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«  Ma vache saigne du nez »

L’appel toujours un peu dramatique de la vache qui saigne du nez… On peut aller du petit saignement anodin lié à un coup, qui rentrera dans l’ordre tout seul parfois même sans que l’éleveur s’en rende compte, jusqu’à l’hémorragie pulmonaire foudroyante qui se solde par la mort de l’animal.

« Que se passe-t-il ? Ma vache saigne du nez ! ». Il faut savoir si une ou deux narines sont concernées : « les deux mon capitaine ». Dommage, une seule narine signe souvent un traumatisme, éventuellement un problème de corps étranger, de tumeur, de dents ou de sinusite, notamment suite à une corne cassée ou un écornage mal maîtrisé. Si les deux coulent, le saignement vient de plus loin, ce sont les poumons les principaux responsables.

En l’occurrence, cette vache avait alerté l’éleveur il y a quelques semaines : baisse d’appétit, baisse de production laitière… Dans le doute, il lui avait fait avaler un aimant et du propylène. L’amélioration n’était pas flagrante, mais la vache avait rejoint le rang. Sauf qu’aujourd’hui, elle a 39,5 °C, et un écoulement de pus mêlé à du sang par le nez, une respiration difficile. La messe est dite, le diagnostic posé : c’est une thrombo-embolie de la veine cave. Le pronostic est sombre et le traitement trop tardif pour être efficace. La vache, bonne élève, est morte le soir même d’une hémorragie pulmonaire. La moitié des animaux touchés par cette pathologie meurent de façon subite, un quart dans les 24 heures après apparition des signes cliniques, et les autres dans les trois semaines qui suivent, sauf exception !

Des lésions internes

À l’autopsie, en plus du sang et de l’infection dans les poumons, on retrouve un foie avec de multiples petits abcès. Ce sont ces petites infections qui ont causé la formation du caillot septique (caillot avec une bactérie) dans la veine cave caudale (1). Ils se forment le plus souvent suite à l’ingestion chronique d’une ration trop acidogène, ration souvent retrouvée dans l’alimentation des vaches laitières ou des bovins à l’engraissement. Les papilles ruminales réagissent à l’acidose et deviennent malheureusement perméables, laissant passer des bactéries dans le sang. Elles vont alors aller se fixer dans un organe « filtre » : le foie.

Un gros abcès hépatique lié à un corps étranger, mais également une infection ailleurs dans l’animal (pied, mamelle…) peut engendrer les mêmes symptômes. La présence d’infection de façon chronique est à l’origine de la dissémination de bactéries dans l’organisme sous forme d’emboles (caillots circulant dans les vaisseaux). Ils vont notamment aller se fixer au niveau de la veine cave caudale puis être ramenés au niveau du cœur droit et des poumons. Une fois dans les poumons, ils bloquent les petits vaisseaux, qui vont se dilater et finir par rompre, causant des hémorragies.

Même si l’affection n’est pas contagieuse de vache à vache, il peut y avoir plusieurs cas dans une exploitation, notamment car une des causes est la ration ! Il convient donc d’y porter particulièrement attention, même si une acidose chronique se traduit plus souvent par des problèmes de pieds (fourbure). Les saisies régulières de foie à l’abattoir sont également à surveiller : parasitisme, abcès liés à des corps étrangers…

(1) Située dans l’abdomen, elle ramène vers le cœur le sang sorti des reins et du foie

À retenir

La présence d’infection de façon chronique (dans le foie, pied, mamelle…) est à l’origine de la dissémination de bactéries dans l’organisme sous forme d’emboles.

Les causes possibles de saignement de nez

- Si une narine saigne :

- traumatisme ;

- abcès dentaire : vérifier dans la bouche l’absence d’odeur nauséabonde ;

- sinusite (notamment lié à l’écornage) ;

- tumeur ou granulome inflammatoire : l’air expulsé par la narine atteinte est moins important que par la narine « libre »

- Si deux narines saignent :

- pneumonie à champignon (Aspergillus) ;

- pneumonie d’aspiration/fausse déglutition (notamment avec du calcium sur une vache en fièvre de lait !) ;

- thrombose de la veine cave caudale.

 

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