Aller au contenu principal

Couverture de silos
Vers un avenir sans pneus ?

La réglementation des pneumatiques usagés évolue. Leur recours en élevages reste autorisé, mais à terme les stocks risquent de se tarir. Voici un tour d´horizon des différentes alternatives possibles pour couvrir vos silos.


Les normes d´utilisation des pneus et bâches sont de plus en plus strictes. « Le recyclage de ces éléments devient aujourd´hui une obligation, signale Stéphane Bersinger, de la chambre d´agriculture du Calvados. Même si l´utilisation agricole des pneus usagés est clairement prévue dans les textes, leur recyclage reste à la charge des exploitants. » De plus, à moyen ou long terme, il pourrait devenir difficile de se procurer de vieux pneus, ces derniers intégrant de plus en plus des filières de recyclage spécialisées. D´où l´intérêt de découvrir d´autres solutions de couverture de silo.
1 L´utilisation de craie broyée
Déjà pratiquée par de nombreux éleveurs dans l´Avesnois, elle semble donner satisfaction. La mise en oeuvre est très simple et prend peu de temps. Les cailloux de craie sont étalés unifor-mément sur la bâche du silo et forment une pellicule de deux à trois centimètres d´épaisseur. Géry Dufernez, éleveur à Nivelle, dans le Nord, utilise la craie broyée sur sa bâche d´ensilage depuis deux ans. « Je n´envisage absolument pas de revenir en arrière et de recommencer à utiliser des pneus, expose l´exploitant. Cela nécessite beaucoup moins de manipulation, tout se fait à l´aide de la pelle et du balai. C´est aussi moins pénible et moins salissant. » L´éleveur préfère commander une granulométrie de 15/40 qui ne présente pas trop de poussière. « Pour couvrir deux silos de 250 m2 chacun, environ cinq tonnes de craie suffisent », note Géry. Une partie de la craie colle à la bâche et n´est pas réutilisable l´année suivante, mais en général on peut attendre deux ou trois ans avant de la renouveler entièrement. La craie éliminée n´est pas perdue pour autant : incorporée au fumier, elle permet d´apporter un amendement calcique. En période de fortes gelées, mieux vaut découvrir un peu le silo car la craie risque de coller et d´abîmer la bâche lorsqu´on la retire.
2 - Des sacs de lestage s´utilisent aussi bien sur silo taupe que sur silo couloir
Généralement en matière plastique, ils sont remplis de graviers, sable, craie ou autres matériaux locaux. Vendus vides, ces sacs mesurent le plus souvent un mètre de long sur 25 cm de large. Une fois remplis, ils approchent les 20 kilos (selon le matériau employé) et se conservent une dizaine d´années. Sur silo couloir, il est conseillé de disposer les sacs bout à bout le long des parois, avec en plus une rangée transversale sur le dessus environ tous les cinq mètres. D´après Michel Vallée, éleveur à Clécy, dans le Calvados, « cette méthode est facile à mettre en place. Il faut toutefois se montrer méticuleux au moment de la couverture en creusant une petite saignée le long des murs pour y caler les sacs et former ainsi un joint hermétique ». La manipulation est facile et propre, mais peut se révéler pénible si les sacs sont trop chargés ou si l´accès n´est pas pratique.
Avec une couverture de silo à la bavaroise, la conservation de l´ensilage est très bonne. ©D. R.

La couverture de silo « à la bavaroise » fait appel à l´utilisation de silosacs. Née en Allemagne, cette technique consiste à plaquer une fine bâche de 40 microns (film transparent à aliment) sur l´ensilage pour empêcher toute entrée d´air, puis de recouvrir le tout avec une bâche classique (150 microns), elle-même recouverte par un filet. Des silosacs, disposés le long des parois et en travers du silo, permettent de fixer le tout. Ils assurent aussi une protection physique et le lestage de l´ensemble.
3 - Avec un couvert végétal sur le silo, plus besoin de pneus ni de bâches !
Le principe est simple : une fois le silo bien tassé, il suffit de semer à la volée directement sur l´ensilage des graines de céréales (l´orge convient bien) à raison de 2 à 3 kg par mètre carré. Si le temps est trop sec, mieux vaut arroser pour favoriser la levée. Sur la partie supérieure du silo se forme une croûte d´environ 15 cm, qui ne doit pas être consommée par les animaux. En Saône-et-Loire, cette technique commence à faire des adeptes. Toutefois, pour limiter les pertes, « son intérêt se limite aux silos couloir d´au moins deux mètres de haut, relativise Denis Chapuis de la chambre d´agriculture de Saône-et-Loire. D´après les données répertoriées dans différents élevages, les pertes au silo ne dépassent pas 4 %, contre 1,4 % pour les silos conventionnels. » Par ailleurs, les analyses qualitatives, réalisées à la mise en silo puis trois mois plus tard, n´ont pas révélé de détérioration de la qualité du fourrage. Seul un point de matière sèche en moins a été observé, en raison de la pluviométrie. Pas d´impact non plus sur la qualité et les quantités de lait produit.
D´après les simulations du contrôle laitier et de la chambre d´agriculture de Saône-et-Loire, la perte financière s´élève à 36 euros avec le couvert végétal, en considérant une altération au silo de 15 cm. Mais dans tous les cas, les éleveurs relèvent un gain de temps important et une moindre pénibilité du travail.
Avec un couvert végétal implanté sur l´ensilage, seule la partie superficielle de l´ensilage est altérée. ©D. R.

4 - Les pelures de pommes de terre
Elles peuvent être utilisées pour couvrir les silos couloirs des élevages situés à proximité d´une usine de transformation de pommes de terre. La pelure-vapeur (15 % MS) ou la purée-pelure (20 % MS), toutes deux très bon marché, conviennent bien, « à condition qu´elles ne se révèlent pas trop humides, prévient Pierrick Boulan de la chambre d´agriculture du Pas-de-Calais. Certains éleveurs, qui ont tenté l´expérience avec de la pelure-vapeur de consistance plutôt liquide, ont déchanté suite à des problèmes de conservation du fourrage ». Cela dit, chez Didier Mordack, à Prédefin sur le même département, le recours à la purée-pelure fait ses preuves depuis plus de six ans. « Je n´ai aucune perte au silo, la conservation est impeccable », souligne-t-il. L´ensilage de maïs est recouvert de 15 cm de purée épaisse. Celle-ci se fige à l´air, puis forme une croûte oxydée et imperméable sur 5 cm d´épaisseur. Par précaution, l´éleveur place toujours une vieille bâche par dessus (la même depuis six ans !), mais d´autres éleveurs s´en passent très bien.
Le transport se fait en citerne. La couverture est réalisée par l´entreprise ou par l´exploitant à l´aide d´un télescopic si la livraison a lieu avant le chantier d´ensilage.
A la reprise, il n´y a pas besoin de faire de tri. La purée s´intègre à la ration des laitières. « Le seul hic intervient lorsqu´il gèle : la purée prend masse, indique l´éleveur. Alors dans ce cas, je distribue uniquement l´ensilage. »
Avec des cailloux de craie recouvrant la bâche, le silo nécessite beaucoup moins de manipulation. ©D. R.

Les plus lus

salle de traite centrale dans aire d'attente ni mur
Bâtiment d’élevage : « Sans aire d’attente, nous trayons 100 vaches à l’heure »
Pour leur nouvelle stabulation d’élevage, les trois associés du Gaec du Lagot, en Bretagne, ont installé une salle de traite…
Camion de collecte sur un site breton de Lactalis
Lactalis : « Nous sommes inquiets du projet d’arrêt de la collecte visant 272 exploitations laitières »

Les représentants de producteurs de lait s’opposent à la méthode du géant laitier Lactalis pour réduire sa collecte en France…

Des craintes pour la collecte de lait de vache en Europe du Nord

L'évolution de la FCO-3 dans le Nord-Ouest de l'Europe pèsera sans doute sur la collecte de cet automne. En juillet, la…

Noe Pensylvani copropriété du Gaec Pom Holstein, Quim Serrabassa, Agriber et Triangle Holstein (35)
Space 2024 : Noe Pensylvani sacrée au concours prim’Holstein

Noe Pensylvani s’est vue décernée le titre de grande championne au Space 2024, après avoir tout raflé au concours adulte.

IMG_2643 / gros plan sur mamelle en salle de traite
Lait de vache : pourquoi le taux butyreux progresse-t-il depuis 2014 ?

Le taux de matière grasse du lait collecté en France a augmenté plus que le taux de matière protéique ces dix dernières années…

Anthony Daubert, éleveur
Bâtiment : « Recourir au miscanthus en litière ne s'improvise pas »

Le Gaec Malibois, dans le Maine-et-Loire, a choisi d’utiliser du miscanthus dans sa stabulation existante. Cela a nécessité…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière