« Même pas peur d’être éleveur », le film qui redonne le sourire
Le documentaire coproduit par le BTPL, le centre d’élevage de Poisy et le Cniel nous emmène dans sept élevages des quatre coins de la France. Avec des hommes et des femmes passionnés et fiers de leur métier, qui nous parlent de leur choix de vie.
Le documentaire coproduit par le BTPL, le centre d’élevage de Poisy et le Cniel nous emmène dans sept élevages des quatre coins de la France. Avec des hommes et des femmes passionnés et fiers de leur métier, qui nous parlent de leur choix de vie.
Enfin un film sur l’agriculture optimiste et bienveillant ! Dans le contexte actuel, nul doute que ces notes positives mettent du baume au coeur de ceux qui peuvent souffrir de voir leur métier dévalorisé ou se sentir incompris. À l’image de Patricia, productrice de lait dans la Manche, qui explique sa participation au film : « nous étions contents que l’on s’intéresse à notre métier », et ce « sans arrière-pensée négative ».
Thierry Hétreau, formateur au centre d’élevage de Poisy, en Haute-Savoie, n’en est pas à son coup d’essai avec le film « Même pas peur d’être éleveur ». Après avoir réalisé un documentaire sur le bien-être animal en élevage, ce vétérinaire passionné du monde agricole se plonge dans la vie des éleveurs. Des hommes et des femmes qui parlent de leurs choix, de leur quotidien et… donnent envie de produire du lait. Rien de caricatural dans ce documentaire de 52 minutes très réaliste, doté de magnifiques images.
Si Thierry Hétreau mise pour ce film (1) sur des modèles de production très différents, le trait commun à tous ces parcours est la passion et la volonté de faire ce que l’on aime. Ainsi, Hermjan et Elke, un couple non issu du milieu agricole venu des Pays-Bas, ont pu « réaliser en France ce qu’il n’auraient pas pu faire ailleurs », grâce entre autres à un prix du foncier plus abordable. Avec leurs quatre enfants, leurs 220 vaches et quatre salariés, ils estiment « bénéficier d’une qualité de vie exceptionnelle ». Tout comme Pauline, née en Touraine, qui a épousé l’éleveur, le métier et la vie montagnarde : « quand le moral baisse, je regarde les montagnes et je me dis que j’ai de la chance de pouvoir travailler là ». Pour Patricia, dans la Manche, « aller chercher les vaches au pré avec mes filles est un vrai luxe ». Dominique et Béatrice, producteurs bio en Pays de la Loire, estiment quant à eux qu’« être en lien avec la forêt, la terre, est un vrai bonheur ».
Susciter le débat sur l’intérêt du métier
Si le choix d’un cadre de vie, d’un mode de vie familial et la volonté de transmettre un patrimoine occupent une place importante, les stratégies des éleveurs pour bien vivre de leur métier sont aussi mises en avant. Certains ont fait le choix de la diversification. Pour Jean-Charles, le producteur de fromage manchois, le choix de ce revenu complémentaire est aussi, grâce au retour des consommateurs, « une vraie récompense ». En ayant investi dans la robotisation, Myriam et Alexandre expliquent l’importance de se libérer du temps : « il nous arrive de prendre le goûter à 16 heures avec nos enfants ».
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Ces hommes et ces femmes de caractère n’hésitent pas à se remettre en cause pour s’adapter. « J’ai pris du recul, diversifié les productions pour activer mon cerveau et répartir les risques », explique Hélène, qui produit du lait et des carpes Koï pour les animaleries. En Bretagne, Pascal, qui souffrait de l’isolement, s’installe pour la troisième fois mais cette fois avec ses voisins : « j’ai enfin retrouvé le goût de vivre et de travailler ». Si, lors de débats qui suivaient les projections, certains ont pu s’inquiéter du ton optimiste du film, les spectateurs non issus du milieu agricole ont rappelé que l’agriculture n’est pas la seule profession à rencontrer des difficultés. Sans doute n’est-il pas nécessaire de se flageller ?
Le mot de la fin revient à Régis Marcon, chef étoilé en Haute-Loire, qui rappelle que la gastronomie est le fruit du travail des paysans et que ces derniers « peuvent être fiers de leurs produits et de leur métier ».