Une kératite déjà bien évoluée chez une génisse
Un œil qui pleure, c’est un signe d’appel. Ne vous contentez pas d’appliquer une pommade sans avoir fait un examen complet de l’œil. Pour cette génisse, une injection sous-conjonctivale sera l’option retenue.
Un œil qui pleure, c’est un signe d’appel. Ne vous contentez pas d’appliquer une pommade sans avoir fait un examen complet de l’œil. Pour cette génisse, une injection sous-conjonctivale sera l’option retenue.
« J’ai une vache avec l’œil qui pleure. Si je lui mets un peu de pommade, ça devrait aller ? » Non, avant de mettre en place un traitement, il faut toujours réfléchir à la pathologie. Quels sont les symptômes ? À quelle maladie peut-on penser ? Y a-t-il un risque pour un organe, l’animal tout entier, voire le troupeau ?
Un œil qui pleure, c’est un signe d’appel. Comment est la cornée (la paroi transparente de l’œil) ? Un voile bleuté peut être présent, tout comme des vaisseaux rougeâtres ou un véritable abcès blanc jaune, voire un corps étranger ! Le voile bleuté se retrouve soit en tout début d’évolution, soit à la toute fin (cicatrice). La présence d’un abcès doit inciter à une prise en charge agressive. Et la présence d’un corps étranger doit inciter… à le retirer.
Il faut également regarder le reste de l’œil : présence d’une tumeur dans le coin interne, fréquente chez les Montbéliardes et pour laquelle une pommade ne fera pas disparaître la lésion ; un œil fermé signant une douleur, une sensibilité à la lumière ou une paralysie ; un œdème de la paupière pouvant indiquer une piqûre… Les deux yeux pleurent ? Attention à ne pas passer à côté d’un cas de FCO, de besnoitiose ou d’une photosensibilisation. Enfin, examiner l’animal en entier : sur une vache avec un œil qui pleure, mi-clos, un filet de salive d’un côté de la bouche, et une oreille basse du même côté, il faudra suspecter une listériose, et pas un problème lié aux mouches.
La kérato-conjonctivite que me présente l’éleveur est déjà bien évoluée : œil blanc et rouge, inflammé, larmes abondantes, douleur marquée avec un œil presque fermé. Ce problème est lié aux mouches qui transportent une bactérie pathogène (Moraxella bovis le plus souvent). D’autres facteurs aggravants comme les poussières, le soleil, peuvent prédisposer les bovins aux kérato-conjonctivites. Les signes cliniques varient d’une légère irritation jusqu’à un abcès majeur avec grave inflammation, pouvant aboutir à la perte de la vision.
Un coût lié à la rapidité d’intervention
Le traitement est essentiellement local, au niveau de l’œil. Pour cette génisse, dont l’éleveur est un peu débordé, on optera pour l’injection sous-conjonctivale, moins contraignante qu’une application de pommade plusieurs fois par jour. Cela permet aussi une diffusion plus longue d’antibiotiques au niveau de l’œil. Il est possible dans les cas graves de suturer temporairement les paupières, afin d’offrir un « pansement » naturel à l’œil qui se retrouve protégé de l’agression des mouches et du soleil. A contrario, dans les cas bénins avec intervention précoce, il est possible de se passer d’antibiotique et de chirurgie.
Et enfin, l’idéal est d’opter pour une prévention de ce genre de lésion en limitant la présence de poussières dans l’environnement (dans les fourrages notamment) et en protégeant les animaux des mouches de façon précoce : tous les traitements seront moins efficaces quand la population de mouches est importante, que ce soit les pour-on, les boucles auriculaires, les seaux à l’ail (attention sur les laitières )…
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À retenir
Les signes d’alerte :
Pas d’AMM pour les vaches laitières !
Il n’existe pas un seul produit avec l’indication kérato-conjonctivite. Seul un antibiotique injectable la possède dans son AMM (autorisation de mise sur le marché) et il est interdit sur les vaches laitières. Les options restantes sont : un produit pour les conjonctivites mais avec une AMM chien/chat (attention, certaines molécules sont interdites sur les animaux de rente), ou un produit avec une AMM bovin mais une indication autre que les conjonctivites (par exemple les tubes intramammaires pour les mammites). Dans les deux cas, il s’agit d’une utilisation hors AMM, le délai d’attente forfaitaire sur le lait étant du coup a minima de 7 jours, plus encore si le délai d’attente de la spécialité utilisée est supérieur.