« Foin et concentrés au menu de la préparation au vêlage de nos 160 laitières »
À la SCEA de Virly, dans l’Indre, les hautes productrices reçoivent désormais, trois semaines avant vêlage, une ration sèche à base de foin fibreux et de concentrés spécifiques distribués au DAC. Avec ce changement, les lactations démarrent mieux.
À la SCEA de Virly, dans l’Indre, les hautes productrices reçoivent désormais, trois semaines avant vêlage, une ration sèche à base de foin fibreux et de concentrés spécifiques distribués au DAC. Avec ce changement, les lactations démarrent mieux.
À la tête d’un troupeau de 160 laitières à 10 600 kg de lait avec trois robots, Michiel Goris a modifié la conduite alimentaire de ses taries il y a quatre ans. « Classiquement, je distribuais une ration mélangée à base de foin, ensilage d’herbe, ensilage de maïs, plus des CMV et bolus adaptés aux vaches taries, dépeint cet éleveur rigoureux et technique. Mais j’étais moyennement content des démarrages en lactation et, côté boulot, il fallait faire un mélange tous les jours en été et tous les deux jours en hiver. »
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Michiel est donc parti sur une autre approche - notamment pratiquée aux Pays-Bas et en Italie - qui peut paraître surprenante mais qui lui donne entière satisfaction techniquement et en termes de travail. Concrètement, le tarissement dure cinquante jours. Les cinq jours qui le précèdent, les concentrés diminuent au robot, jusqu’à zéro à J-2. « La veille du tarissement, on trie les vaches, elles sont isolées 24 heures et n’ont que de la paille ce jour-là, détaille Michiel. Puis, elles passent au robot une dernière fois avant d’être traitées à l’antibiotique et de recevoir deux bolus couvrant leurs besoins en oligoéléments et vitamines. »
Des vaches taries en logettes et complémentées au DAC
Elles rejoignent alors le lot des vaches taries. Ce lot unique rassemble une quinzaine de bêtes, dans le prolongement de la stabulation des laitières. Elles ne sont pas logées sur aire paillée, mais disposent de logettes matelas un peu plus larges que celles des laitières (1,25 m) recouvertes d’une bonne couche de farine de paille. Elles sont nourries exclusivement avec un foin de RGH grossier de 2e ou 3e coupe pendant les quatre premiers jours. Ce foin est plus appétent que celui d’une prairie naturelle. À partir du 5e jour, en plus des 10 kg MS de foin qu’elles consomment assez bien, elles sont complémentées avec 2 kg d’une VL à 23 % de MAT… au DAC !
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« Avec le DAC, l’avantage est que l’on est sûr de ce que consomme chaque vache et les apports sont réguliers au fil de la journée. » Trente jours avant le vêlage, le concentré change. Chaque vache reçoit alors 4,5 kg d’une VL à 21 % de MAT spécial vaches taries, formulée à la carte en fonction de l’analyse annuelle du foin. « C’est important d’avoir un foin d’excellente qualité, sain, propre et récolté dans de bonnes conditions, insiste l’éleveur. Si j’ai un doute à la récolte, je fais un fanage supplémentaire. Une année, j’ai récolté un moins bon foin, et les résultats sur les taries ont été décevants. »
Analyse systématique de la teneur en minéraux du foin
« Contrairement à une idée reçue, il est possible d’alimenter les vaches en préparation au vêlage avec de l’herbe, mais à condition d’adapter la formulation du concentré à la teneur en minéraux du fourrage », avance Nicolas Pommé, d’ABL (Aliments du bétail Limousin). On observe en effet de fortes disparités entre régions et selon les pratiques de fertilisation. « Ici, par exemple, Michiel cultive l’herbe comme une culture et l’herbe est très riche en potassium. Dans la formule de son concentré, il faut donc taper fort en sels anioniques pour parvenir à descendre suffisamment la Baca, tout en maintenant un aliment appétent. »
Bien que les vaches basculent, après le vêlage, sur un régime constitué pour moitié d’ensilage d’herbe et d’ensilage de maïs, elles s’adaptent très vite à la ration de lactation. « Cela m’a surpris, mais il n’y a aucun problème de transition, constate Michiel. Grâce au concentré, la flore bactérienne amylolitique reste bien présente. Autre avantage : le foin agit comme un hépatoprotecteur naturel. » Avec cette conduite, les vaches maintiennent davantage leur capacité d’ingestion. « J’ai moitié moins d’acétonémie », précise l’éleveur, qui apprécie aussi que les vaches taries soient très calmes. « Il n’y a pas de bagarre. Les génisses amouillantes intègrent ce lot six semaines avant vêlage, elles s’habituent ainsi au DAC et démarrent bien mieux leur lactation. »