Une relation de qualité entre l’animal et l’homme, ça se construit !
Pour le bien-être à la fois des animaux et de l’éleveur, mieux vaut instaurer des relations positives. Une stratégie pour construire de telles relations se met en place dès la naissance, et même avant.
Pour le bien-être à la fois des animaux et de l’éleveur, mieux vaut instaurer des relations positives. Une stratégie pour construire de telles relations se met en place dès la naissance, et même avant.
« Il est important d’avoir une bonne relation avec les animaux car celle-ci affecte la production, la santé et la reproduction », rappelle Céline Tallet, éthologue à Inrae. La recherche a mesuré une variation de production laitière de 19 % entre un troupeau calme et un troupeau peureux. Autre résultat : une différence de prix de vente de 40 à 60 $ la carcasse entre des bovins calmes et des bovins réactifs.
La qualité de la relation a aussi des conséquences sur la sécurité et le confort de travail. 20 % des accidents du travail avec arrêt sont causés par des animaux, dont les trois quarts par des bovins. « On imagine que des relations plus positives conduisent à moins d’accidents et un travail plus serein. »
Héritabilité de caractère
La question est alors de comprendre et d’améliorer la relation homme-animal dans les élevages. C’est le cœur de l’éthologie. Cette science du comportement définit la relation entre un humain et un animal comme étant une suite d’interactions au cours desquelles chaque individu se fait une représentation de l’autre, positive ou négative. Au fur et à mesure, les réactions deviennent prévisibles. Il se crée alors une communication et un échange d’émotions. « Si on cumule les interactions positives, on tend vers une relation positive. »
Selon Xavier Boivin, directeur de recherche à Inrae, une stratégie peut être mise en place pour construire une relation positive avec l’animal. Le premier levier est le choix des reproducteurs, taureaux et mères. « Il a été démontré qu’il y avait une héritabilité de la réaction à l’homme. »
Des périodes clés de la relation
Deuxième point, les périodes sensibles que sont la fin de la gestation, la mise bas, le jeune âge et le sevrage sont autant d’occasions pour construire ou reconstruire la relation. « Pendant ces périodes, l’animal est particulièrement à l’écoute de son environnement. » L’humain peut être un élément réconfortant lors de ces épisodes stressants. La relation s’inscrit même avant la naissance car le fœtus perçoit des stimulations, apprend et mémorise.
Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’importance de l’apprentissage social. « Une vache qui a peur de l’homme va la transmettre à ses descendants et ses congénères. » À l’inverse, si la relation est positive, le cercle peut être vertueux. Les interactions au fil du temps vont aussi alimenter ce cercle de façon positive ou négative.
À retenir
L’animal évalue la situation, a des émotions, mémorise les interactions, apprend et communique avec l’homme. Ses perceptions lui permettent de prédire l’issue des futures interactions. « Ce qu’on fait aujourd’hui avec un animal, on le paye ou au contraire on le gagne demain », résume Xavier Boivin, directeur de recherche à Inrae.
RMT One Welfare, viser la qualité de vie
Le réseau mixte technologique (RMT) One Welfare, lancé en 2021, réunit les instituts techniques de l’élevage, les chambres d’agriculture, Inrae, l’Anses, l’enseignement agricole, des éthologues et ergonomes. Il a pour objectif de définir des savoir-faire et des pratiques dans les systèmes d’élevage et d’évaluer la faisabilité et l’intérêt pour l’animal et l’homme. Le but est de former les futures générations d’éleveurs au One Welfare (un seul bien-être) pour obtenir une qualité de vie pensée autant pour l’animal que pour l’homme.