Une série d’avortements dus à la néosporose dans un troupeau de 100 vaches laitières
En cas d’avortement, il faut pouvoir examiner les avortées rapidement afin de prélever du placenta ou des tissus sur l’avorton. La néosporose est responsable d’environ un tiers des avortements dont l’origine est déterminée.
En cas d’avortement, il faut pouvoir examiner les avortées rapidement afin de prélever du placenta ou des tissus sur l’avorton. La néosporose est responsable d’environ un tiers des avortements dont l’origine est déterminée.
Un éleveur contacte la clinique pour « des avortements, six en presque trois semaines, des vaches en milieu de gestations et des prêtes à tarir ». Lors de la visite, cet éleveur explique que les avortements sont rapides, sans complications, et que les vaches retrouvent rapidement un niveau de production correct. Mais six avortements rapprochés dans cet élevage d’une centaine de vaches, c’est trop, il faut en identifier la cause. Pour rappel, la norme est de 3 % d’avortements par an dans un troupeau bovin.
Le choix des prélèvements à effectuer est vite limité, le dernier avortement a eu lieu il y a trois jours, l’avorton et la délivrance ont été éliminés. Une prise de sang est effectuée sur chaque vache pour des analyses sérologiques. La demande concerne la brucellose (dont la recherche est obligatoire pour tout avortement au sens légal : « expulsion d’un fœtus ou d’un veau, soit né mort, soit succombant dans les 48 heures après la naissance »), la BVD, la fièvre Q, la néosporose et la chlamydiose.
Les six prises de sang reviennent toutes positives pour la néosporose uniquement. Ce qui oriente fortement notre diagnostic vers cette cause. Il n’y aura pas d’autre avortement, ce qui nous aurait permis de faire une PCR néosporose sur l’encéphale de l’avorton (la méthode de référence pour confirmer l’implication de la néosporose). En cas d’avortement, il faut pouvoir examiner les avortées rapidement, dans les 24 heures, afin de prélever du placenta ou des tissus sur l’avorton.
Interrompre le cycle du parasite
La néosporose est la première cause d’avortement identifiée dans les pays occidentaux, elle est responsable d’environ un tiers des avortements dont l’origine est déterminée. La découverte de cette maladie parasitaire (due à un protozoaire Neospora caninum) a eu lieu dans les années 1980, mais beaucoup d’interrogations persistent.
Que faire en cas d’avortements dus à la néosporose dans un élevage ? À ce jour, il n’y a ni vaccin ni traitement. Idéalement, il faut faire des prises de sang sur toutes les vaches ou au moins les mères et/ou filles des vaches ayant avorté pour savoir comment s’est faite la transmission. Si elle est verticale, une vache positive sera la fille ou la mère d’une autre positive dans 90 % des cas. Si la transmission est horizontale, il n’y a pas de lien de parenté entre les vaches séropositives. Dans ce cas, il faut, avant tout, interrompre le cycle du parasite en interdisant aux chiens l’accès aux aliments et à l’eau des bovins ; ainsi qu’en éliminant le plus rapidement possible les placentas et avortons.
Dans les deux cas, l’objectif est de réformer les vaches positives, ce qui sera plus ou moins long et envisageable selon leur proportion dans le troupeau et l’importance des autres causes de réforme. Le plus souvent, il convient d’inséminer avec des taureaux de race allaitante les vaches positives pour que la descendance soit destinée à l’engraissement ; voire effectuer des transferts d’embryon si la valeur génétique d’une ou plusieurs vaches positives le justifie.