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Une série d’avortements dus à la néosporose dans un troupeau de 100 vaches laitières

En cas d’avortement, il faut pouvoir examiner les avortées rapidement afin de prélever du placenta ou des tissus sur l’avorton. La néosporose est responsable d’environ un tiers des avortements dont l’origine est déterminée.

L’analyse de tissus d’avorton permet une conclusion plus certaine que la sérologie. © J.-M. Nicol
L’analyse de tissus d’avorton permet une conclusion plus certaine que la sérologie.
© J.-M. Nicol

Un éleveur contacte la clinique pour « des avortements, six en presque trois semaines, des vaches en milieu de gestations et des prêtes à tarir ». Lors de la visite, cet éleveur explique que les avortements sont rapides, sans complications, et que les vaches retrouvent rapidement un niveau de production correct. Mais six avortements rapprochés dans cet élevage d’une centaine de vaches, c’est trop, il faut en identifier la cause. Pour rappel, la norme est de 3 % d’avortements par an dans un troupeau bovin.

Le choix des prélèvements à effectuer est vite limité, le dernier avortement a eu lieu il y a trois jours, l’avorton et la délivrance ont été éliminés. Une prise de sang est effectuée sur chaque vache pour des analyses sérologiques. La demande concerne la brucellose (dont la recherche est obligatoire pour tout avortement au sens légal : « expulsion d’un fœtus ou d’un veau, soit né mort, soit succombant dans les 48 heures après la naissance »), la BVD, la fièvre Q, la néosporose et la chlamydiose.

Les six prises de sang reviennent toutes positives pour la néosporose uniquement. Ce qui oriente fortement notre diagnostic vers cette cause. Il n’y aura pas d’autre avortement, ce qui nous aurait permis de faire une PCR néosporose sur l’encéphale de l’avorton (la méthode de référence pour confirmer l’implication de la néosporose). En cas d’avortement, il faut pouvoir examiner les avortées rapidement, dans les 24 heures, afin de prélever du placenta ou des tissus sur l’avorton.

Interrompre le cycle du parasite

La néosporose est la première cause d’avortement identifiée dans les pays occidentaux, elle est responsable d’environ un tiers des avortements dont l’origine est déterminée. La découverte de cette maladie parasitaire (due à un protozoaire Neospora caninum) a eu lieu dans les années 1980, mais beaucoup d’interrogations persistent.

Que faire en cas d’avortements dus à la néosporose dans un élevage ? À ce jour, il n’y a ni vaccin ni traitement. Idéalement, il faut faire des prises de sang sur toutes les vaches ou au moins les mères et/ou filles des vaches ayant avorté pour savoir comment s’est faite la transmission. Si elle est verticale, une vache positive sera la fille ou la mère d’une autre positive dans 90 % des cas. Si la transmission est horizontale, il n’y a pas de lien de parenté entre les vaches séropositives. Dans ce cas, il faut, avant tout, interrompre le cycle du parasite en interdisant aux chiens l’accès aux aliments et à l’eau des bovins ; ainsi qu’en éliminant le plus rapidement possible les placentas et avortons.

Dans les deux cas, l’objectif est de réformer les vaches positives, ce qui sera plus ou moins long et envisageable selon leur proportion dans le troupeau et l’importance des autres causes de réforme. Le plus souvent, il convient d’inséminer avec des taureaux de race allaitante les vaches positives pour que la descendance soit destinée à l’engraissement ; voire effectuer des transferts d’embryon si la valeur génétique d’une ou plusieurs vaches positives le justifie.

À retenir

° Réagir rapidement en cas d’avortement.
° Identifier le mode de transmission en faisant des prises de sang au moins sur les mères et/ou filles de vaches ayant avorté.

Deux modes de contamination pour la néosporose

1 - Verticalement, d’une vache séropositive à son fœtus dans environ 90 % des gestations ; c’est le mode de contamination le plus fréquent chez le bovin. Les vaches séropositives ont trois fois plus de risque d’avorter à chaque gestation qu’une vache séronégative, mais elles peuvent donner naissance à un veau contaminé sans aucun symptôme ou parfois avec des symptômes neurologiques.
2 - Horizontalement, par ingestion d’un avorton ou du placenta par un chien. Le chien excrète ensuite des parasites dans ses fèces, ce qui peut conduire à la contamination de l’eau ou des aliments des bovins. Le rôle des autres canidés est toujours en cours d’étude. Aux États-Unis, la possibilité de contamination via le coyote est démontrée. Actuellement, le rôle du renard ou de rongeurs nuisibles est encore en cours d’étude.

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