Les méfaits des fils de fer ingérés
Les bovins ne voient pas exactement ce qu'ils consomment et ne font aucun tri, même pas des graviers, contrairement aux petits ruminants qui trient avec leurs lèvres. Ce qui rentre dans la bouche termine donc sa course dans le réseau et c'est là que ça se complique.
Les bovins ne voient pas exactement ce qu'ils consomment et ne font aucun tri, même pas des graviers, contrairement aux petits ruminants qui trient avec leurs lèvres. Ce qui rentre dans la bouche termine donc sa course dans le réseau et c'est là que ça se complique.
1- Le corps étranger est piégé dans le réseau
La structure alvéolée de la paroi du réseau bloque facilement un fil de fer rigide que les aliments ingérés n'ont plus qu'à pousser dehors, c'est-à-dire tout droit devant lui. Et c'est facile car à cet endroit, la paroi ruminale a une épaisseur d'environ un centimètre. Juste derrière elle se trouve la cavité abdominale limitée en avant par le diaphragme, guère plus épais. Le fil de fer qui franchit la paroi du réseau peut prendre alors des trajectoires différentes. Il peut obliquer vers la rate ou longer le diaphragme vers la droite pour se loger près de la caillette et du feuillet. Il lui arrive même de terminer sa course dans le foie. Plus souvent, il va tout droit, traverse le diaphragme et va infecter le péricarde qui enveloppe le cœur mais il peut aussi lui arriver d'obliquer légèrement en direction de la plèvre ou du poumon.
Comme il n'est évidemment pas stérile puisqu'il charrie les bactéries du rumen, il crée dans tous les cas sur son passage une infection locale qui elle aussi pose problème.
2 - Des signes manifestes quand il est bien tard
Les premiers signes, ceux qui accompagnent la pénétration du fil de fer dans la paroi du rumen, sont souvent discrets : la vache peut ressentir une douleur lorsque la masse abdominale pousse le corps étranger, plus souvent donc lorsqu'elle se déplace ou lorsqu'elle se couche. Au cours de cette première phase douloureuse, la vache vient manger, la production fléchit et l'indice de rumination baisse sans explication.
Ensuite, avec la progression du corps étranger débute une péritonite localisée qui se traduit aussi par une fièvre rarement au-dessus de 39,5°. Les trois signes que sont une baisse de production, la fièvre et le signe du garrot (voir encadré) sont en faveur de ce type d'infection qu'une échographie de la zone du sternum peut mettre en évidence. À ce stade, l'aimant n'est pas certain de stabiliser le fil de fer. Aussi la fin de l'histoire dépend de sa localisation finale. Les choses peuvent en rester là si le métal se désagrège ; il n'en restera que des adhérences parfois gênantes pour la motricité ruminale.
La péritonite locale peut aussi évoluer en abcès péritonéal avec un amaigrissement marqué qui précède la mort de quelques semaines. Lorsque la rate est infectée les bactéries essaiment massivement dans le foie par voie sanguine, lorsque le fil de fer traverse le cœur l'animal meurt d'une brutale hémorragie mais la plupart du temps il infecte le péricarde qui sécrète en quelques jours plusieurs litres de jus purulents qui compriment le cœur. La veine jugulaire se gonfle alors en permanence et devient visible à tout moment. Il n'est évidemment plus temps de faire avaler un aimant mais il est peut-être encore temps de tenter l'opération de la dernière chance.
3 - Mieux vaut prévenir à défaut de guérir !
Les ensileuses veillent désormais au grain ! On ne voit donc plus guère de fils de clôture dans les cadavres mais on peut trouver des fils très rigides arrivés là avec des matières premières alimentaires, une lame de scie sauteuse, des fils ou des éclis métalliques laissés par des travaux, par la désileuse ou la mélangeuse dont les pièces se dégradent. Si c'est le cas, il n'est pas inutile d'administrer un aimant à chaque adulte ; deux sont inutiles et peuvent même prendre la paroi en sandwich en se collant l'un à l'autre.
Et lorsqu'une vache est malade ? Le diagnostic s'appuie sur les signes associés à une péritonite localisée et sur l'échographie lorsque l'appareil du véto s'y prête et, dans ce cas, il est encore possible d'aller chercher le fil de fer. Mais en l'absence d'échographie, le diagnostic reste incertain et la confusion est possible avec toutes les autres causes de péritonite localisée. Dans le doute, il est vraisemblable que le véto fasse avaler un aimant et prescrive une antibiothérapie basique suffisamment longue pour espérer stabiliser l'infection.
Et en cas de péricardite récente ? Il est possible que votre véto vous propose d'ouvrir le péricarde pour soulager la vache et lui permettre de terminer honorablement sa carrière.
Le signe du garrot
Le pincement brutal de la ligne du dos juste en arrière des épaules impose à la vache de se cambrer et la ligne du ventre fléchit aussi. Lorsqu'un fil de fer est piqué dans la paroi du réseau ou du diaphragme, quelques centimètres au-dessus de la peau, il y a des risques que la vache émette une plainte ou manifeste de la douleur.