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Prairie : « En Irlande, le trèfle blanc rimait avec mauvaise herbe »

Luc Delaby, chercheur Inrae, travaille depuis 22 ans avec le centre de recherche de Moorepark en Irlande. Il a contribué à mettre au goût du jour le trèfle blanc. Le culte du RGA pur abondamment fertilisé en azote vacille de l’autre côté de la Manche.

Le trèfle blanc a longtemps été banni des prairies irlandaises. Pourquoi ?

« En Irlande, il y a encore huit ans, il n’y avait que des prairies monospécifiques de ray gras anglais. Elles étaient fortement fertilisées notamment parce que les conditions climatiques leur permettent de produire beaucoup d’herbe avec de l’azote. Le trèfle blanc était considéré comme une mauvaise herbe. »

Comment expliquer le revirement de situation ?

« Fort de l’expérience bretonne et normande, il y a une quinzaine d’années, j’ai commencé à leur dire que compte tenu de leur système, leur prochain défi serait de réduire la fertilisation azotée sur leurs prairies et d’introduire des légumineuses. Le temps a fait son œuvre. Des problèmes liés aux fuites de nitrates sont apparus à la fin des quotas laitiers avec l’augmentation du chargement d’animaux (près de 2 UGB/ha).

Plus récemment, l’augmentation importante du coût des engrais et les problèmes d’émissions des gaz à effet de serre, en particulier le protoxyde d’azote issu des épandages d’engrais, ont contribué à pousser les Irlandais à trouver des solutions pour réduire la fertilisation azotée. Quoi de mieux que de tirer profit de cette ressource naturelle qu’est l’azote de l’air captée par les légumineuses ? Et la première légumineuse qui vient à l’esprit dans les systèmes pâturant, c’est le trèfle blanc.

Étaient-ils septiques au départ ?

« Effectivement. Ils ont commencé les premiers travaux de recherche sur l’intégration du trèfle blanc sans vraiment trop y croire. À tel point qu’ils ont commencé à le faire sans réduire la fertilisation azotée qui est restée autour de 200 à 250 kg/ha. Malgré cela, ils se sont aperçus que le trèfle blanc boostait la production laitière des vaches, même quand sa présence était limitée à 15-20 % de la biomasse produite. Les Irlandais ont donc commencé à faire des essais en réduisant la fertilisation de 250 à 150 kg de N/ha voire même jusqu’à 75 kg de N/ha.

Le trèfle violet semble à son tour susciter de l’intérêt ?

« Pour améliorer la résilience des exploitations face aux risques de sécheresses estivales, les Irlandais s’intéressent effectivement de plus près au trèfle violet. L’objectif est de produire environ un mois de stock pour l’été afin de palier un éventuel déficit en herbe. Mais, ce n’est pas du tout dans leur culture.

Leur système est basé sur du pâturage de mars à novembre sans fourrage complémentaire. Le peu de fourrages récoltés est de piètre qualité parce qu’il est destiné à nourrir des vaches taries en hiver. Mais, avec le changement climatique, ils vont devoir produire des fourrages de qualité pour le distribuer à des vaches en lactation l’été. Parmi les fourrages qui ont le vent en poupe aujourd’hui, il y a le trèfle violet. Pour l’instant, il est conduit en pur. Je leur recommande de l’associer à une graminée, qui pourrait être leur RGA, ou un ray-grass hybride, pour en faciliter la récolte et la conservation. »

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