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Le colza bio, un débouché porteur en quête de volumes

Face à une demande croissante des marchés et des agriculteurs bio, Terres Inovia et plusieurs organismes économiques et techniques se mobilisent pour développer la culture du colza bio malgré les difficultés techniques.

Malgré la demande, le développement du colza bio est freiné par les conditions de semis et les ravageurs. Les surfaces progressent principalement dans les zones à faible présence de colza conventionnel. © G. Alleno
Malgré la demande, le développement du colza bio est freiné par les conditions de semis et les ravageurs. Les surfaces progressent principalement dans les zones à faible présence de colza conventionnel.
© G. Alleno

Produire du colza en bio relève pour certains de la mission impossible. Pourtant, la culture est agronomiquement intéressante et potentiellement rémunératrice. Et la demande bien présente. « Avec 2 000 à 4 000 hectares selon les années, le colza bio est peu cultivé en France, constate Cécile Le Gall, de Terres Inovia.

Les agriculteurs bio sont néanmoins intéressés par le colza pour allonger leurs rotations avec une culture en général bien valorisée, de 650 à 850 euros la tonne. Par ailleurs, les débouchés en alimentation humaine sont en forte croissance et 80 % des graines de colza bio triturées en France sont importées. La marge de progression des surfaces et de la production est donc énorme. »

L’obligation au 1er janvier 2022 d’une alimentation 100 % bio pour les élevages bio entraîne aussi une demande accrue en tourteau, le colza étant bien positionné en teneur en protéines et profil d’acides aminés, notamment pour les volailles.

Le colza, une culture à risque en bio

Le colza est cependant reconnu comme une culture à risques en bio, avec des freins liés à l’enherbement, aux ravageurs et à l’alimentation en azote. « Le point clé est de semer tôt dans de bonnes conditions pour que le colza lève vite, ce qui limite l’enherbement, et qu’il soit assez développé en entrée d’hiver pour résister aux bioagresseurs, rappelle Cécile Le Gall. Mais ce n’est pas toujours possible. Selon la météo et la pression de ravageurs, des parcelles sont retournées ou non semées presque chaque année et les rendements varient de 5 à 35 quintaux par hectare. Les surfaces peinent donc à se développer. »

Dans le Grand Est (ex-Lorraine, Hauts-de-France), zone historique de production de colza, la pression des bioagresseurs est élevée. S’y ajoute depuis trois ans un manque de précipitations en fin d’été qui complique l’implantation. Malgré l’intérêt de plusieurs coopératives (Probiolor, Cocebi, Noriap, Vivescia, Cérésia, Biocer…), les surfaces évoluent peu.

La production a toutefois augmenté dans le Sud-Ouest, qui représente près de la moitié du colza bio en France. AgriBio Union, regroupant six coopératives du Sud-Ouest, en a collecté 1 200 tonnes en 2020, sur un total de 3 000 tonnes au niveau national. « La demande des industriels est très forte, assure Benoît Bolognesi, d’AgriBio Union. Nous travaillons avec la majorité des huiliers français pour de l’huile bouteille destinée principalement aux magasins bio spécialisés, avec une bonne valorisation. Les surfaces augmentent chaque année, car les marges sont intéressantes. Cent trente agriculteurs bio ont implanté du colza en 2021. Les difficultés liées au manque de pluie lors du semis et aux ravageurs limitent toutefois le développement. »

Le colza bio progresse principalement dans les zones où le colza conventionnel est peu présent, ce qui limite la pression des ravageurs (Gers, Pyrénées-Atlantiques, Landes). Autres secteurs privilégiés : les bassins de polyculture-élevage, en raison de la disponibilité en matière organique, essentielle en colza bio (Lot-et-Garonne, Tarn, Aveyron).

Pour encourager les bio à se lancer dans le colza, AgriBio Union contractualise les surfaces avec un prix minimum et organise des visites sur des exploitations produisant du colza. Les agriculteurs sont encouragés à utiliser tous les leviers possibles : semer vers le 20-25 août et au semoir monograine à écartement large pour pouvoir biner, appliquer une fertilisation à l’automne, voire irriguer si l’équipement le permet. AgriBio Union travaille aussi avec les sélectionneurs pour identifier des variétés aptes à être semées précocement afin de bénéficier des orages de l’été.

Le Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire) s’intéresse aussi au colza bio, avec l’implication des coopératives Le Gouessant (via sa filiale bio Ufab), Terrena, Biocer… « En 2019, l’Ufab a augmenté ses capacités de stockage, ce qui lui permet de développer ses activités en alimentation humaine, explique Mélanie Lerendu, responsable marchés à l’Ufab. Le colza répond à la demande d’agriculteurs d’allonger leurs rotations avec une culture à forte valeur ajoutée. Nos débouchés en huile progressent avec deux partenaires principaux. Et nous récupérons les tourteaux pour notre usine d’alimentation animale. » Après 130 hectares en 2020, près de 230 hectares de colza bio devraient être collectés par la coopérative en 2021.

Dans le Sud-Est, la Drôme et le Rhône cultivent aussi du colza bio. Et un peu partout, des agriculteurs produisant eux-mêmes de l’huile pour la vente directe s’ajoutent aux producteurs organisés en filière.

Des essais pour lever les obstacles techniques

Pour répondre aux problématiques techniques du colza bio, un projet de recherche-développement, Secolbio, a été engagé en 2020 pour trois ans. Il est soutenu par FranceagriMer et est coordonné par Terres Inovia. Il réunit des chambres d’agriculture, le GAB 56, l’Ufab et AgriBio Union. L’objectif de Secolbio est d’identifier les facteurs limitants dans les bassins Sud-Ouest, Grand Ouest, Grand Est et Sud-Est, et de produire un conseil régionalisé adapté aux contraintes des différents bassins.

Plusieurs leviers agronomiques seront évalués : les plantes compagnes pour garantir la propreté du colza en sortie d’hiver, la densité de semis (limiter l’enherbement tout en obtenant des plantes robustes) et la fertilisation et les variétés (lignées et hybrides). Depuis trois ans, la coopérative Ufab (Grand Ouest) mène déjà des essais chez des producteurs sur la conduite du colza bio.

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