" Les chèvres en lactations longues sont bien choisies et bien gérées "
Au Gaec La Lande, 30 % des chèvres sont en lactation longue. Une conduite qui présente de nombreux avantages et fonctionne grâce au choix très précis des chèvres gardées en lactation longue.
Au Gaec La Lande, 30 % des chèvres sont en lactation longue. Une conduite qui présente de nombreux avantages et fonctionne grâce au choix très précis des chèvres gardées en lactation longue.
Depuis 2014, le Gaec La Lande a en moyenne 30 % de ses chèvres en lactation longue. Situé à Exoudun, dans les Deux-Sèvres, le Gaec exploite 180 ha, 530 chèvres Saanen produisant en moyenne 1 070 kg de lait par an et 40 vaches allaitantes. Le lait est livré à Lactalis et environ 350 chevreaux par an sont engraissés sur l’exploitation pour une vente à Pâques. « Jusqu’en 2013, les lactations longues étaient uniquement des lactations longues subies, explique Valérie Foucher, associée avec son mari Dominique. Les chèvres vides que nous ne voulions pas réformer étaient laissées en lactation longue. Mais en 2013, nous nous sommes retrouvés avec seulement 60 chèvres à traire ! Cela impliquait de mettre en route la salle de traite, de la nettoyer, de faire collecter le lait… pour un volume de lait limité. » En 2014, avec l’arrivée des boucles électroniques et le passage de l’élevage au contrôle laitier officiel, les éleveurs décident donc de faire davantage de lactations longues. « Toutes les mises bas sont regroupées sur une courte période, du 20 février au 10 mars, précise Valérie Foucher. Faire plus de lactations longues permettait aussi d’avoir moins de mises bas et donc moins de problèmes de main-d’œuvre, ainsi que moins de risques sanitaires, avec un lait payé plus cher en hiver et de meilleurs taux. »
Un choix basé sur les données du contrôle laitier
Les chèvres étant logées dans trois bâtiments de 200 places, en lots de 50, le choix a été fait d’avoir environ 200 chèvres en lactation longue pour remplir un des bâtiments. « Cela permet d’avoir une conduite spécifique pour les lactations longues, explique Valérie Foucher. Et comme ce bâtiment est séparé des deux autres par la salle de traite, les boucs que nous mettons avec les autres chèvres sont assez éloignés des lactations longues et ne sont donc pas tentés de venir les saillir. Il y a moins de problèmes. Et pour faciliter la traite, nous essayons aussi d’avoir 100 chèvres qui soient habituées à monter sur le quai de droite de la salle de traite et 100 qui soient habituées à monter sur le quai de gauche. » Au-delà de ce critère pratique, les chèvres gardées en lactation longues sont choisies avec soin d’après les données du contrôle laitier et avec le technicien de Terrena Aliments. « Le premier critère est la productivité, explique Valérie Foucher. Il faut que la courbe se maintienne et que la production soit supérieure à 3 kg de lait par jour début septembre. Le deuxième critère est le statut cellulaire. Nous évitons de mettre des chèvres gravement infectées et privilégions les chèvres avec les comptages les plus faibles à ce stade, souvent inférieurs à 1 500 000 cellules par millilitre ».
Les vieilles chèvres, de plus de six ans, sont également gardées en lactation longue. « Cela permet de limiter les risques aux mises bas. Si elles restent saines et que la production se maintient, elles peuvent rester trois à quatre ans en lactation longue. La production diminue en hiver, mais elle peut remonter à plus de 4 kg par jour au printemps. C’est d’ailleurs au printemps que nous choisissons de garder ou non une chèvre en lactation longue. » Les chèvres longues à traire sont également sélectionnées, pour éviter de garder ce caractère dans la descendance. Enfin, les meilleures chèvres ne sont jamais gardées en lactation longue, mais toujours mises à la reproduction pour assurer le renouvellement et la vente de reproducteurs. « Nous avons besoin de 180 chevrettes par an pour le renouvellement et en vendons chaque année 50. Nous nous basons sur l’ICC pour sélectionner les meilleures chèvres pour la reproduction. »
Une ration moins riche en énergie
Chaque année, environ 200 chèvres sont ainsi triées pour rester en lactation longue. « Et dans le lot, il y a parfois des primipares, précise Valérie Foucher. Nous les gardons un an en lactation longue, puis nous les remettons à la reproduction. » La conduite des chèvres en lactation longue est différente de celle du reste du troupeau. « À chaque passage du contrôle laitier, sept fois par an, nous regardons l’état corporel des chèvres et leur production pour adapter la ration. Comme elles puisent peu dans leurs réserves, les chèvres en lactation longue s’engraissent facilement et nécessitent une ration moins riche en énergie. » Au final, le Gaec arrive à maintenir un bon niveau de production. « Le pic des lactations longues est en moyenne de 3,9 l/j, contre 4,1-4,2 l/j pour les lactations classiques. Elles n’ont pas plus de cellules ni de problèmes sanitaires. Et les taux sont supérieurs en hiver. » Au final, le Gaec arrive ainsi à produire 30 % de son lait en hiver. « Comme le lait d’hiver est payé plus cher et que les taux sont meilleurs, nous le valorisons en moyenne à 850 €/1000 l, soit 150 € de plus que le lait d’été. Économiquement, les lactations longues sont donc intéressantes. Il faut aussi moins de personnel pour les mises bas, un point important car il est difficile de trouver de la main-d’œuvre compétente pour seulement deux à trois semaines. Enfin, cela fait moins de chevreaux à gérer et nous pouvons nous concentrer sur les chevrettes. » En contrepartie, les éleveurs doivent continuer à traire toute l’année. « Sans le contrôle laitier, nous ne pratiquerions pas la lactation longue au-delà des 5 % de chèvres vides que nous avons en moyenne chaque année, souligne Valérie Foucher. Le choix des chèvres à garder est essentiel. Il faut aussi bien suivre l’état corporel des chèvres et adapter la ration. Dans notre cas, 30 % de chèvres en lactation longue sont un bon niveau puisqu’il correspond à un bâtiment. »
Véronique Bargain
80 % de la ration des chèvres en lactation classique
Au pic de lactation, les chèvres en lactation longue reçoivent 1,5 kg d’ensilage de maïs, 1 kg de luzerne (foin et Rumiluz), 200 g de maïs grain et 1,1 kg de concentré, au lieu de 1,3 kg de concentré pour les chèvres en lactation classique.