Maïs : quand et comment intégrer le désherbage mécanique ?
Pour se lancer en désherbage mécanique de maïs, quatre prérequis sont à respecter : intervenir tôt dans un sol préparé, semer profond, adapter les réglages du semoir aux passages des outils et ne pas s’interdire de recourir à la chimie si besoin.
Pour se lancer en désherbage mécanique de maïs, quatre prérequis sont à respecter : intervenir tôt dans un sol préparé, semer profond, adapter les réglages du semoir aux passages des outils et ne pas s’interdire de recourir à la chimie si besoin.
« En désherbage mécanique de maïs, les interventions les plus précoces sont les plus efficaces. Au stade filament des adventices, deux ou trois heures au soleil et dans le vent suffisent pour les détruire. Au stade cotylédon, il faudra plus de temps mais les outils restent efficaces. Plus tard, il faudra les arracher et qu’elles sèchent », cadre David Roy, d’Agrobio 35.
Depuis 2005, il travaille les stratégies de désherbage mécanique du maïs avec un millier d’agriculteurs, principalement en Ille-et-Vilaine. « 70 % des échecs de passages d’outils sont dus à une mauvaise préparation du sol. La météo n’est pas la première responsable. »
Alors, pour intervenir le plus tôt possible dans sa parcelle et mettre toutes les chances de son côté, David Roy insiste sur l’importance de bien préparer le sol. « C’est primordial. » Pour démarrer une stratégie de désherbage mécanique du maïs, il faut « prendre en compte la flore de sa parcelle : pas ou peu de datura, pas de vivaces et une pression modérée de graminées type ray-grass », complète Élodie Quémener, ingénieure régionale Arvalis Bretagne.
1 – Préparer son sol dès le précédent cultural
Afin de maximiser le potentiel des outils de désherbage mécanique, Élodie Quémener recommande d’éviter les sols « pierreux, caillouteux et trop motteux ». David Roy précise : « Les mottes de la grosseur du poing sont problématiques, celles de 2 centimètres de diamètre résultent d’un travail normal. » Ensuite, il incite à rechercher un sol nivelé et rappuyé, mais pas tassé. « La herse étrille, la houe rotative ou la roto-étrille travaillent à 3 centimètres de profondeur, dans le rang. Les outils ne seront pas efficaces si le sol n’est pas nivelé. » Enfin, il encourage à viser un sol régulier avec un minimum de résidus de culture en surface. « Les débris doivent mesurer moins de 8 à 10 centimètres de long car s’ils arrivent sur le rang, le petit maïs doit pouvoir les franchir. »
2 – Semer à 5 centimètres minimum
« Semer profond, à 5 centimètres, dans un sol correctement réchauffé est aussi important que d’avoir un sol nivelé », insiste encore David Roy. Semer profond permet aussi de mieux se prémunir des attaques de corbeaux ou de pigeons. Globalement, il recommande de débuter les semis dans un sol à au moins 10 °C dont la température est prise à 10 h ou à 20 h. Les stratégies de désherbage mécanique reviennent à entamer une course de levée entre le maïs et les adventices. « Attention aux semis début avril, glisse-t-il, car même si le sol est réchauffé, personne n’est à l’abri d’un coup de gel. » Et si les adventices repartent toujours, le maïs est une plante tropicale, plus fragile.
Côté éco
Coûts du désherbage alterné
Soit une différence de 11 €/ha, pour une efficacité équivalente
3 – Régler son semoir et son tracé au champ
« Dans un semoir, deux variétés doivent avoir des vigueurs équivalentes pour éviter les différences de stades entre les rangs au moment du désherbage », met en garde David Roy, en rappelant que la vigueur au départ des variétés doit être bonne pour que le maïs décolle vite. Il pousse à vérifier les réglages du semoir, à bien vérifier la profondeur de semis au champ, à relever les chasse-mottes pour éviter les sillons. « Souvent, quand des exploitants décident de tester le désherbage mécanique, le chauffeur qui sème le maïs n’a jamais conduit de bineuse », illustre David Roy. Pour que le passage de l’outil soit efficient, quelques règles s'imposent : « La largeur de l’outil du semoir doit être la même que celle de la bineuse. Faire de grandes longueurs, en lignes droites et ne pas suivre les haies en courbes pour faciliter le travail de la bineuse. Quitte à revenir semer des petits bouts de la parcelle. Le rang est le point faible de la bineuse. »
4 – Le désherbage chimique au bon moment
Plusieurs stratégies apparaissent pour combiner désherbage mécanique et chimique.
Agrobio 35 encourage les exploitants à aller le plus loin possible en mécanique avant de recourir à la chimie. Si la herse étrille est indispensable en bio, elle ne l’est pas en conventionnel où la houe rotative est privilégiée et dont deux passages permettent de diviser par deux l’IFT. La houe roule vite, entre 16 et 18 km/h, avec un débit de chantier de 5 à 6 ha/h. « L’outil peut passer à tous les stades du maïs, à condition d’avoir semé assez profond », rappelle David Roy. Il plaide pour se poser la question de la chimie huit jours après le deuxième passage de houe, au stade 3-4 feuilles : « Soit c’est OK pour passer la bineuse, soit on sort le pulvérisateur. »
De son côté, Arvalis « recommande souvent un passage chimique précoce en plein, en prélevée ou en post-levée très précoce, puis le rattrapage peut être effectué par deux binages », dit Élodie Quémener. Et s'il y a besoin de rattraper le désherbage par un herbicide, Élodie Quémener favorise « une intervention entre les stades 2-3 feuilles et 6-8 feuilles. Mais plus la chimie arrive tard dans le cycle, plus le programme risque de coûter cher car il faudra des doses plus importantes ».
Mise en garde
Les faux semis fonctionnent très bien dans un sol drainant mais pas dans un sol qui retient l’eau, voire hydromorphe. Là, la technique est risquée car il faut pouvoir rentrer dans la parcelle dès le stade filament des adventices.
Trois chénopodes par mètre linéaire font perdre 60 % de rendement
Agrobio 35 a conduit des essais pendant cinq ans, entre 2005 et 2009 en Ille-et-Vilaine, sur du maïs ensilage, sur les seuils de nuisibilité des adventices. Il ressort que certaines, même à faible densité, ont de gros impacts sur le rendement. « Trois chénopodes par mètre linéaire font perdre 60 % de rendement », chiffre David Roy. Il met aussi en garde contre les renouées persicaires. En revanche, « les morelles sont moins problématiques, mais elles peuvent être toxiques à certains niveaux pour les animaux ».
Côté web
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site d’Agrobio 35