Demeter Énergies – « Nous séchons le grain avec la chaleur de la méthanisation »
Le Gaec Biraud-Paillat a investi dans une cellule sécheuse à céréales pour exploiter une partie de la chaleur émise par le cogénérateur de l’installation de biogaz.
Le Gaec Biraud-Paillat a investi dans une cellule sécheuse à céréales pour exploiter une partie de la chaleur émise par le cogénérateur de l’installation de biogaz.
« Comme notre unité de méthanisation fonctionne en cogénération, 40 % de l’énergie produite est valorisée en électricité (500 kWe), explique Vanessa Baudrier-Paillat, responsable d’exploitation de Demeter Énergies, à Prin-Deyrançon, dans les Deux-Sèvres. Le reste, c’est de la chaleur. Une petite partie de cette chaleur sert à chauffer à 43 °C le méthaniseur (condition optimale pour le processus biologique de méthanisation). L’un des gros défis du projet a été de trouver des consommateurs pour valoriser au maximum la chaleur produite par le cogénérateur. Le séchage des cultures en était un pour la saison automnale. » Demeter Énergies a ainsi investi dans une cellule sécheuse Sukup (vendue par Agriconsult) d’une capacité de 180 tonnes. Juxtaposée, une seconde cellule de même capacité sert de réservoir tampon. Le séchoir est alimenté en grains par une vis de 100 tonnes/heure de capacité. L’air chaud, soufflé dans le fond de la cellule, provient du séchoir à balles de fourrage situé juste à côté. « Celui-ci valorise la chaleur au printemps, confie David Paillat, l’un des associés du Gaec Biraud-Paillat, actionnaire majoritaire de Demeter Énergies. Plusieurs éleveurs viennent y finir de sécher leurs bottes de foin et en apprécient la qualité du fourrage produit. Nous avons simplement mis en place une dérivation de l’air chaud vers le séchoir à céréales. » Les cultures du Gaec représentent une minorité du volume traité par la cellule sécheuse. Demeter Énergies y accueille également des récoltes pour Vendée Sèvres Négoce (VSN, filiale de la Cavac). « Comme on y passe des petits volumes comparativement à ceux séchés dans les silos de VSN, ce sont principalement des cultures de niche (maïs et tournesol bio, maïs popcorn, semoulier, cultures à valeur ajoutée, etc.) qui y sont séchées, explique Vanessa Baudrier-Paillat. Cela simplifie la logistique pour VSN et permet d’alimenter continuellement notre séchoir. »
Des températures douces respectueuses des récoltes
Tout le contrôle du processus de séchage est géré par David Paillat : il surveille l’évolution du séchage en mesurant toutes les 6-7 heures l’humidité à l’aide d’un humidimètre professionnel en des endroits précis de la cellule. « C’est un savoir-faire qu’il faut acquérir, reconnaît-il. Au début, je me suis fait surprendre par l’inertie thermique. Une fois, j’ai arrêté le séchoir à un taux d’humidité de 16 %, ce qui était mon objectif, mais le maïs a continué à descendre en humidité en refroidissant jusqu’à 12 %. Il faut donc anticiper l’arrêt. » Outre la vérification de l’humidité, une pesée à l’entrée et à la sortie des récoltes permet un contrôle de cohérence en plus de la transaction commerciale.
Comparativement à certains séchoirs à grains fonctionnant à l'aide d’un brûleur à fioul ou à gaz, les températures plus douces (50-60 °C) demandent un temps de séchage plus important (entre un et trois jours). Elles se révèlent plus respectueuses des récoltes sensibles, un atout sur lequel capitalise Demeter Énergies. Il faut compter deux heures et demie pour vider la cellule sécheuse et remplir la cellule tampon. Le nettoyage facile permet de passer aisément d’une récolte en bio à une conventionnelle et inversement.
Prêt pour des étés pluvieux
Environ 2 000 tonnes ont été séchées au cours de l’automne 2020. Le séchage est facturé sur la même base que celui des coopératives locales, ce qui permet de rentabiliser les 220 000 euros d’investissement pour les deux séchoirs à foin et à céréales (80 000 euros pour le premier, 110 000 euros pour le second, auxquels se rajoutent les frais de raccordement et le réseau de chaleur entre le digesteur et les séchoirs). « Seuls, les agriculteurs partenaires, ceux qui nous alimentent en effluents d’élevage, bénéficient d’un tarif avantageux (-25 %) », ajoute Vanessa Baudrier-Paillat. Le séchage du foin est quant à lui facturé 40 euros de la tonne. « Au rythme actuel, nous devrions avoir notre retour sur investissement au bout de six campagnes », résume la responsable d’exploitation.
Pour cette moisson estivale délicate, le séchoir était préparé pour intervenir en juillet. « Mais la coopérative a accepté des blés plus humides cette année, ce qui nous a permis de nous passer du séchoir », explique David Paillat. À court ou moyen terme, l’agriculteur réfléchit à exploiter la troisième sortie du séchoir à foin pour y connecter des caissons sécheurs. « Si les volumes traités à chaque cycle sont moins importants, cette solution présente l’avantage de réduire de manière drastique la manutention. »
La piscine, les écoles et la mairie chauffées par Demeter Énergies
Opérationnelle depuis décembre 2018, la société Demeter Énergies produit du biogaz à partir d’effluents d’exploitations agricoles (18 000 t, dont 13 000 de fumier et 5 000 de lisier, auxquels s’ajoutent 1 000 t de cultures intermédiaires et 1 000 t d’issues de céréales) valorisé en cogénération. Elle est détenue majoritairement par le Gaec Biraud-Paillat. Le site de Demeter Énergies est situé à deux kilomètres du centre de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres). « Il est implanté au centre des douze exploitations qui nous fournissent en effluents d’élevage », souligne Vanessa Baudrier-Paillat. En plus des deux séchoirs, Demeter Énergies chauffe la piscine de la commune voisine pendant les six mois les plus chauds, ainsi que les écoles, le collège, la mairie, la salle de fêtes et l’espace socioculturel pendant les mois les plus froids.
En chiffres
Gaec Biraud-Paillat
3 associés : David Paillat, Vincent Paillat, son frère et Bernard Biraud, un voisin
420 ha dont 320 ha de Scop et 100 ha pour les fourrages des 130 vaches laitières
Demeter Énergies
Six actionnaires : Gaec Biraud-Paillat (48 %), Vanessa Baudrier-Paillat (8 %), les agriculteurs apporteurs d’effluents (4 %), Sergies (20 %), Terra Lacta (10 %) et Vendée Sèvres Négoce (10 %)
Entre 1 000 et 2 000 t de grains séchés par an