Nappes phréatiques : « Nous avons perdu 2 à 3 semaines de recharge avec le changement climatique »
Violaine Bault, hydrogéologue et coordinatrice nationale du bulletin de situation des nappes phréatiques au BRGM, Bureau de recherche géologique et minière, nous en dit plus sur le mécanisme de recharge de nappes et sur les effets du réchauffement climatique.
Violaine Bault, hydrogéologue et coordinatrice nationale du bulletin de situation des nappes phréatiques au BRGM, Bureau de recherche géologique et minière, nous en dit plus sur le mécanisme de recharge de nappes et sur les effets du réchauffement climatique.

Sur quelle période se réalise la recharge des nappes phréatiques ?
Violaine Bault : La recharge des nappes phréatiques s’effectue préférentiellement en automne et en hiver, avec une végétation peu active qui prélève peu d’eau, des températures basses limitant l’évaporation, des précipitations généralement abondantes… Cette période de recharge est très dépendante des conditions de l’année, ces deux dernières ayant été favorable à une recharge longue.
Le changement climatique a-t-il un impact sur la recharge des nappes phréatiques ?
V. B. : Avec le changement climatique, les températures augmentent et la végétation reste active beaucoup plus longtemps, jusqu’à début novembre par exemple pour les arbres. Auparavant, les premières pluies de septembre rechargeaient les nappes. Maintenant, il faut attendre courant octobre pour voir les nappes commencer à se recharger avec les pluies. Au printemps, l’impact des modifications du climat est moins visible sur les nappes, même avec une végétation se réveillant plus tôt. En moyenne, depuis dix ans, nous avons mesuré une perte de deux à trois semaines de durée de recharge des nappes.
Quels sont les facteurs agissant sur la recharge des nappes phréatiques ?
V. B. : En ce qui concerne l’intensité de la pluie, pour une bonne recharge des nappes phréatiques, il est préférable d’avoir une petite pluie qu’une pluie trop violente avec des gouttes qui rebondissent sur le sol plutôt que de s’infiltrer. L’état d’humidité du sol influe sur l’infiltration : un sol sec ou trop humide absorbe moins l’eau et la restitue moins aux nappes. La compaction du sol est défavorable également à cette infiltration. La végétation active a besoin de beaucoup d’eau et limite la recharge des nappes, d’autant plus si les températures sont élevées et s’il y a ensoleillement. Le type de roche a également un effet : en cas de couche argileuse par exemple, un ruissellement sera favorisé au détriment d’une infiltration. Le drainage d’une parcelle a un impact négatif sur la recharge de nappes mais, même s'il est utile pour limiter l’engorgement en eau du sol à cause de nappes d’eau très proches de la surface.