Une baisse de 23 % d'IFT chez les polyculteurs-éleveurs du réseau Dephy
Depuis 2009, l'indicateur de fréquence de traitement dans les fermes avec de l'élevage a davantage baissé que dans les exploitations de grandes cultures. Et les polyculteurs-éleveurs ont des valeurs plus faibles.
Depuis 2009, l'indicateur de fréquence de traitement dans les fermes avec de l'élevage a davantage baissé que dans les exploitations de grandes cultures. Et les polyculteurs-éleveurs ont des valeurs plus faibles.
L'analyse des résultats des fermes du réseau Dephy montre que les systèmes de polyculture-élevage sont plus économes en pesticides que les systèmes de grandes cultures. " Les 385 exploitations en polyculture-élevage étudiées ont un Indicateur de fréquence de traitement (IFT) inférieur de 43 % aux 608 exploitations de grandes cultures étudiées. Cette moyenne cache toutefois de grandes disparités. " Plusieurs explications sont avancées. Les assolements de polyculture-élevage sont plus favorables : les IFT des cultures fourragères (maïs, prairies temporaires) sont en effet bien plus faibles que ceux des autres cultures (1,08 contre 3,88). Les pratiques des exploitations de polyculture-élevage sont aussi moins intensives, avec un IFT du blé inférieur de 16 % et celui du maïs de 24 %. Mais l'écart ne se retrouve que partiellement au niveau des rendements : -4 % en blé et -14 % en maïs. Le non-labour est par ailleurs moins fréquent en polyculture-élevage : 20 %, contre 32 % en grandes cultures. Or, les systèmes sans labour consomment plus d'herbicides : en polyculture, l'IFT herbicide des systèmes sans labour est de 1,34 contre 1,18 avec labour.
Entre 2009 et la moyenne 2015, 2016 et 2017, les systèmes historiques en polyculture-élevage présentent une baisse des IFT plus marquée (-23 %) que leurs homologues en grandes cultures (-10 %). Ceci s'explique en partie par un nombre de conversions à l'agriculture biologique plus important dans les systèmes avec élevage. Deux tiers de la diminution d'IFT sont liés à la baisse des IFT hors herbicides.
Changer radicalement de système pour réduire davantage
Le réseau Dephy pointe " qu'il n'y a pas de baisse des IFT sans que ne soient actionnés conjointement plusieurs leviers, au moins six dans la plupart des cas ". Il y a les leviers qui ne nécessitent pas de changement de système : utilisation pointue des phytos (bas volume, ciblé sur le rang...) ; choix de variétés résistantes ; décalage de date de semis ; apport d'un engrais starter localisé ; travail du sol ; désherbage mécanique ; utilisation de biocontrôle... Et il y a la reconception du système de culture : allongement de la rotation ; modification des espèces cultivées ; cultures associées en mélange ; agroforesterie... La modification de la succession des cultures concerne plus de deux systèmes sur trois. Elle est motivée par des impasses techniques et une recherche de meilleur résultat économique. Elle induit une combinaison d'évolutions que les agriculteurs doivent apprendre à maîtriser : gestion des intercultures, conduite et commercialisation de nouvelles cultures...
" Au-delà d'un certain seuil d'usage de produits phytosanitaires, il apparaît difficile de poursuivre la réduction sans changer radicalement de système ", indiquent les conseillers Dephy. Ils pointent aussi la difficulté pour les systèmes déjà économes en phytos (moins de 3 IFT hors biocontrôle et traitement de semence) de ne pas augmenter leur IFT les années à forte pression de bioagresseurs.
Dans les fermes ayant réduit leur IFT, les rendements se sont globalement maintenus. Ils ont même augmenté lorsque les évolutions du système ont permis de réduire les pressions de bioagresseurs. Les charges phytosanitaires ont baissé. Par contre, " dans plus d'un tiers des systèmes, les agriculteurs déclarent une augmentation des charges de mécanisation, généralement en lien avec l'introduction du désherbage mécanique " et ils témoignent aussi d'une évolution de leur charge de travail.