Le revenu en grandes cultures expliqué en 3 graphiques
Privilégiés, les producteurs de grandes cultures ? L'étude des chiffres montre que leurs revenus se situent plutôt en-dessous de la moyenne de l'ensemble des exploitations françaises depuis 5 ans. Explications en graphiques.
Privilégiés, les producteurs de grandes cultures ? L'étude des chiffres montre que leurs revenus se situent plutôt en-dessous de la moyenne de l'ensemble des exploitations françaises depuis 5 ans. Explications en graphiques.
Huit dernières années très peu rémunératrices en céréales et oléoprotéagineux
« Pour 2020, nous prévoyons que près de la moitié des exploitations en céréales et oléo-protéagineux pourraient dégager un RCAI négatif, annonce Valérie Leveau, responsable de l’équipe Economie et stratégie d’exploitation chez Arvalis. Entre 2017 et 2019, il y avait entre 50 et 60 % de ces exploitations dont le RCAI dégageait moins d’un Smic. Le produit hors aide en euros courants de 2020 serait supérieur à celui de la période 2002-2006 en euros courants, mais avec moins d’aides et plus de charges. En 2020, 80 % des exploitations céréalières risquent de dégager moins d’un Smic par unité de travail non salarié. »
Un résultat courant en céréales et oléoprotéagineux sous la moyenne des autres secteurs depuis 2013
« Mais, depuis 2013, le RCAI rapporté à l’unité de travail (UTANS, voir lexique ci-dessous) de l’Otex 15 est équivalent ou inférieur à la moyenne des autres catégories », souligne Valérie Leveau, chez Arvalis.
L’Otex 16 (grandes cultures avec cultures spécialisées comme la betterave ou la pomme de terre) continue à faire mieux, mais la situation va être beaucoup plus compliquée pour cette catégorie avec la récolte 2020.
Des charges à l'hectare qui redescendent plus lentement que la valeur de la production depuis 2012 en grandes cultures
En euros courants, les charges moyennes (en incluant les cotisations sociales de l’exploitant, mais pas la rémunération de la main-d’œuvre familiale) sont passées de 1 000 euros/hectare en 2006 à 1245 euros/hectare en 2018. Après avoir atteint un sommet en 2013 (1500 €/ha), elles ont amorcé une légère décrue, « mais plus lentement que celle de la production, et ce phénomène est aggravé par l’érosion des aides », analyse Vincent Chatellier.
Entre 2006 et 2018, les aides directes (premier et deuxième pilier) ont en effet glissé en moyenne de 368 euros/hectare à moins de 250 euros/hectare chez les scopeurs. Rapporté à l’échelle de l’exploitation, les fermes céréalières ont touché 31 000 euros d’aides en moyenne en 2018, un niveau similaire à la moyenne toutes Otex confondues (29 000 €). C’est 10 000 euros de moins qu’au début des années 2000.
LEXIQUE
Rica : le Réseau d’information comptable agricole est un outil statistique construit pour être représentatif des exploitations agricoles en France et dans l’UE.
Otex 15 : il s’agit de la catégorie regroupant les exploitations spécialisées en céréales et oléoprotéagineux (52 300 exploitations en France avec une SAU moyenne de 126 ha).
Otex 16 : exploitations spécialisées en grandes cultures (céréales avec aussi d’autres cultures telles que les betteraves et/ou les pommes de terre…). Les 19 300 exploitations ont une SAU moyenne de 121 ha.
RCAI : le résultat courant avant impôts. C’est l’indicateur le plus classiquement utilisé pour évoquer les revenus en agriculture. Il provient de l’activité courante de l’entreprise, en tenant compte de son cycle de financement, soit la somme des produits dont sont déduites les charges opérationnelles et de structures, les dotations aux amortissements et les frais financiers. Ce revenu sert à alimenter les prélèvements privés. Les cotisations sociales des exploitants non salariés ne sont pas déduites du RCAI.
UTANS : unité de travail non salarié. Un exploitant travaillant à mi-temps sera comptabilisé comme 0,5 UTANS.