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Le marcottage des plants de concombre est économiquement viable

Le marcottage des plants de concombre s'avère rentable et peut être optimisé. C’est ce que montrent des essais du CTIFL de Carquefou et du Comité départemental de développement maraîcher de Loire-Atlantique (CDDM).

Il n’y a pas eu de différence entre les deux techniques de marcottage.
Il n’y a pas eu de différence entre les deux techniques de marcottage.
© CTIFL

Classiquement, la production de concombre palissé sur fil haut en serre se fait en deux cultures par an. La plante poussant de 60 cm par semaine et produit ainsi de très longues tiges, de 10 à 11 m en quatre mois. Cette distance contraint le flux d’eau dans la plante et peut entraîner la formation de bulles d’air appelée embolie. Or le concombre est très sensible à ce phénomène et utilise beaucoup d’énergie pour rétablir le flux d’eau et d’éléments minéraux des racines vers les fruits et les feuilles. La plante s’épuise, ce qui amène en général les producteurs à arracher la première culture au bout de quatre à cinq mois et à en replanter une deuxième.

« Cela entraîne quatre à cinq semaines sans production, avec un coût d’achat des nouveaux plants et du travail pour l’arrachage de la première culture et la mise en place de la deuxième, rappelle Landry Rossdeutsch, du CTIFL. L’idée est donc de refaire un système racinaire plus proche des feuilles en marcottant les plants, pour avoir une production annuelle continue, réduire le coût des plants et avoir des plants plus vigoureux et donc plus résistants aux à-coups climatiques de l’été. » En 2020, plusieurs techniques de marcottage ont été expérimentées, avec Roadie, variété la plus utilisée en hiver, plantée à 2 plants/cube, et Proloog, ancienne variété de référence, avec des plants à deux têtes.

Les concombres ont été plantés le 15 décembre 2020. Trois modalités de marcottage ont ensuite été testées : un marcottage à 19 semaines (30 avril 2021, 6 à 7 m du système racinaire) dans un bac de culture conçu par une entreprise hollandaise, posé perpendiculairement sur le pain, un marcottage à 19 semaines directement dans le pain de laine de roche et un marcottage tardif à 24 semaines (2 juin 2021, de 9 à 10 m du système racinaire). Le développement du marcottage a été suivi grâce à des capteurs de flux de sève installés en amont et en aval de la zone marcottée.

Travailler la régulation des fruits

Les premiers résultats montrent une émergence et croissance du nouveau système racinaire très rapide (début d’activité dix jours après le marcottage) mais très hétérogène. Sept semaines après le marcottage, 50 % du flux de sève est généré par le nouveau système racinaire. Et douze semaines après, 100 % du flux est assuré par le nouveau système, l’ancien système racinaire se nécrosant. Au final, la technique a plutôt bien fonctionné avec une tige par plant, nettement moins avec deux tiges par plant. « Dans ce cas, le marcottage implique de mettre en place deux nouveaux systèmes racinaires pour une plante, ce qui l’épuise rapidement », constate Landry Rossdeutsch.

Il n’y a par contre pas eu de différence entre les deux modes de marcottage. A l’échelle de la culture, une très forte hétérogénéité a toutefois été observée et de nombreuses plantes n’ont pas survécu. « Ces résultats s’expliquent d’une part par la présence de deux tiges par plante sur Proloog, et d’autre part par une régulation des fruits maintenue à une sur deux. La régulation une sur deux a entraîné une perte de vigueur de la culture, une activité tardive des nouvelles racines, l’hétérogénéité de la réussite du marcottage, la coulure de nombreux fruits et au final une chute du rendement. »

En considérant uniquement les plants restants, les rendements ont été similaires aux deux cultures annuelles de 2020 avec 6 % de rayonnement en moins de la semaine 14 à la semaine 35. « L’objectif avec le marcottage est d’avoir une production continue sur neuf à dix mois et donc un rendement supérieur, précise l’expérimentateur. Dans ce premier essai, il y a eu une perte de rendement potentiel. Un travail sur la régulation des fruits est nécessaire pour accélérer le processus de prise racinaire et l’homogénéiser à l’échelle de la culture. »

Le temps de réalisation du marcottage a été évalué à 240 h/ha pour le marcottage sur pain et 320 h/ha pour le marcottage en bac. « Le marcottage semble donc économiquement viable », estime Landry Rossdeutsch. Les essais vont se poursuivre en 2022 en adaptant la régulation des fruits au moment du marcottage pour accélérer la prise racinaire. Les expérimentateurs espèrent aussi pouvoir évaluer la résistance de la culture aux coups de chaleur, l’été 2021 plutôt doux n’ayant pas permis de tirer de conclusion sur ce point.

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