L'irrigation au goutte-à-goutte expérimentée sur culture de chou à choucroute
Pour assurer les besoins en eau du chou à choucroute, Planète Légumes expérimente l’intérêt de l’irrigation par goutte-à-goutte avec des premiers résultats encourageants sur la vitesse de recouvrement et le rendement final.
Pour assurer les besoins en eau du chou à choucroute, Planète Légumes expérimente l’intérêt de l’irrigation par goutte-à-goutte avec des premiers résultats encourageants sur la vitesse de recouvrement et le rendement final.
Implanté à partir de mi-avril, le chou à choucroute nécessite des besoins en irrigation compris entre 380 et 500 mm d’eau en fonction de la précocité de production. Or ces dernières années, les données météorologiques à fin août témoignent d’une baisse régulière des précipitations de mai à août, passant de 445 mm à 230 mm de mi-avril. « De plus, on observe actuellement en Alsace une augmentation des ETP, Evapotranspirations potentielles, que l’on peut rattacher aux changements climatiques », explique Anaïs Claudel de Planète Légumes. Ainsi, avec un coefficient cultural (Kc) compris entre 0,4 et 1,1 (en fonction du stade de la culture), les besoins en eau du chou à choucroute en 2019 s’élevaient à 200 mm pour le mois de juillet (entre 35 et 48 mm par semaine) pour une pluviométrie relevée de seulement 24 mm. « L’irrigation est donc désormais incontournable pour cette production », mentionne la spécialiste.
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Même si les systèmes d’irrigation actuellement utilisés par les producteurs sont composés en grande majorité d’enrouleurs, Planète Légumes a réalisé un essai afin d’évaluer l’intérêt d’une irrigation par goutte-à-goutte sur la culture du chou à choucroute. Celui-ci a permis de comparer des rangs irrigués en goutte-à-goutte, des rangs irrigués par et selon la pratique producteur (enrouleur) et des rangs non irrigués. Avec l’irrigation au goutte-à-goutte, 150 à 172 mm d’eau ont été apportés au total grâce à neuf irrigations localisées avec des temps d’irrigation de 4 et 6 heures et des volumes d’eau compris entre 14,8 et 24 mm de mi-juin à fin août. En parallèle, le producteur a réalisé quatre tours d’eau avec l’enrouleur le 4, 11 et 30 juillet ainsi que le 11 août sur le reste de la parcelle (entre 30 et 45 mm apportés par tour d’eau).
Des observations ont été effectuées du 25 juin au 16 juillet pour évaluer de façon hebdomadaire le pourcentage de recouvrement de l’inter-rang par la culture. « Le déclenchement précoce de l’irrigation avec le goutte-à-goutte dès le mois de juin, soit trois semaines avant la première irrigation dans la pratique producteur, a engendré un développement végétatif du chou plus important et plus rapide », commente Anaïs Claudel dans la synthèse de l’essai. En effet, au 25 juin, le recouvrement inter-rang des rangs de Novoton irrigués au goutte-à-goutte est supérieur de 32 % en comparaison à la pratique producteur. « Suite à l’irrigation du 4 juillet par le producteur, on observe une augmentation rapide du recouvrement de quasiment 10 points, traduisant un à-coup végétatif de la culture. Les apports réguliers et précoces avec le goutte-à-goutte ont permis un recouvrement plus rapide de l’inter-rang », précise-t-elle (voir graphique ci-dessous).
De l’eau disponible pour la plante
Une différence de couleur est également relevée aux différentes dates d’observation. En effet, la partie irriguée au goutte-à-goutte présente une couleur plus foncée et plus bleutée. Cette différence de cinétique de croissance de la plante en fonction des fréquences d’irrigation a également engendré une pommaison plus précoce dans la partie irriguée au goutte-à-goutte. Une estimation visuelle du stade de développement de la pomme dans les différentes modalités a été réalisée le 25 juin, le 4 et le 7 juillet. « On constate ainsi une différence de pommaison dès le mois de juin puisque les pommes irriguées au goutte-à-goutte ont atteint 30 % de leur taille finale tandis que les pommes de la pratique producteur débutent seulement leur pommaison », relève la spécialiste.
Par la suite, les relevés enregistrés par les sondes tensiométriques du 29 juin au 3 août ont également permis de suivre la disponibilité en eau pour la plante selon les modes d’irrigation. « Avec les irrigations régulières prodiguées par le goutte-à-goutte, les valeurs n’atteignent jamais les 200 centibars, correspondant à un sol desséché, et sont au maximum de 150 centibars environ », explique Anaïs Claudel. Les différents apports ou précipitations supérieurs à 10 mm sont aussi facilement visualisables, après chaque irrigation car la valeur retombe à zéro. L’eau du sol reste disponible pour la plante. Dans la pratique producteur où les irrigations sont moins fréquentes, les 200 centibars sont atteints aux alentours du 22 juillet. Malgré une irrigation au 30 juillet et les pluies du 3 août, la pression reste supérieure ou aux alentours des 200 centibars jusqu’au 5 août, l’eau du sol ne semble donc pas disponible. Enfin dans le témoin non irrigué, le sol semble complètement desséché dès la première quinzaine du mois de juillet. Les précipitations du 15 juillet et du 3 août permettent de faire baisser la pression de façon très succincte.
Un gain de poids par tête
Matériel utilisé lors de l’expérimentation
Enrouleur : tube en polyéthylène, buse de diamètre 26, 4,5 à 5 bars en sortie, soit un débit de 50 à 55 m3/h
Goutte-à-goutte : goutteur turbulent (T tape) gaine de 16 mm, espacement de 30 cm, débit 250 l/100 m.
L’enrouleur et le goutte-à-goutte sont alimentés par une pompe de surface.