« Au tarissement, le premier objectif est d’optimiser l’ingestion des vaches »
Pour Jean-Marc Héliez, vétérinaire-nutritionniste, le niveau de déficit énergétique en début de lactation est plus lié au niveau d’ingestion qu’à celui de la production laitière.
Pour Jean-Marc Héliez, vétérinaire-nutritionniste, le niveau de déficit énergétique en début de lactation est plus lié au niveau d’ingestion qu’à celui de la production laitière.
Pourquoi se focaliser sur l’ingestion ?
Mais au-delà de l’ingestion, la conduite de l’alimentation doit aussi permettre de prévenir l’hypocalcémie et de limiter le stress oxydatif qui pénalise l’immunité des animaux. Le quatrième objectif est de préparer la vache à la ration suivante. Il faut au minimum 50 % de fourrage commun avant et après vêlage. L’augmentation du taux d’amidon ne doit pas dépasser 5 % lors de la transition alimentaire. La prévention de l’acidose commence avant vêlage. »
Quels sont les facteurs qui la pénalisent ?
À l’inverse, il faut plutôt reconcentrer la ration en fin de tarissement à un moment ou les besoins augmentent fortement alors que l’ingestion baisse. Il est donc important de respecter un bon équilibre entre énergie, protéine et fibre de la ration tout au long du tarissement et pas seulement pendant la phase de préparation au vêlage. »
Quelles sont vos préconisations ?
Puis, pendant la phase de préparation vêlage, qui doit durer au moins trois semaines, on va reconcentrer cette ration pour couvrir les besoins de la vache et compenser la baisse d’ingestion. Mais attention, il ne s’agit pas de lâcher les chevaux. Les vaches doivent encore consommer suffisamment de fibres. Cette phase permet d’ajuster les apports en énergie, en protéines, mais aussi en minéraux (magnésium en particulier) et vitamines (E et D notamment) afin de limiter le stress oxydatif et les risques d’hypocalcémie. Sur ce dernier point, le contrôle de la Baca est déterminant. »
Comment limiter le risque d’hypocalcémie ?
Enfin, quand cela est possible, on préfèrera une ration mélangée avec la fibre coupée très courte (paille broyée ou ensilée…). On étale ainsi l’ingestion de l’ensilage de maïs sur la journée et on améliore nettement la consommation de paille. Tout cela est favorable à l’appétit autour du vêlage. »
Que préconisez-vous avec du pâturage ?
Même dans des systèmes à dominante herbe, avec un niveau de production moins exigeant, je préfère une phase de préparation au vêlage spécifique et à moindre risque : par exemple, pâturage « paillasson » avec du foin en libre- service, 2 kg de mélange céréalier (triticale-pois par exemple) et du chlorure de magnésium avec l’eau d’abreuvement. On peut aussi laisser de l’ensilage d’herbe jusqu’au vêlage, notamment si la ration d’après contient une base d’herbe importante. Il faut juste apporter assez de magnésium et de sels anioniques pour baisser la Baca. Faire doser le potassium de l’herbe vaut aussi le coup. Avec une herbe à +170 mEq/kg MS de Baca ou à +400 mEq/kg MS, le risque n’est pas le même ! »
La conduite en un seul lot, toujours pénalisante ?
« Non. C’est un compromis quand on ne peut pas faire deux phases. Quand c’est bien conduit ça fonctionne », explique Jean-Marc Héliez. Mais dans ce cas, on ne pourra pas être parfait à la fois sur le début de tarissement et la préparation vêlage, ni faire de Baca négative. « On fera une ration intermédiaire entre celle du début de tarissement et celle de préparation au vêlage, et pour réduire le temps d’excès énergétique en début de tarissement on diminuera la période sèche à six semaines. » Mais réduire la durée du tarissement a plutôt un effet négatif sur l’expression du pic de lactation et sur la production colostrale.