Quelle place du maïs épi dans les assolements ?
Hugues Chauveau - « Deux stratégies principales. La première que l’on qualifie de conjoncturelle, à savoir une récolte de l’excédent de
maïs fourrage. Nous partons sur un raisonnement maïs fourrage pour le choix variétal, mais toujours de catégorie
ensilage.
Second cas de figure : le maïs épi va avoir une place structurelle dans les exploitations, notamment dans les systèmes basés sur l’herbe. Le raisonnement est différent, y compris dans le choix variétal où l’on s’oriente vers des variétés de maïs grain. »
Quelles sont les spécificités agronomiques de la conduite par rapport à du maïs ensilage plante entière ?
H. C. - « Nous allons tendre à une conduite proche de celle du grain, aussi bien sur la précocification de la date de semis que sur la densité : nous allons avoir tendance à sous-densifier. Il ne faut pas être trop gourmand sur la précocité des maïs, en évitant de trop tardifier car nous sommes sur des récoltes plus tardives qu’en plante entière. Et plus la récolte est tardive, plus il y a de risques de verse et sanitaires, y compris de mycotoxines. »
Quel stade de récolte viser ?
H. C. - « La préconisation est de
récolter à 35 % humidité du grain, ce qui correspond à 50-60 % de matière sèche de l’épi complet, pour avoir le
rendement maximum de l’épi tout en conservant une humidité suffisante pour l’
acidification du silo. Ça correspond à 200 °C jour, en base 6-30 °C après le stade de récolte 32 % de matière sèche. Suivant les secteurs et les années, cela fait environ dix jours à trois semaines après la récolte plante entière à 32 % de matière sèche. Quand on récolte de l’épi, on restitue 35 % de la biomasse au sol. »
Comment récolter le maïs épi ?
H. C. - « Par un bec cueilleur monté sur une ensileuse. Le stade du grain est plutôt mature, l’amidon est peu digestible et assez vitreux. L’éclatement est très important pour favoriser la digestion. L’objectif est d’avoir les grains les plus pulvérisés possible, et ce d’autant plus que le silo de maïs épi est ouvert rapidement à l’automne. Pour cela, les éclateurs sont resserrés au maximum avec un fort différentiel de vitesse et une longueur de coupe réglée au minimum. Le débit de chantier est compris entre 2,5 et 3,5 ha/h. Au niveau logistique, il faut deux fois moins de bennes qu’en plante entière car le rendement est moindre et le densité est plus élevée. »
Comment conserver le maïs épi ?
H. C. - « Globalement, tout est possible en modes de stockage : silo couloir, demi-couloir, taupinière, boudin, balle enrubannée. C’est un choix logistique et économique. La densité de l’épi est deux fois supérieure à la densité du maïs plante entière, en fonction de la hauteur du silo et de la teneur en matière sèche. C’est important de bien dimensionner le silo pour aboutir à des vitesses d’avancement cohérentes pour éviter les échauffements : 10-15 cm par jour en hiver, 20-25 cm par jour en été. Les conservateurs appliqués à l’ensileuse – soit biologiques (bactéries hétérofermentaires), soit des acides propioniques – apportent une aide technique. Au moins trois semaines de fermeture de silo sont nécessaires pour l’acidification, idéalement deux mois pour mieux valoriser l’amidon. »
Comment l’utilise-t-on dans les rations ?
H. C. - « Le maïs épi est à considérer comme un concentré, plus sécurisé que le maïs grain humide. Plusieurs cas d’intégration dans les rations sont possibles. Le premier, en quantité modérée (2 à 5 kg MS) pour substituer l’aliment énergétique ou une partie de l’aliment de production dans des rations à base de maïs ou mixtes. Il est possible de monter jusqu’à 8 kg MS dans des rations qui comportent une forte part d’herbe, de méteil ou de luzerne pour compenser la moindre valeur énergétique des fourrages prairiaux. »