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Véhicules remorqués
Traction optimisée avec les ponts moteurs

Animer un ou plusieurs essieux d’un véhicule remorqué améliore la motricité, réduit le besoin de puissance et limite le tassement.

Encore peu répandue dans le monde agricole dans l’Hexagone, l’assistance à la traction présente pourtant de nombreux intérêts. Celle-ci consiste à animer par le tracteur le véhicule remorqué, afin de gagner en motricité dans les pentes et/ou en conditions particulièrement humides. " Des essais ont montré qu’une roue non motorisée génère une résistance au déplacement équivalente à 20 % de la charge d’une remorque », explique François Allain, en charge du développement des marchés spécifiques chez le constructeur d’essieu Monroc.

Pendant des années, les ponts moteurs à transmission mécanique ont dominé ce marché, notamment sur les bennes de travaux publics. Le principe est simple, le tracteur entraîne directement, via la prise de force proportionnelle à l’avancement, le premier essieu de la benne. Si son rendement énergétique est très bon, cette construction possède plusieurs limites. Il faut bien sûr que le tracteur soit équipé d’une prise de force proportionnelle à l’avancement. L’essieu est volumineux et lèse la garde au sol et la charge utile. Lorsque les conditions d’adhérence sont moins bonnes pour le tracteur que pour le véhicule remorqué, le convoi peut se mettre en portefeuille. « De plus, le pont assisté mécaniquement est spécialement configuré pour un tracteur donné (rapport de transmission) et une monte de pneumatiques donnée, si l’on veut que la vitesse périphérique des roues soit identique sur les deux véhicules. Cette spécificité rend d’autant plus difficile l’homologation routière de ces véhicules tractés », confie François Solek, responsable export chez Joskin.

Des solutions hydrauliques performantes

Alternative à la mécanique, l’animation hydraulique ou hydromécanique des essieux permet de faire varier la vitesse du pont moteur sans avoir de prise de force proportionnelle à l’avancement. En tout hydraulique, c’est le débit du distributeur du tracteur qui gère la vitesse de rotation de l’essieu motorisé. En modulant le débit, le conducteur fait varier la traction du véhicule remorqué.

Les premières générations d’assistance hydromécanique reprennent un entraînement par la prise de force d’une pompe à débit variable, animant à son tour un pont moteur mécanique. Si elles compensent l’absence de prise de force proportionnelle et peuvent être activées en marche arrière, elles présentent les principaux inconvénients des versions tout mécaniques, avec un rendement de transmission moins bon, lié à l’hydraulique.

Depuis, plusieurs spécialistes, dont Poclain Hydraulics et Black Bruin, proposent des moteurs hydrauliques intégrés dans les roues. L’augmentation du poids global de la machine reste contenue, tandis que la garde au sol n’est pas impactée. En outre, ces moteurs sont compatibles avec un essieu directeur et/ou à voie variable. Sur certaines machines, la pompe animée par la prise de force du tracteur est directement bridée sur le tracteur ce qui dispense de cardan et permet de braquer très court.

Certes, l’hydraulique n’offre pas le meilleur rendement. Mais, implanter un système de traction à l’endroit où se situe la charge principale optimise l’adhérence, améliore la traction du convoi et génère une économie de carburant. "Des tests réalisés avec un tracteur de 350 chevaux et une remorque de 30 tonnes équipée de notre solution "On demand drive" codéveloppée avec Black Bruin montrent une économie de carburant de 15 %", explique François Allain. Au final, les besoins en puissance sont moindres.

Des avantages agronomiques et économiques

De plus, l’utilisation d’un pont moteur sur l’outil remorqué réduit le patinage et l’orniérage : le débit de chantier s’en trouve ainsi augmenté. Le pont moteur permet également d’intervenir dans des conditions qui ne seraient plus envisageables sans cet équipement. L’outil tracté peut ainsi être rentabilisé sur un plus grand nombre d’hectares. Autre atout agronomique, l’assistance à la traction peut réduire les besoins de puissance du tracteur et son lestage. Un tracteur plus léger et moins lesté peut effectuer la même tâche, limitant ainsi la compaction des sols.

Dans les dévers, les moteurs de roue appuient les roues directrices dans la compensation du glissement latéral, notamment en conditions un peu fraîches : " le pulvérisateur retrouve plus rapidement les traces de roues du tracteur et écrase moins de culture", explique Pierre-Marie Verbeke, directeur commercial d’Hardi-Evrard, à propos de l’appareil traînés Météor 6x6. "Si on rattrape plus facilement les glissements en dévers, l’arracheuse de pommes de terre reste bien alignée, ce qui limite la quantité de terre avalée et maintient les performances de la machine", poursuit Sébastien Dillies, chargé de communication pour Ropa.

De même, dans les descentes, ces moteurs hydrauliques tendent à freiner, évitant au convoi de se retrouver en portefeuille.

Le prix (15 000 à 30 000 euros selon la puissance de traction) reste le principal frein aujourd’hui au développement de ces solutions d’assistance. Il faut pourtant mettre en face les gains générés, comme un tracteur moins puissant pour tirer ces outils, le débit de chantier accru, ainsi qu’une plage d’utilisation plus importante au cours de l’année, qui permettent d’amortir le matériel sur un plus grand nombre d’hectares. Pour la récolte de pommes de terre, Sébastien Dillies ose jusqu’à mettre sur un pied d’égalité un ensemble tracteur-arracheuse traînée avec moteurs hydrauliques et une automotrice deux rangs dont le coût est 50 000 à 100 000 euros plus élevé.

La fée électrique pour demain

Les constructeurs de véhicules tractés travaillent désormais sur des solutions électriques pour animer un ou plusieurs ponts. La solution en test par Fliegl développe 110 chevaux et n’attend plus qu’une normalisation de la technique de production d’électricité par le tracteur. En collaboration avec John Deere, la solution de Joskin consiste à générer et à stocker de l’électricité par la prise de force avant du tracteur, pour l’utiliser (jusqu’à 160 chevaux) lorsque nécessaire. L’emploi de l’électricité procure un rendement bien meilleur que l’hydraulique.

L.V.

 

Train roulant : prévenir plutôt que guérir

Avant d’employer des solutions d’assistance, les constructeurs doivent réfléchir à la conception globale du train roulant. La position de la flèche et de sa suspension impacte le transfert de charge sur le tracteur et donc son efficacité. De même, une course trop faible de la suspension du premier essieu du véhicule tracté, transfère tout le poids sur cet essieu et déleste l’arrière du tracteur. Les suspensions hydrauliques permettent bien souvent de mieux répartir les charges sur les essieux.

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