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Législatives 2024 : quelles promesses sur les principaux enjeux en grandes cultures ?

Que disent les programmes des principaux partis politiques en lice pour les législatives 2024 sur les grands sujets qui concernent les producteurs de grandes cultures ? Sur la PAC, l'utilisation des phytosanitaires, l’eau, les prix… la victoire des uns ou des autres aura des impacts importants.

Pivot dans parcelle de colza.
La gestion de l'eau et notamment de son stockage fait partie des sujets clivants entre les différents partis en lice aux législatives.
© MC. Bidault

Les différents partis qui concourent pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet n'ont pas tous détaillé leur projet agricole. Que ce soit pour le Nouveau Front Populaire (NFP), pour Ensemble pour la République,  le Rassemblement National (RN) ou Les Républicains (LR), il faut suivre les prises de parole, savoir lire entre les lignes et se remémorer la campagne des Européennes, pour décrypter leurs positions.      

Que disent les candidats sur les phytosanitaires pour ces législatives 2024 ?

Sous la bannière Ensemble pour la République, les partis de la majorité présidentielle disent vouloir continuer « à réduire l’usage des pesticides de 50 % d’ici 2030, après avoir réduit l’usage les plus dangereux de 98 % depuis 2017 ». Sur ce thème, le gouvernement avait annoncé un texte pour l’été 2024 sur la séparation de la vente et du conseil des pesticides, ainsi que son soutien à une proposition de loi réautorisant l’épandage par drones. Très investi sur la question, le NPF souhaite lui « rétablir le plan Ecophyto, interdire le glyphosate et les néonicotinoïdes avec un accompagnement financier des paysans concernés ». Il veut aussi « soutenir la filière du bio et l’agroécologie ». 

Pour connaitre la position de LR, il faut se référer à la « lettre aux agriculteurs », rédigée par l’ex-député de l’Aisne Julien Dive, tête de file agricole du groupe LR à l’Assemblée. Il propose notamment de « réautoriser en France certains produits utilisés en Europe, comme l’acétamipride ». Le RN n’aborde pas la question des pesticides dans son programme pour les législatives mais lors de la campagne des Européennes, le parti disait vouloir en finir avec la stratégie européenne « De la Ferme à la Fourchette », qui vise notamment à réduire de 50 % l’utilisation de pesticides d’ici à 2030.  Sur son site internet, le RN précise dans son projet pour l’agriculture : « Pas d’interdiction de produits phytosanitaires existants sans alternatives efficaces ».

Ces législatives abordent-elles le sujet de l'eau en agriculture ?

Seul le NFP pointe ouvertement le sujet en souhaitant un moratoire sur les mégabassines et « des règles précises de partage de l’eau sur l’ensemble des activités ». Le programme du RN n’aborde pas la question de l’eau, mais dans le projet général du parti pour l’agriculture, il est écrit qu’il souhaite « faciliter le stockage de l’eau », avec « la création de réserves d’eau et la mise en place de systèmes d’irrigation adaptés aux enjeux environnementaux ». En début d’année, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau avait affiché sa volonté d’accélérer les constructions de réserves d’eau en présentant un fonds de 20 millions d’euros destiné à améliorer le stockage et l’efficacité de l’irrigation. Le gouvernement indiquait que les cent projets déjà existants verraient leurs travaux finalisés. Il souhaitait aussi simplifier et réduire les délais de recours contre les ouvrages de stockage d’eau.

​​​​​​Quelles sont les positions des différents partis sur la PAC ?

Le NFP propose « une réforme de la PAC » sans précision supplémentaire. Pour les élections européennes, La France Insoumise (LFI) souhaitait cibler les aides PAC sur les pratiques agroenvironnementales et sur des productions de plus en plus concernées par des importations nettes comme les fruits et légumes, la viande bovine, les volailles. LFI voulait aussi orienter les subventions vers les aides à l’actif agricole. Le programme d'Ensemble pour la République n’aborde pas la question de la PAC mais lors de la conférence « L’agriculture dans la campagne des Européennes » organisée le 28 mai par le Cevipof, le groupe Réussir et le CAF, Jérémy Decerle, député du parti présidentiel, militait pour remettre la définition de l’agriculteur actif sur la table au niveau européen. « Il faut garder un système d’aide à l’hectare mais le point de départ doit être l’actif ».

Pas non plus de ligne spécifique sur la PAC pour le RN, mais lors de la présentation de son programme ce 24 juin, Jordan Bardella a annoncé vouloir « mettre fin à la déraison réglementaire » de la part de l’Union européenne. Le parti proposait, pendant la campagne des européennes, de nationaliser et de simplifier les modalités d’attribution des aides de la PAC. « Nos agriculteurs doivent vivre de leur travail, de leurs prix, on pourra orienter les aides de la PAC vers la modernisation, l’agrandissement », expliquait Gilles Pennelle, président du groupe RN au conseil régional de Bretagne et directeur général du parti. Pour LR, il faut se référer également aux Européennes, où le parti de droite proposait d’augmenter le budget de la PAC et de le reprioriser avec plus d’aides à l’hectare qu’à l’actif sur le premier pilier et plus de fonds consacrés à la recherche et à l’innovation notamment sur les NBT (nouvelles technologies d’amélioration végétale).

Quelles garanties sont données aux agriculteurs sur les prix ?

Le 14 juin dernier, en visite dans une ferme du Loiret, Jordan Bardella a parlé de « l’instauration de prix garantis pour les agriculteurs, qui seraient décidés lors de négociations commerciales annuelles entre la grande distribution et les producteurs ». En cas de désaccord, l’État « pourrait intervenir et fixer lui-même le prix ». Lors de sa conférence de presse du 24 juin, le leader du RN a souhaité un « grand plan manger français », avec l’incitation d’utiliser des produits français dans les cantines et la mise en place d’étiquettes mentionnant l'origine des produits vendus en supermarché. Le parti réclame aussi un moratoire sur les accords de libre-échange. LR, par la voix de Julien Dive veut redonner aux agriculteurs « la maîtrise des prix en les indexant sur les coûts de production ».

Ensemble pour la République, indique vouloir mettre en place « des prix rémunérateurs pour les agriculteurs. Cela favorisera une alimentation de qualité payée au juste prix grâce à des prix planchers par filière. Ils entreront en vigueur à partir de 2025 ». Les prix ne sont pas spécifiquement évoqués dans le programme du NPF, mais lors de la conférence du 28 mai, Aurélie Trouvé parlait en ces termes pour LFI : « On est pour une loi Egalim 4 plus forte ». « Pour faire la transition écologique, il faut des prix rémunérateurs et une visibilité pluriannuelle ». Le NPF demande par ailleurs d’annuler l’accord économique et commercial entre le Canada et l’Union européenne (CETA) et de renoncer à l’accord du Mercosur. Il souhaite interdire l’importation de toute production agricole ne « respectant pas nos normes sociales et environnementales ».

Quel est le programme des candidats concernant l’énergie ?

Le NPF propose d’annuler la hausse programmée du prix du gaz (+ 11,7 % le 1er juillet) et de bloquer les prix de l’énergie. Du côté présidentiel, Gabriel Attal a confirmé une baisse des factures d’électricité de 15 % « dès l’hiver prochain », ce qui représentera pour chaque Français, « 200 euros de moins » sur leur facture. Le RN promet lui une baisse drastique, grâce à la fixation d’un prix français de l’énergie basé uniquement sur la production tricolore qui permettrait de faire baisser les factures de 30 % à 40 %. Le président du RN a dévoilé plusieurs mesures de son programme économique dont « la réduction de la TVA sur les énergies et le carburant de 20 % à 5,5 % », qu’il entend mettre en œuvre dès son éventuelle prise de fonction comme Premier ministre. LR dit lui vouloir « supprimer les taxes sur l’électricité qui financent les éoliennes ».

Comment est traitée la question de l’installation agricole dans ces législatives ?

Parmi les cinq mesures du programme du NPF figure le point « Lutter contre l’accaparement des terres et permettre à chaque agriculteur qui souhaite s’installer, d’accéder à une exploitation pour préserver le modèle agricole familial ». Le RN veut lui « Installer une nouvelle génération d’agriculteurs ». Lors de la conférence du 28 mai, Céline Imart, N°2 de la liste pour les Européennes, indiquait : « LR propose au niveau national un choc de compétitivité avec une politique fiscale incitative à la transmission » et un allègement des impôts et taxes « pour redonner envie aux agriculteurs de s’installer ». Ensemble pour la République ne parle pas d’installation mais indique dans son programme vouloir revaloriser « les retraites des agriculteurs, comme nous nous y étions engagés. Toutes les pensions liquidées à compter du 1er janvier 2026 prendront en compte les 25 meilleures années de revenus de la carrière des agriculteurs ». « Concrètement, cela représentera un gain de 100 € par mois pour près de la moitié des futurs retraités agricoles afin de leur garantir une retraite digne ».

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