Aller au contenu principal

[En Espagne] Les associés de la SAT Lodos e Pérez parient sur l’avenir du lait

En Galice, la famille Lodos a investi 1,4 million d’euros en 2019 pour améliorer le confort de travail et celui des 160 vaches du troupeau. Mais aussi pour inciter les enfants à prendre le relais.

La Galice, à l’extrême Nord-Ouest de l’Espagne, est le principal bassin laitier espagnol : environ 6 500 exploitations, 3 millions de tonnes de lait produites en 2020 et environ 60 vaches par troupeau. Malgré cette dynamique, la question du renouvellement des générations se pose. Consciente du problème, la famille Lodos a pris un virage important en 2019. Les éleveurs ont investi 1,4 million d’euros remboursables en quinze ans dans un nouveau site.

« Notre rêve était d'avoir un outil moderne pour que les personnes qui nous succèderont trouvent notre exploitation attrayante », explique Alfonso Lodos, associé avec sa femme Maria Del Mar et son frère Juan Carlos. Cette motivation a conduit les associés de l’exploitation familiale, la SAT Lodos e Pérez, à construire une nouvelle stabulation en y intégrant plusieurs innovations technologiques disponibles sur le marché.

Le projet a été murement réfléchi et très bien ficelé. « Nous avons construit une fosse à lisier sur ce nouveau site il y a sept ans avec le projet de construire une nouvelle stabulation ici. Le fait d’avoir des enfants nous a incités à nous lancer dans cette aventure. Mon frère a deux enfants, Candido (14 ans) et David (17 ans), et nous avons une petite fille, Maria (4 ans). Maintenant, ils auront le confort pour continuer s'ils le veulent. Pour nous, ce serait un bonheur si l'un des trois continuait », souligne Alfonso Lodos.

Aide d’un frère vétérinaire et d’un autre architecte

 

 
Deux robots de traite ont été mis en route en décembre 2019.  Environ 115 vaches sont traites actuellement par les deux robots et 25 autres sur un autre site. Un troisième robot sera mis en route cette année avec l’objectif de ne pas traire plus de 160 vaches pour ne pas saturer les robots.  © Camilo Friol
Deux robots de traite ont été mis en route en décembre 2019. Environ 115 vaches sont traites actuellement par les deux robots et 25 autres sur un autre site. Un troisième robot sera mis en route cette année avec l’objectif de ne pas traire plus de 160 vaches pour ne pas saturer les robots. © Camilo Friol

 

Ce projet ambitieux a bénéficié de la complémentarité des compétences des trois frères. Manuel Lobos est architecte et Juan Carlos vétérinaire. « Mon frère Juan a beaucoup voyagé. Il a vu des choses et des détails que nous avons ensuite appliqués ici. Le fait que la construction de ma stabulation ait été supervisée par un vétérinaire était important », explique Alfonso. Les éleveurs ont misé sur la robotisation de la traite et de l’alimentation des vaches et des veaux pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre. « C'est une autre façon de travailler. Nous pouvons passer autant d'heures qu'avant, mais c'est plus un travail de supervision. »

Côté aménagements dans la stabulation, ils ont choisi un système de barrière flexible plutôt que des cornadis pour offrir plus de liberté aux vaches. Grâce à sa flexibilité, ce système permet aux vaches de se pencher vers l’avant sur 30 cm. Un couloir de contention a été installé dans chaque lot pour bloquer les vaches en cas de besoin : traitement, insémination… Pour améliorer leur autonomie en électricité, ils ont installé des panneaux solaires d'une puissance maximale de 20 kW. 

Acquérir des terres est presque miraculeux

La ration des vaches se compose de 28 kg d’ensilage de maïs, 12 kg d’ensilage d’herbe, 6 kg de concentrés, 1 kg de paille et en moyenne  4 kg de concentré au robot (maximum 8 kg). © Camilo Friol
La ration des vaches se compose de 28 kg d’ensilage de maïs, 12 kg d’ensilage d’herbe, 6 kg de concentrés, 1 kg de paille et en moyenne 4 kg de concentré au robot (maximum 8 kg). © Camilo Friol

 

Un grand projet laitier donc, dans une région où les surfaces disponibles manquent cruellement. « Ici, acquérir de la terre est presque miraculeux. Comme nous n'avons pas beaucoup d'hectares, nous devons rendre productifs ceux que nous avons. » Par ailleurs, les éleveurs déplorent la lourdeur administrative à laquelle ils se sont heurtés avant de pouvoir commencer leurs travaux. Le prix du lait est également une source d’insatisfaction. « Il serait nécessaire de simplifier et accélérer les procédures d'octroi des aides par les administrations mais aussi de bénéficier d’un meilleur retour financier de la part des industries laitières pour compenser les efforts et les investissements que nous réalisons. Il est dommage que nous n'ayons pas un prix du lait plus décent pour nous aider à financer notre investissement en moins d'années », explique Alfonso. L’année dernière, leur lait a été payé entre 335 et 340 €/1 000 l (taxes comprises).

Un autofinancement à hauteur de 550 000 euros

Afin de pouvoir faire face à cet important investissement, deux prêts ont été demandés au moment de la construction des nouveaux locaux. L'un sous forme d'hypothèque et l'autre sous forme de prêt personnel, pour un montant total de 850 000 euros. Les 550 000 euros restants ont été apportés par les membres, principalement sous forme d'épargne, car ils ne relèvent pas du profil prioritaire pour l'octroi d'aides publiques en raison de leur âge.

Pour négocier les prêts, ils se sont tournés vers deux institutions financières différentes, dont l'une avec laquelle ils travaillaient déjà et l'autre, une banque concurrente, afin d'obtenir de meilleures conditions. « Du point de vue économique, notre opération était une entreprise saine. Nous n’avions pas de prêts en cours ni de charges financières, donc le niveau actuel d'endettement est supportable pour nous avec les conditions que nous avons obtenues », déclare Alfonso Lodos. La durée de remboursement des prêts est de dix et quinze ans, respectivement.

(1) Journaliste à Campogalero – www.campogalego.com

Chiffres clés

3 UMO
140 vaches croisées
70 ha dont 10 ha de RGA et 60 ha de maïs et du RGI en interculture
45 l de production journalière moyenne à 3,60 g/l de TB et 3,20 g/l de TP
2,4 Ml de lait produits
335 à 340 €/1 000 l (TVA incluse) de prix du lait

Les plus lus

Astuce d’éleveur : des cannes à pêche transformées en barrière motorisée pour l’accès au pâturage

Franck Hivert, du Gaec Hivert en Mayenne, a installé un moteur de portail de garage sur des cannes à pêche qui servent de…

<em class="placeholder">vache laitière boit de l&#039;eau dans un abreuvoir dans une prairie</em>
Abreuvement au pâturage : position des bacs et débit d’eau sont essentiels

Placer le bac à moins de 150 mètres du fond de la pâture, assurer un bon débit d’eau, ajuster diamètre des tuyaux et…

Récolte du maïs épi : les quatre erreurs à éviter

L’ensilage de maïs épi est une source d’énergie pour les vaches laitières. La récolte du maïs épi et sa conservation au silo…

Maïs ensilage : les étapes à suivre pour réussir son ensilage

Récolter au bon stade le maïs fourrage est essentiel : il en va de la qualité et de la conservation de l'ensilage. Ne vous…

<em class="placeholder">Matthieu Caugant, éleveur dans le Finistère, devant ses vaches laitières</em>
Abreuvement au pâturage : « Des tuyaux de gros diamètre permettent d’alimenter nos 4 km de réseau d’eau pour 80 hectares accessibles »
Au Gaec Roz Avel, dans le Finistère, le réseau d’eau a été refait en même temps qu’une augmentation de la surface pâturable par…
<em class="placeholder">Fabien Louis, éleveur.</em>
« Des abreuvoirs connectés, caméras intelligentes et capteurs pour gagner en performance et en confort de travail dans mon élevage laitier dans le Morbihan »

Au Gaec de la Grée, dans le Morbihan, l’intelligence artificielle pilote l’abreuvement et la gestion de l’ambiance du…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière