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Le drone, un outil au service de l’optimisation des intrants

Du petit modèle embarquant une caméra et un capteur multispectral aux plus gros modèles utilisés pour le semis, le largage ou encore la pulvérisation, les drones participent à la collecte des données indispensables à l’agriculture de précision. Contribuant à baisser les quantités d’intrants, ils répondent aux enjeux sociétaux, environnementaux et économiques actuels.

Utilisés à l’origine pour observer les cultures ou compter le nombre de plants dans les vignes à l’aide d’une caméra classique, les drones ont vu leurs équipements évoluer, en adoptant un système GPS RTK et des capteurs multispectraux constitués de 5 à 10 bandes spectrales (bleu, verte, rouge, proche infrarouge…). La quantité de lumière absorbée et réfléchie par les plantes est recueillie par ces capteurs, puis traitée via des logiciels d’imagerie, tels que Pix4D. Les cartes générées en sortie, basées pour la plupart sur des indices de végétation comme le NDVI, sont analysées par des « éditeurs », qui ont recours à leur propre OAD (outil d’aide à la décision). “Ces solutions, généralement facturées à l’hectare, fournissent des cartes de conseil (préconisation, zones soumises à du stress hydrique…) aux agriculteurs et les accompagnent dans leur prise de décision” souligne Maël Zwickert, expert applications agriculture par drones chez Abot.

Lire aussi : Des drones gros porteurs pour semer des couverts dans les cultures avant récolte 

Ces cartes peuvent ensuite être intégrées dans la console du tracteur pour de la modulation de dose d’azote, par exemple. Il est possible aussi d’utiliser son propre drone et logiciel pour générer ses indices de végétation (NDVI, NDRE, GNDVI…). Pour cela, des entreprises comme Agrodrone, ABOT ou encore Escadrone proposent, en plus de la licence et d’une formation obligatoire au pilotage, des aéronefs plus ou moins équipés. Cette collecte de données contribue, par exemple, à économiser 10 à 15 % d’azote lors d’un épandage modulé sur blé. Dans cette optique, une expérimentation est portée par la Chambre d’agriculture de la Somme, en partenariat avec la Chambre d’agriculture de l’Aisne et avec le support de l’Agence de l’Eau et du CasDAR, sur le désherbage ciblé des adventices, afin de moduler les doses de produit phytosanitaire lors de la pulvérisation.

Cibler le désherbage sur les vivaces

 « L’objectif du programme expérimental est de détecter et localiser les adventices vivaces, puis de produire une carte de préconisations de désherbage compatible avec la console du pulvérisateur. Notre ambition est de réduire la quantité de désherbant utilisé par la localisation du traitement », expliquent Aline Dupont et Aurélien Duménil, conseillers à la Chambre d’agriculture de la Somme. La pulvérisation par drone étant restreinte au titre d’expérimentation sur des surfaces agricoles classées HVE ou biologique, présentant une pente supérieure ou égale à 30 %, l’utilisation du drone s’est donc concentrée sur la géolocalisation des vivaces. « Pour cela, nous utilisons un drone équipé d’un capteur haute résolution à 10 bandes spectrales. L’objectif est de mettre à profit le nombre important de bandes spectrales pour détecter les vivaces comme les chardons. »

Travailler sur la compatibilité avec les pulvérisateurs

La précision des résultats repose en particulier sur la phase de géolocalisation des adventices par le drone. « Un compromis est à trouver entre hauteur de vol, vitesse d’avancement et autonomie de la batterie. Les vols bas et lents favorisent la résolution et donc la détection des adventices, mais pénalisent la surface d’acquisition et la quantité de données collectées, alors qu’un vol plus haut capte une plus grande surface de données qui seront moins faciles à exploiter. » Partant du constat que les solutions couplant la détection et la pulvérisation ciblée en un seul passage sont coûteuses, Aline Dupont rappelle : « Le but est de proposer à terme une solution accessible pour tous les agriculteurs, compatible quel que soit le matériel. Pour l’instant, nous cherchons à déterminer la compatibilité des différentes marques de pulvérisateur et définir les seuils de déclenchement du traitement sur les tronçons qui peuvent, par exemple, dépendre du taux de recouvrement défini dans les paramètres du pulvérisateur. »

Des drones d’envergure pour le semis de couvert et le largage

De nombreux avantages peuvent justifier le semis d’un couvert avant récolte : profiter des pluies pour favoriser la levée, anticiper la couverture du sol ou encore libérer du temps de travail après récolte. À un certain stade de la culture ou dans certaines conditions, il est difficile de passer avec un tracteur sans abîmer les plantes ou le sol. Certains drones, oscillant entre 20 à 25 kg de PTAC, sont au point pour effectuer cette opération, grâce à une trémie d’une dizaine de litres, ou pour larguer des capsules de trichogrammes contre la pyrale ou encore pulvériser en ajoutant une rampe prévue à cet effet. Lilian Marolleau, fondateur de l’entreprise Reflet du Monde, spécialisée dans la prise de vues aériennes, détaille le déroulement des semis : « La densité de semis, réglable par l’ouverture d’un petit disque d’épandage situé sous la trémie et via la vitesse d’avancement du drone, est une opération maîtrisée. Le drone sème sur 6 mètres de large et suit le relief de la parcelle en se basant sur la canopée de végétation, en la survolant à une hauteur de 3 mètres, grâce à un capteur topographique. Jusqu’à 4 à 5 ha peuvent être semés par heure, un rendement semblable à un tracteur avec semoir. » Cette opération demande de recharger plusieurs fois la trémie, de remplacer régulièrement les deux batteries et de privilégier les petites graines, telles que la moutarde, la vesce ou la phacélie. « Les pluies succédant au semis sont le facteur le plus déterminant pour une bonne levée », ajoute Lilian Marolleau. Ce type de drone est aussi plébiscité dans le cadre de la lutte biologique en arboriculture, pour l’application de phéromones.

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