Santé animale : comment reconnaître une carence en oligoéléments ?
Une carence en oligoélements peut conduire à une baisse de l’immunité générale du troupeau laitier et des veaux. Faire l’impasse d’une complémentation à des moments clés peut coûter cher.
« Bonjour. Pas d’urgence, mais le troupeau ne tourne pas rond depuis quelques mois, les vaches remplissent mal, les veaux ont un peu la chiasse, ça toussote. Il doit y avoir quelque chose, mais je n’arrive pas à savoir quoi. »
Côté reproduction, il y a plus de non-délivrances et de métrites, ainsi qu’une moindre fécondité. Il n’y a pas d’avortement inhabituel, mais le risque infectieux doit être exploré. Il n’y a pas plus de kystes ou d’absence de chaleur que d’habitude. Les taux protéiques et butyreux du tank sont bons, le risque de problème métabolique paraît écarté. Les taux cellulaires sont moins bons que l’an dernier. Il n’y a pas eu de changement sur la façon de pailler, de traire, de pâturer… Ce sont des paramètres à vérifier !
Pour les veaux, ce n’est pas franc non plus : quelques veaux un peu plus mous et l’impression, confirmée par le carnet sanitaire, de traiter plus souvent. Il convient de vérifier les habitudes d’élevage : administration et qualité des colostrums, modifications du lieu de vie des veaux (courant d’air, moindre paillage, densité d’animaux augmentée…), achat de nouveaux bovins entraînant un brassage de germes, résultats des boucles BVD, qualité de l’eau de boisson, etc.
Baisse d’immunité générale
Nous sommes face à une baisse d’immunité générale, avec des répercussions sur la reproduction, la santé mammaire et la santé des veaux. En parallèle des prises de sang pour recherche infectieuse (BVD, fièvre Q…) qui s’avéreront toutes négatives, nous lançons un dosage d’oligoéléments. Les principaux sont l’iode, le sélénium, le cuivre, le zinc. Auquel s’ajoutent le manganèse, le molybdène et le cobalt.
Repères
Quand penser à une carence en oligoéléments ?
Plusieurs types de prélèvements sont possibles : sang, poils, et même lait aux États-Unis. Les analyses de poils sont controversées à cause des risques de contamination par le milieu extérieur. Elles reflètent plutôt l’état des derniers mois. Le dosage par prise de sang donne une image instantanée du statut du troupeau.
Le verdict tombe, le troupeau est sévèrement carencé en sélénium et iode.
Ne pas faire l’impasse sur les compléments
Les causes des carences en oligoéléments sont multiples :
]]> utilisation d’espèces végétales plus productives mais aussi plus pauvres en oligoéléments ;
]]> terrains pauvres en oligoéléments. Les plateaux calcaires sont déficitaires en cuivre, zinc, manganèse. Les zones montagneuses en iode. La plupart des sols français manque de sélénium ;
]]> besoins des animaux augmentés avec l’augmentation des performances ;
]]> carences secondaires : un excès de fer ou de molybdène diminue l’absorption d’autres oligoéléments ;
En questionnant l’éleveur, celui-ci a effectivement changé de marque de complément minéral et oligoéléments sur les vaches laitières et l’a complètement supprimé sur les taries pour des raisons de coût et de praticité. Mauvais calcul !
Le rôle primordial des oligoéléments
Le sélénium joue un rôle dans l’immunité avec l’iode et la vitamine E. Le sélénium joue également un rôle au niveau musculaire. Son manque cause le syndrome myopathie dyspnée : veau qui peine à tenir debout, avec une raideur musculaire et une atteinte cardiaque pouvant être fatale. Des morts subites ou un mauvais réflexe de succion peuvent être la conséquence de cette atteinte musculaire. Chez l’adulte, on note des troubles de la fécondité : non-délivrance, défaut d’involution utérine, risque plus important de métrite ou de mortalité embryonnaire.
Une carence en iode va conduire à des problèmes métaboliques (baisse d’appétit, faible température des veaux), des défauts de croissance ou d’immunité, des troubles de la reproduction (anoestrus, avortement, baisse de fertilité des mâles et des femelles). Il est aussi possible d’observer un goitre (gonflement de la thyroïde dans le cou) sur les veaux très fortement carencés.
Comment complémenter ses vaches ?
Il est possible de complémenter les animaux de différentes manières :
]]> seaux à lécher : on ne contrôle pas qui consomme quoi. L’appétence doit être forte, mais les concentrations en oligoéléments ne sont pas toujours suffisantes.
]]> semoulette : intéressant économiquement mais difficile à mettre en œuvre en saison de pâturage
]]> bolus ou injection : le coût est plus important que pour les seaux mais on a la certitude de la dose et de la durée de la complémentation. Les bolus sont souvent plus complets, il faut comparer les durées d’action et la composition.
La bonne complémentation des adultes suffit le plus souvent à éviter les problèmes sur les jeunes. Les périodes critiques correspondent au tarissement, au vêlage et au début de la production jusqu’au pic de production et la fin de la période de mise à la reproduction. Il ne faut pas faire l’impasse à ces moments clés.