Ensilage d’herbe : le préfanage limite le risque de butyriques
Pour ensiler de la luzerne, Arvalis recommande un taux de matière sèche d’au moins 35 %. L’effet est majeur sur la préservation de la protéine et la qualité sanitaire du fourrage.
Pour ensiler de la luzerne, Arvalis recommande un taux de matière sèche d’au moins 35 %. L’effet est majeur sur la préservation de la protéine et la qualité sanitaire du fourrage.
Sur quatre campagnes, Arvalis a suivi soixante-trois chantiers de récolte d’ensilage de luzerne dans le Grand Ouest pour objectiver l’impact de l’itinéraire technique sur la qualité du fourrage. Premier constat : le stade de récolte reste le premier facteur déterminant de la qualité. Faucher précocément — à un stade début bourgeonnement au premier cycle — favorise la valeur alimentaire. Jusqu’ici rien de très nouveau, me direz-vous... Ce qui l’est davantage, c’est que dans les chantiers suivis, la durée du préfanage n’a pas eu d’effet sur la digestibilité du fourrage, contrairement à ce que l’on avait tendance à penser. « C’est plutôt une bonne nouvelle, avance Anthony Uijttewaal, d’Arvalis. Cela milite pour l’allongement de la durée de préfanage. La priorité doit aller au taux de matière sèche, quitte à laisser le fourrage plus longtemps au sol, sans dépasser trois jours. » Autrement dit, il ne faut pas s’interdire d’allonger la durée de préfanage en passant de 36 heures à 72 heures, si ce laps de temps permet de récolter un fourrage à 35 % de matière sèche plutôt qu’à 25 %. Lors des suivis, la teneur en sucres à la mise en silo n’ était pas non plus liée à la durée du préfanage, ni à l’heure de fauche.
Priorité au stade et au taux de matière sèche
Ce constat est confirmé par deux essais d’Arvalis, menés en 2015 et 2016, dans des conditions de préfanage très différentes. « Après 60 heures de préfanage, le fourrage a affiché la même digestibilité et la même teneur en sucres que l’herbe sur pied, rapporte le spécialiste. Cela s’expliquerait par le fait que la plante continue de respirer (et donc de mobiliser ses sucres de réserve) mais qu’en parallèle la photosynthèse se poursuit, ce qui permet de compenser la perte de valeur. »
En outre, l’élévation du taux de matière sèche à la récolte permet aussi de préserver la qualité de la protéine en évitant qu’elle soit trop prédigérée durant la conservation. Et cela est d’autant plus important que le fourrage est riche en protéines.
Un troisième élément, en lien avec le risque butyrique, plaide également en faveur d’une récolte de l’ensilage de luzerne à un taux de matière sèche supérieur à 35 %. Les opérations de fanage et de regroupement d’andains augmentent la contamination en terre du fourrage, et donc potentiellement le risque de butyriques. « Toutefois, à travers les chantiers suivis, nous nous sommes rendu compte que le développement des spores butyriques durant la conservation devient faible, voire nul, si le fourrage dépasse 35 % de matière sèche à la récolte, précise Anthony Uijttewaal. Y compris en regroupant les andains. » En visant au minimum ce taux de matière sèche, le regroupement d’andains permet de concilier rapidité et coût de chantier, sans nuire à la qualité sanitaire du fourrage.
63 chantiers d’ensilage suivis
Dans le cadre du programme SOS Protein, le projet 4AgeProd a permis de suivre 63 chantiers d’ensilage de luzerne sur des élevages des Pays de la Loire et de Bretagne, de 2014 à 2017, en partenariat avec la FRCuma Ouest. Les années climatiques ont été très contrastées. L’étude a relevé les itinéraires de récolte, le stade, la hauteur de fauche, la longueur de coupe et l’analyse du fourrage à l’entrée du silo. En termes de matériel, la récolte s’est faite à la remorque autochargeuse (18 chantiers) et à l’ensileuse automotrice (45 chantiers). La mesure de la densité des silos et l’analyse de la conservation ont été réalisées.