Stabulation : « Grâce à l’audit de ventilation, nous avons revu notre bâtiment avant d'y installer un robot de traite »
Au Gaec du Gasnier, en Ille-et-Vilaine, un audit a permis de renforcer la ventilation naturelle de la stabulation des vaches laitières. Le bien-être des vaches est nettement amélioré et leur circulation plus homogène.
Au Gaec du Gasnier, en Ille-et-Vilaine, un audit a permis de renforcer la ventilation naturelle de la stabulation des vaches laitières. Le bien-être des vaches est nettement amélioré et leur circulation plus homogène.
« Dès qu’il commençait à faire chaud, les vaches se tassaient toutes dans un bout du bâtiment, du côté ouest, où les quatre dernières travées ont été construites. Elles se couchaient par terre, ce qui augmentait le nombre de mammites, se souviennent Bernadette, Olivier et Ghislain Dubois, les trois associés du Gaec du Gasnier, à La Noë-Blanche, en Ille-et-Vilaine. Comme nous avions le projet d’installer des robots de traite, nous nous sommes dit qu’il fallait que l’on comprenne pourquoi, afin de rétablir une bonne circulation dans le bâtiment. » Un audit de ventilation est réalisé en août 2020.
Le bâtiment était trop fermé
La stabulation a été construite en 1990, puis agrandie en 1997 et 2015 avec des bardages différents. « La partie la plus récente était la plus ouverte, c’était là que les vaches se regroupaient, pour chercher un peu d’air, souligne Olivier Dubois. Nous aussi, nous sentions qu’il faisait meilleur dans cette partie. Nous nous posions la question d’installer des ventilateurs. »
Les mesures ont montré que « dans la partie la plus ancienne, un degré de plus était ressenti. La teneur en ammoniac était également supérieure, confirme Alice Elvinger, conseillère bâtiment spécialisée en ventilation chez Tecmatel, le bureau d’études bâtiment d’Eilyps. Or une bonne ventilation est nécessaire pour le confort des animaux, pour réduire les troubles pulmonaires et atténuer le stress thermique. Dans cette stabulation, l’enjeu était d’augmenter le flux d’air et de le rendre homogène dans tout le bâtiment. »
« Installer des ventilateurs s’il n’y a pas d’entrée d’air, ça ne fera que brasser de l’air chaud et vicié », prévient Alice Elvinger, conseillère bâtiment.
Faire entrer l’air sans la pluie
« Avec la contrainte des silos et de la stabulation des génisses accolée au sud, il était possible d’ouvrir la façade au nord. Il y a moins de vent fort qu’au sud et à l’ouest mais ça suffit pour créer un flux d’air », se souvient Alice Elvinger.
« À la suite de l’audit, nous avons enlevé le bardage et le mur en parpaings sur le côté nord », explique Oliver Dubois. Problème : si les vaches se répartissaient mieux dans le bâtiment, la pluie entrait. Pour apporter de l’air tout en protégeant des intempéries, un filet brise-vent qui s’ouvre du haut vers le bas a été choisi.
Un filet brise-vent sur le côté nord
« En hiver, il est ouvert partiellement, ce qui permet de maintenir une bonne ventilation sans que les vaches ne reçoivent directement de l’air froid. En été, le filet est complètement baissé ». Une station météo pilote l’ouverture du rideau selon le vent, la température et les intempéries. En complément, un pignon a été ajouré durant l’hiver 2021-2022.
Les éleveurs ont fait réaliser un audit de contrôle en août 2022 pour évaluer l’impact des travaux et déterminer s’il restait des points à améliorer. « Nous avions déjà constaté que les vaches se répartissaient bien dans tout le bâtiment, et qu’elles étaient calmes. Cet été, malgré la chaleur il n’y a pas eu de chute en lait. On a de l’air mais pas de courant d’air, la luminosité est agréable pour travailler », apprécient les éleveurs.
Ouvrir encore côté robots et génisses
L’audit de contrôle a montré que, côté robots, dans la partie la plus ancienne du bâtiment, la teneur en ammoniac restait élevée. Reste aussi à améliorer la ventilation côté génisses. « Au-delà de 25 mètres de large, l’air ne traverse plus, prévient Alice Elvinger. Donc les génisses ne bénéficient pas vraiment de l’ouverture de la façade nord. » Comme il y a les silos de l’autre côté du mur des génisses, la pose d’un filet est impossible. « Nous réfléchissons à un bardage amovible et à ouvrir l’autre pignon », projettent les éleveurs.
Un audit pour faire le point sur la ventilation
« L’audit ventilation comprend la prise et l’analyse des mesures ainsi que l’élaboration d’un plan d’action avec l’éleveur », présente Alice Elvinger. L’audit débute par la description des pratiques et la création de la « carte d’identité » du bâtiment : dimensions, type de bardage, orientation, position par rapport aux vents fréquents.
Sont ensuite mesurées les températures ambiante et ressentie, l’hygrométrie, la vitesse et l’orientation du vent, le taux de particules fines, la teneur en ammoniac et en CO2, la luminosité. Ces mesures sont répétées en plusieurs points du bâtiment et à l’extérieur, pour intégrer les conditions du jour. Des fumigènes aident à bien visualiser la circulation de l’air, notamment l’effet cheminée.
À partir de ces données et des attentes des éleveurs, un plan d’amélioration par étapes est construit. Un audit de contrôle permettra de valider la nécessité ou non de réaliser de nouveaux travaux.