« Nous avons transformé une 'soupière' en préau »
Au Gaec du Prieuré de la Loire, la suppression des murs et des bardages des longs pans a permis à ce bâtiment de grande largeur de retrouver une ambiance saine et supportable lors des fortes chaleurs.
Au Gaec du Prieuré de la Loire, la suppression des murs et des bardages des longs pans a permis à ce bâtiment de grande largeur de retrouver une ambiance saine et supportable lors des fortes chaleurs.
Quand nous avons construit notre stabulation, en 1999, nous pensions avoir bien travaillé en matière de ventilation », expliquent Philippe et Thierry Roche, éleveurs dans la Loire. Des bardages à claire-voie, une faîtière largement ouverte, une pente de 35 %… Les normes d’une ventilation statique étaient respectées, mais, sans doute pas adaptées à la taille du bâtiment. Lors de la canicule de 2003, la stabulation s’est transformée en véritable « 'soupière'. Elle ne se rafraîchissait qu’en fin de nuit. » L’épisode fut très pénible, aussi bien pour les animaux que pour les éleveurs.
La stabulation (y compris la salle de traite rotative de 24 places située en bout de bâtiment) a une longueur de 72 mètres et une largeur de 30 mètres. Elle comporte 160 logettes sur caillebotis et se prolonge par une fromagerie, le Gaec transformant 80 % de sa production (1,3 million de litres). Aujourd’hui, les deux longs pans, orientés Nord-Ouest et Sud-Est, sont entièrement ouverts. Mais, en arriver à cette solution radicale fut long. « À l’époque, on ne préconisait pas d’ouvrir le bâtiment, même à l’étranger », souligne Thierry Roche. Les éleveurs ont d’abord tenté d’installer des ventilateurs à pâles au-dessus des vaches en production, puis des brumisateurs. Les premiers se sont avérés inefficaces, les seconds rafraîchissaient l’atmosphère mais augmentaient l’humidité dans le bâtiment.
« Cassez tous les murs », a recommandé le consultant
Les deux frères ont décidé d’ouvrir le bâtiment il y a cinq ans, « pour en faire un préau », suite à des visites de bâtiments aux États-Unis, au Canada et en Israël, confrontés à des climats très différents mais tous ouverts. « Sans ces visites, nous n’aurions jamais ouvert le bâtiment », assurent-ils. La rencontre avec le consultant israélien, Yossi Brami, a achevé de les convaincre. « Cassez tous les murs », leur a-t-il dit. « Nous nous sommes fait peur et on nous a pris pour des fous », reconnaissent-ils. Et, la tâche fut titanesque. Les longs pans étaient fermés par des murs en panneaux bétons préfabriqués de 8 cm d’épaisseur (voire 20 cm par endroits) sur deux mètres de hauteur, et, au-dessus, par un bardage bois décalé, de deux mètres également. Les panneaux ont été découpés à la scie à béton.
« On a plaisir à venir dans le bâtiment »
L’ambiance du bâtiment a complètement changé. Même par fortes chaleurs, souvent étouffantes dans la plaine du Forez, les quantités de ration ingérées par les vaches baissent moins que lorsque le bâtiment était fermé. « Sur les périodes chaudes, nous avons gagné 15 % d’ingéré et 10 à 20 % de production, estime Thierry Roche. Avant, quand il faisait chaud, on limitait les inséminations. Aujourd’hui, on ne se pose plus la question. Quelle que soit la saison, on a plaisir à venir dans le bâtiment. Avant, on le fuyait. » Cette ambiance, saine, lumineuse et agrémentée par une musique de fond est aussi un atout en termes d’image pour une ferme qui reçoit de nombreux visiteurs et clients.
75 000 euros au total
• 40 000 € pour les rideaux (en 2011) :
• 23 000 € pour le long pan (55 m de long x 4 m de hauteur)
• 2 500 € les 3 portes à enroulement de l’aire d’attente
• 4 500 € pour les rideaux fermant l’entrée de la salle de traite et 5 000 € pour le rideau en plafond
• 5 000 € la porte automatique (6 m x 4 m) à installer prochainement
(1) Tarif 2011 pour les rideaux installés.Une association d’éleveurs européens
Le Gaec du Prieuré est membre de l’association des éleveurs laitiers européens, un groupe de 13 élevages de grande taille, essentiellement français, créé à la fin des années 1990 sous l’impulsion de constructeurs de bâtiments et fournisseurs d’équipements. La Ferme de Grignon ????? en fait partie. La finalité du groupe est d’échanger, de comparer les résultats et de faire des voyages de découverte (un par an). Une ouverture et un soutien au sein du groupe qui ont encouragé les frères Roche à franchir le pas lorsqu’ils ont décidé d’ouvrir le bâtiment.