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« Le pâturage hivernal des vaches laitières implique des précautions »

La première année d’expérience d’une soixantaine d’éleveurs bretons férus de pâturage hivernal casse le nez aux a priori sur le pâturage hivernal et montre qu’il faut oser se lancer.

« Même s’il suscite encore des craintes et des interrogations, le pâturage hivernal constitue une opportunité qu’il serait dommage de ne pas saisir si le contexte pédoclimatique s’y prête », partage Stéphane Boulent, conseiller à la chambre d’agriculture de Bretagne et en charge du programme Winter Pat rassemblant des éleveurs de bovins autour de cette pratique.

Ne pas gaspiller ce potentiel fourrager

 

 
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Stéphane Boulent, de la chambre d'agriculture Bretagne : « Les observations se poursuivent pour créer des références sur le pâturage hivernal des laitières. » © CRAB

« Contrairement aux idées reçues, l’herbe d’hiver présente une bonne valeur alimentaire. Sa qualité est proche de celle d’automne si la pousse perdure dans la saison », rassure-t-il. Les analyses du groupe révèlent des teneurs de 0,94 à 1 UFL/kg MS et 21 à 24 % de MAT. « Il n’y a pas de crainte à descendre jusqu’à 3-4 cm, les feuilles s’insérant au niveau du plateau de tallage. Pâturer ras en hiver se montre d’autant plus intéressant que la densité s'avère plus élevée dans le bas du couvert. »

L’hiver dernier, le rendement des parcelles de novembre à février – estimé sur une quarantaine de fermes à partir de la consommation des animaux – a oscillé entre 0,8 et 1,2 t MS/ha. Soit l’équivalent d’une pousse journalière de 8,3 kg MS/ha en moyenne.

Vigilance sur la portance des parcelles

Qu’en est-il du risque de dégradation des parcelles, souvent évoqué comme un frein ? « En Bretagne, les hivers sont pluvieux, mais dans pas mal d’endroits les sols restent portants. »

 

 
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© S. Boulent

En limitant le chargement instantané et/ou le temps de présence des animaux, ce risque est maîtrisé. « Un pâturage tournant avec des temps de retour assez longs (50 à 60 jours) engendre peu de problèmes si les animaux passent sur un même paddock deux jours d’affilée à raison de 4 à 5 heures par jour », indique Stéphane Boulent. Et de poursuivre : « les éleveurs sont souvent surpris par la faculté de la terre  à ''se refaire'' et de la végétation à repartir. » Il n’est pas rare que des marques de 3 à 4 cm de profondeur dans le sol en décembre janvier aient quasiment disparu au printemps. Les traces de mars, quant à elles, ont davantage de mal à s’atténuer.

Autre enseignement du groupe : la repousse ne semble pas pénalisée. Au contraire, le fait de pâturer aurait tendance à donner de la lumière au trèfle.

Pas de pâturage hivernal sans bons chemins

Parmi les principales conditions de réussite, citons la qualité des chemins, et en particulier leur capacité à évacuer l’eau. « C’est indispensable en hiver pour pâturer dans de bonnes conditions, sans quoi l’accès aux parcelles se complique sérieusement. » L’idéal est de créer une entrée et une sortie différente. « Veiller à un seul pâturage par paddock pendant l’hiver limite aussi la dégradation des entrées de parcelles. » Au-delà de trois ans, la résistance des prairies au piétinement ne semble pas différer. Par contre, la vigilance est de mise pour les jeunes prairies.

Créer des références

Winter Pat est un programme régional de trois ans, piloté par la chambre d’agriculture Bretagne et l’Adage 35 et financé par la région Bretagne dans le cadre des collectifs agroécologiques.

Une soixantaine d’éleveurs peuvent échanger sur leurs pratiques de pâturage hivernal, expérimenter en collectif et établir de nouveaux repères. L’hiver dernier particulièrement pluvieux a donné l’occasion de collecter des données sur les conditions de mise en œuvre du pâturage dans un contexte de portance compliqué. Différents protocoles de suivi de parcelles permettront d’approfondir les impacts techniques, économiques, environnementaux et sociaux.

Les plus

Bien-être animal

Moins de risques sanitaires

Économie de fourrages stockés et correcteur

Performance économique

Les moins

Risque de dégradation des parcelles

Plus de temps de travail si cumul pâturage et bâtiment

Plus de pénibilité selon la météo

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