« Où sont les porteurs de projet en élevage laitier ? »
Lucie Prunier, de l'EARL de la Talboisière, à Saint Jean des bois, dans l'Orne, n’arrive pas à trouver son futur associé, après trois ans de recherche, alors que « c’est une belle ferme ».
Lucie Prunier, de l'EARL de la Talboisière, à Saint Jean des bois, dans l'Orne, n’arrive pas à trouver son futur associé, après trois ans de recherche, alors que « c’est une belle ferme ».
Le cas de Lucie n’est pas isolé. Est-ce un problème de rencontre entre l’offre et la demande ? Manque t-il de porteurs de projet ? En tout cas, voici son témoignage.
« Cela fait trois ans que je cherche un associé pour faire face au départ de mon père en retraite. Il devrait partir d'ici un an, donc cela devient urgent. Nous sommes actuellement deux exploitants et un salarié, et je souhaite que cela reste le cas après son départ. Si je ne trouve pas d'associé, je ne suis pas sûre d'avoir la force de continuer toute seule. Je veux un associé et pas un salarié, pour pouvoir partager les responsabilités : moi à la fromagerie, à la vente directe et sur l'élevage, et mon associé sur la partie culture et élevage.
Notre ferme a de nombreux atouts. Elle est à taille humaine : 60 vaches laitières (9000 l/VL, 33 TP, 43 TB), 105 ha dont 40 ha d'herbe et 35 ha de céréales. A 3 UMO, nous nous organisons pour avoir une vie en dehors de la ferme : 2 week-end sur 3 de libres.Tout est fonctionnel et peut continuer sans investir dans l'immédiat. Nous valorisons bien notre lait grâce notamment à la transformation en fromages. Et notre secteur compte de nombreux jeunes agriculteurs et une Cuma dynamique.
J'ai l'impression d'avoir un peu tout essayé : inscription au RDI, annonces sur Agriaffaires et autres sites, dans les écoles, sur Pôle emploi, un article dans Ouest France, des flyers dans les enseignes agricoles, sur Facebook...
La plupart des gens ont appelé pour des demandes de stage ou du salariat ; mais ils n'envisageaient pas d'installation. Même si je prévois une période d'essai, sous forme de salariat et/ou de contrat de parainage, il faut que le candidat se projette sur une installation. Beaucoup étaient très jeunes, environ 20 ans, parfois sans diplôme particulier, sans vécu. Je cherche quelqu'un qui ait de l'expérience pour qu'il soit rapidement opérationnel bien sûr, mais surtout pour qu'il ait une maturité et une ouverture d'esprit.
Finalement, j'ai reçu seulement deux candidats avec des profils intéressants, via le RDI. Mais très rapidement, j'ai senti que ça ne collerait pas. Il est important de bien s'entendre pour s'associer.»