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« En reproduction des vaches laitières, il faut cibler ses efforts sur le taux d’insémination »

Une approche combinant outil de monitoring pour détecter les chaleurs, diagnostic de gestation fréquent et traitements hormonaux ciblés améliore le taux d’insémination et donc la rentabilité économique de l’élevage, assure Vincent Caldwell, vétérinaire québécois.

« En théorie, la meilleure rentabilité économique est obtenue avec un intervalle vêlage-vêlage de 365 jours. En pratique, compte tenu des contraintes de terrain, il faut viser 385 jours », a expliqué Vincent Caldwell, vétérinaire au Québec, lors de son intervention aux troisièmes rencontres Bov’Idée organisées par la société Synthèse Élevage.

L’objectif d’IVV doit être modulé en fonction des systèmes. Au Québec, les vaches (en moyenne 78 par élevage) produisent plus de 9 000 kg de lait par lactation. Le pâturage est quasi exclusivement réservé aux élevages bio. « Cet objectif d’intervalle vêlage-vêlage permet d’optimiser le mois moyen de lactation autour de 5 à 5,5 mois et ainsi de produire plus de lait par jour », assure Vincent Caldwell. Comment l’atteindre ? L’IVV dépend du taux de gestation. Lequel prend en compte deux critères : le taux d’insémination et le taux de réussite à l’insémination.

Un taux d’insémination compris entre 70 et 80 %

« Le taux de réussite à l’insémination dépend du timing de l’insémination par rapport à l’ovulation, de la fertilité du taureau, de la santé utérine, du climat, du stress, de l’inséminateur, de la génétique et de la nutrition. » Il est influencé par beaucoup de variables dont plusieurs sont difficiles, voire impossibles à influencer. « Les efforts pour maintenir un taux de réussite à l’IA acceptable sont donc importants (suivi alimentaire, vétérinaire…). Ils sont rarement spectaculaires et ils ont malheureusement généralement peu d’effet sur le nombre de jours en lait », décrit le vétérinaire.

D’où son conseil de cibler ses efforts plutôt sur le second critère pris en compte pour calculer le taux de gestation, à savoir le taux d’insémination. Ce dernier s’obtient en divisant le nombre de vaches inséminées par le nombre de vaches éligibles à la reproduction par cycle de 21 jours. « Nous visons un taux d’insémination compris entre 70 et 80 %. » Le taux d’insémination dépend directement du délai qui s’écoule entre le vêlage et la première insémination. Aussi de l’intervalle de temps qui sépare les inséminations de rang 2, 3 voire plus.

Des diagnostics de gestation fréquents

Pour optimiser le taux d’insémination, le vétérinaire a recensé quatre leviers. Le premier levier consiste à inséminer les vaches éligibles à la mise à la reproduction dès 50 à 60 jours post-partum. Inséminer suffisamment tôt implique d’avoir des repères. Lors de ses suivis en élevage, l’une des données qu’il utilise le plus est l’intervalle vêlage-insémination fécondante. « En théorie, il doit être de 105 jours pour atteindre l’objectif d’IVV de 385 jours. » Mais, compte tenu des pertes de gestations causées par des mortalités embryonnaires tardives ou des avortements (10 % et jusqu’à 16 %), pour rester dans les clous, mieux vaut viser un intervalle vêlage-insémination fécondante de 100 jours.

Le deuxième levier consiste à réaliser fréquemment des diagnostics de gestation pour ne pas perdre de temps. « La fréquence peut varier de toutes les deux, trois ou quatre semaines en fonction de la taille du troupeau et de l’efficacité de la détection des chaleurs. Plus la détection des chaleurs est faible, plus la fréquence des diagnostics de gestation doit être élevée. » La qualité de détection des chaleurs est par conséquent le troisième critère valorisé par le vétérinaire.

Le quatrième consiste à utiliser des traitements hormonaux pour provoquer des ovulations suivies d’une insémination à l’aveugle. Mais l’emploi systématique de traitements hormonaux n’est plus d’actualité dans la pratique du vétérinaire depuis quelques années pour plusieurs raisons. « Les outils de monitoring de la repro mesurant l’activité des animaux sont arrivés. Ils se sont démocratisés et améliorés. Ils sont de plus en plus répandus dans les élevages. Par ailleurs, l’acceptabilité sociétale d’un traitement hormonal basé sur un grand nombre d’injections décline au Québec et encore plus en Europe », constate Vincent Caldwell.

Une approche moins dépendante des traitements hormonaux

Par ailleurs, le développement de la traite robotisée (environ 40 % de robots de traite dans les élevages suivis par le vétérinaire) se prête mal à un protocole avec plusieurs injections d’hormones par vache. Dans ce contexte, le vétérinaire conseille d’utiliser les détecteurs de chaleurs et moins d’hormones.

Grâce à un suivi repro régulier, les vaches non gestantes après une première insémination ou non vues en chaleurs sont rapidement repérées. Elles peuvent alors faire l’objet d’un traitement hormonal différent selon l’activité de leurs ovaires (présence ou non d’un corps jaune sur un ovaire). Pour les inséminations suivantes, Vincent Caldwell conseille d’essayer de récupérer un maximum de vaches grâce à une détection des chaleurs combinant l’utilisation d’un outil de monitoring et l’observation visuelle par l’éleveur avant de recourir à un traitement hormonal adapté. « Ce type d’approche est moins dépendante des protocoles hormonaux. Mais elle demande une attention et une motivation un peu plus soutenues de la part de l’éleveur et du vétérinaire. »

Définition

Le taux d’insémination s’obtient en divisant le nombre de vaches inséminées par le nombre de vaches éligibles à l’insémination par cycles de 21 jours.

Le taux de gestation se calcule en multipliant le taux d’insémination par le taux de réussite à l’insémination.

L’IVV, une donnée à utiliser avec des pincettes

La valorisation de l’intervalle vêlage-vêlage pour dresser un bilan repro a des limites. « Nous ne connaissons le résultat qu’au bout d’un an. Malheureusement, cette donnée est biaisée par les vaches qui ont été réformées après 5, 6 ou 7 inséminations et qui n’ont pas été gestantes. Il faut donc l’interpréter avec prudence », prévient le vétérinaire. « La meilleure mesure du résultat final du protocole mis en place, c’est le nombre de jours en lait moyen ou le mois moyen de lactation. Parce qu’il tient compte de toutes les vaches. »

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