonds et les engrais composés.
Dans le détail, la baisse est de 11,9 % pour les engrais phosphatés (P) simples, de 15,4 % pour les engrais potassiques (K) et magnésiens (Mg) simples, de 10,7 % pour les engrais composés PK, et de 18,6 % pour les engrais composés NP, NK, NPK et organo-minéraux. Les livraisons d’engrais azotés (N) simples reculent de 2,7 %. Seuls les amendements minéraux basiques progressent de 1,8 %.
La baisse du prix des engrais n’étant pas encore à l’ordre du jour, le recul des livraisons constaté sur la campagne 2021-2022 devrait se poursuivre en 2022-2023.
Les fabricants d’engrais pourraient bénéficier
du pacte de décarbonation
Emmanuel Macron a proposé le 8 novembre un pacte de décarbonation aux industriels les plus émetteurs de CO2 en France. Parmi eux figurent notamment les fabricants d’engrais Yara et Borealis, importants consommateurs de gaz pour obtenir de l’ammoniac nécessaire à la fabrication d’engrais. Le Président de la République a annoncé le doublement de l’aide publique à la décarbonation à 10 milliards d’euros en échange d’un doublement des efforts des industriels en matière de réduction des émissions de CO2. Selon l’Unifa, les fabricants d’engrais sont déjà engagés dans une stratégie de décarbonation. Le développement du procédé de catalyse chez les fabricants a permis de diminuer de 50 % les émissions de CO2 liées à la fabrication d’engrais et d’autres technologies sont aujourd’hui à l’étude pour poursuivre cette tendance (hydrolyse de l’eau, captation du carbone).