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Venir à bout d'une épidémie comme celle du Covid-19 ou la FCO, un travail collectif

La lutte contre une épidémie comme celle liée au coronavirus implique l'effort de tous ; elle est collective ou elle est vouée à l'échec. Les prophylaxies collectives, ou la vacination de masse obligatoire contre la FCO en 2009-2010 reposent sur ce principe. 

Contre le Covid-19, si tout le monde porte un masque et reste à distance, tout le monde protège tout le monde… Si les malades du Covid ne se déclarent pas, ne sont pas testés, continuent à aller travailler ou ne déclarent pas leurs contacts, l'épidémie durera. Les éleveurs en savent quelque chose car les prophylaxies collectives qui ont fait cesser les ravages de la fièvre aphteuse ou de la brucellose, et qui luttent aujourd'hui encore contre la tuberculose bovine, reposent sur ces principes. 

Pour ces grandes maladies bovines et d'autres sur la sellette aujourd'hui, ces fondamentaux deviennent : déclarer immédiatement les symptômes évocateurs d’une de ces maladies, par exemple un avortement, dépister ces maladies sur le lait de tank ou sur la prise de sang de prophylaxie ou à l’abattoir. Le but aujourd'hui est d'éliminer les animaux qui assurent la pérennité de ces maladies (IPI, tuberculeux, brucelliques) ou de leur appliquer une vaccination répressive (IBR) afin qu’ils cessent d’être contagieux. Et à tous les animaux en contact, c’est-à-dire du même troupeau, on applique en plus un confinement strict en n'autorisant leur sortie… qu'à destination d'un abattoir.

Les bases de données permettent à la DDPP d'analyser les mouvements d'animaux pour inclure dans le dépistage, le confinement ou l'abattage, les animaux vendus et les troupeaux qui les ont accueillis. Cette chaîne de contrôle des mouvements appliquée hier aux cas d'encéphalopathie spongiforme (ESB) et aujourd'hui aux foyers de tuberculose s'apparente complètement au « tracking » ou « traçage des cas contacts » dont les Chinois ont fait un très large usage dans la lutte contre le Covid-19.

Vaccination : dans bien des cas la seule arme

 

 

Si les outils de surveillance de ces grandes maladies et leur contrôle sont aujourd'hui acceptés par la quasi-totalité des éleveurs, on ne sent plus un grand enthousiasme pour des vaccinations de masse qui peuvent être rendues obligatoires. Elles sont extrêmement utiles pour faire barrage ou pour tenter d’éradiquer une maladie. Elles ne sont pas complètement anodines mais demeurent dans bien des cas la seule arme dont on dispose pour bloquer l'avancée d'un pathogène. C'est en particulier le cas de maladies vectorielles transmises par des insectes, qui se moquent des gestes barrières habituels et partiellement des insecticides.

L'efficacité collective d'une vaccination préventive dépend du « taux de couverture vaccinale » de la population. Il suffirait de vacciner 75 % des personnes pour bloquer le virus de la grippe saisonnière dans les groupes vulnérables, à commencer par tous les soignants en contact avec eux. Au mieux, c’est-à-dire à condition qu’elle empêche la multiplication virale chez les individus vaccinés, la vaccination de masse permet même d’éradiquer des maladies. C’est ainsi que la variole humaine (mortelle dans un cas sur trois) et la peste bovine (mortelle dans 8 cas sur 10), deux maladies virales de surcroît très contagieuses, ont été éradiquées à l’échelle planétaire. La rougeole, maladie hautement contagieuse, a disparu de Finlande grâce à la protection vaccinale de plus de 96 % de sa population.

FCO : 95 à 100 % de couverture vaccinale nécessaire

Il faut aussi, selon l'Anses, vacciner 95 à 100 % des ruminants pour bloquer toute circulation du virus de la fièvre catarrhale ovine (FCO), ce qui implique de vacciner tous les animaux, bovins, ovins et caprins, jeunes et adultes et pendant au moins trois années consécutives à défaut de vacciner les ruminants sauvages. En 2006, le virus FCO type 8 hébergé par des insectes volants arrive sans doute dans des containers et crée une épidémie en Europe du Nord, puis pénètre discrètement en France par l'Est. Il reprend sa progression au cours de l'été 2007 puis, après une trêve hivernale, il reprend son chemin en 2008 en profitant de la pénurie vaccinale. En 2009 et 2010, avec un approvisionnement suffisant, la vaccination rendue obligatoire fait disparaître les signes cliniques dans tous les pays européens contaminés.

Plan B : l’immunité collective

La vaccination, pas vraiment réalisée sur 100 % des animaux en 2009 et 2010, devient facultative en 2011 et les éleveurs s’en affranchissent. Malgré les 120 millions de doses injectées de 2008 à 2010, le « matelas vaccinal » est insuffisant et ne permet pas de stopper net la circulation du virus, qui trouve refuge dans des effectifs non vaccinés et chez les ruminants sauvages. De nouveaux foyers réapparaissent donc en 2015, ce qui était prévisible puisque la plupart des animaux n’ont connu ni le vaccin ni le virus sauvage, et ne lui opposent pas de résistance.

Mais de son côté, le virus semble avoir perdu de sa virulence et c’est tant mieux ! Nous sommes donc passés à côté de l’éradication du sérotype 8 qui depuis 2015 circule de nouveau en France et désormais chez nos voisins. Nos animaux sont condamnés à vivre avec cette maladie qui restera probablement discrète et à attendre d’elle la protection collective conférée par l'immunité naturelle. On en est encore beaucoup trop loin pour le Covid-19 et nous devrons apprendre à nous en déjouer par des gestes barrières, au moins tant que nous n’aurons pas de vaccin !

Pourquoi dépister les excréteurs, symptomatiques ou non 

 

 

° Surtout sans recours possible à la vaccination, pour juguler une épidémie, il faut casser les chaînes de transmission du pathogène. Les malades sont faciles à identifier, avec ou sans PCR mais il faut que le prélèvement soit bien fait. Il faut ensuite identifier tous les cas ou les animaux en contact et les soumettre à la PCR qui révélera sans doute la présence dans le lot d’excréteurs asymptomatiques. Contrairement aux malades, ceux-ci continueront d’aller travailler ou d’aller manger dans la même auge et boire dans le même abreuvoir… Il faut les isoler le temps qu’ils n’excrètent plus.

° Si ce sont des bovins et que le virus est celui de la BVD, on dépiste au moins les IPI, qui ne présentent généralement aucun symptôme, pour qu’ils n’aient plus de contact avec les gestantes, histoire d’interrompre la chaîne de transmission.

° Si c’est de l’IBR qui circule, on fait une sérologie pour repérer les animaux qui ont fait un contact avec le virus car chez eux, le virus s’est caché dans un ganglion et il est prêt à ressortir et à créer une nouvelle chaîne de transmission. En vaccinant ces animaux, on empêche ce virus de ressortir.

Le saviez-vous ?

42 000 troupeaux ont été infectés par la FCO et ont perdu plus de 65 000 bovins.

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