Maîtriser la profondeur de travail d’un déchaumeur à dents
Les cultivateurs à trois rangées de dents et plus offrent une large amplitude de profondeur de travail, à condition de bien soigner les réglages et le choix des pièces travaillantes.
Les cultivateurs à trois rangées de dents et plus offrent une large amplitude de profondeur de travail, à condition de bien soigner les réglages et le choix des pièces travaillantes.
Dans un souci de valoriser la polyvalence et d’améliorer le confort de travail, le réglage hydraulique de la profondeur de travail s’est généralisé sur les déchaumeurs à trois ou quatre, voire cinq rangées de dents, spécialement sur les modèles semi-portés. Il reste toutefois encore optionnel sur bon nombre d’appareils portés. En effet, contrairement aux semi-portés, dont l’hydraulique agit simultanément sur la position du rouleau et sur celle des roues de jauge à l’avant, les châssis portés n’offrent qu’un réglage hydraulique du rouleau. L’utilisateur doit ajuster en parallèle la longueur de son troisième point, afin de conserver l’horizontalité de l’outil. L’utilisation d’un troisième point hydraulique offre dans ce cas davantage de confort en gérant tout depuis la cabine. Quelques appareils portés, plutôt dédiés au travail peu profond, peuvent être dotés de roues de jauge, permettant de supprimer l’action du troisième point, qui est alors relié à l’outil par l’intermédiaire d’un trou oblong.
Adapter les pièces à la profondeur
La maîtrise aisée du terrage ne doit pas faire oublier que ces outils sont capables de travailler sur une grande plage de — du déchaumage superficiel au pseudo-labour en passant par la préparation d’un lit de semences — à condition de choisir les pièces travaillantes adaptées. Si pour scalper à 3-5 cm on choisira un soc patte d’oie ou une pointe et des ailettes de grande largeur, un ensemble plus compact doté d’un déflecteur favorisant le mélange sera privilégié pour descendre à 10-15 cm. Pour aller plus profond, les ailettes sont à proscrire et des pointes fines s’imposent pour assurer la pénétration de la dent, tout en limitant la prise de puissance et l’usure. À noter qu’en cas d’utilisation de pièces sans carbure, il est nécessaire d’ajuster le terrage en fonction de l’usure des dents.
Coordonner roues de jauge et rouleau
Pièce maîtresse dans la régulation de la profondeur, le rouleau peut avoir un comportement différent selon sa conception et les conditions de sol. De par les contraintes liées au porte-à-faux, les modèles portés sont souvent équipés de rouleaux moins lourds que les semi-portés. En effet, sur ces derniers, il est préférable d’opter pour un rouleau de grand diamètre ou un double rouleau, offrant davantage de portance à ces longs outils, gage d’une meilleure régularité de profondeur. Le rouleau peut s’enfoncer plus ou moins, ou encore se charger de terre, influençant son diamètre. En tenant compte de l’enfoncement des roues de terrage à l’avant de l’appareil, il est important d’affiner la correspondance de réglage entre les roues et le rouleau, afin de maintenir à la fois la profondeur de travail et l’horizontalité de l’outil.
Pouvoir intervenir sans rouleau
En conditions humides à l’automne, bon nombre de cultivateurs semi-portés sont capables d’intervenir sans rouleau en utilisant l’essieu de transport pour ajuster la profondeur. Les modèles dotés d’un essieu inséré dans les rangées de dents se passent assez facilement de rouleau en ajoutant simplement des cales sur les vérins de relevage de l’essieu. La tâche est moins aisée pour ceux dont l’essieu est implanté à l’arrière des dents, le retrait du rouleau imposant l’ajout de dents efface-traces à l’arrière des roues. Pour les appareils dont la conception ne permet pas de se passer du rouleau, il existe des solutions intermédiaires, comme celle offerte par Horsch sur son Terrano GX équipé d’un double rouleau. Le premier rouleau plein et lourd est alors démonté, tandis que le second plus léger à lames flexibles de type Flex se voit retirer un élément sur deux.
S’adapter aux parcelles vallonnées
Encore très peu utilisé sur les déchaumeurs à dents, le pilotage électronique ouvre de nouvelles perspectives. Commercialisé en 2015, le dispositif ContourTrack des déchaumeurs semi-portés Karat de Lemken permet, en terrains vallonnés, de corriger le comportement de ces longs appareils qui ont tendance à ne pas piocher assez profond dans les creux et trop sur les bosses. À partir d’une mesure de pression sur les roues de jauge, un vérin allonge ou raccourcit la liaison entre le châssis et le rouleau, de manière à maintenir une charge constante sur les roues, gage d’une profondeur de travail respectée. Cette option impose toutefois une connexion hydraulique Power Beyond sur le tracteur et un surcoût de 5 200 euros HT.
Pilotage depuis le terminal Isobus
En présentant l’an dernier son modèle Turbo i-Tiller, Kverneland a franchi un nouveau palier en proposant le pilotage Isobus des fonctions hydrauliques de l’outil, en lien avec des capteurs sur les vérins actionnant le rouleau et les roues de jauge. Une fois un calibrage réalisé avec l’outil parallèle au sol, l’utilisateur n’a plus qu’à définir sa profondeur de travail sur le terminal. Les réglages peuvent être enregistrés pour chaque type d’application. Le dispositif de report de charge « dynamique » agit en fonction des mesures de pression dans les vérins du rouleau et des roues de jauge, de façon à garantir un travail homogène dans les terrains vallonnés. Lemken va également proposer un pilotage Isobus de son Karat par l’intermédiaire du kit iQblue, autorisant une gestion automatique de la profondeur de travail. Ces fonctionnalités avancées apparaissent séduisantes en termes de confort de travail. Il manque cependant de références pour se prononcer sur leur rentabilité. Mais certains pensent déjà à la prochaine étape, qui consistera à moduler la profondeur de travail en fonction de cartographies de sol ou en lien avec un capteur embarqué sur le relevage du tracteur, comme le SoilXplorer d’AgXtend.
Chiffre clé
1 cm de terre travaillée en trop correspond à déplacer 125 t de terre par hectare pour rien.
Faciliter le changement des pièces travaillantes
Passer d’un déchaumage superficiel à un travail profond impose le changement des pièces travaillantes montées sur les dents. Pour faciliter la tâche de l’utilisateur, certains constructeurs proposent un système de changement rapide des pointes (ou socs), à l’instar du Knock-On de Kverneland ou du C-Mix-Clip d’Amazone. Toutefois, ces solutions ne suppriment pas le montage par boulon des déflecteurs et des ailettes. Lemken se démarque sur ce point en utilisant un pied de soc à démontage rapide. L’agriculteur peut ainsi disposer de deux jeux de pieds de socs, sur lesquels sont boulonnées les pièces travaillantes en fonction de la profondeur de travail voulue. Ce dispositif autorise par ailleurs un changement des pièces usées à l’atelier, après démontage des pieds de soc.