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Du sang dans le lait d'une vache, est-ce grave ?

Après avoir écarté la piste mammites et vérifié l'état général, on se retrouve avec cette vache, qui a vêlé il y a deux jours, dans la situation la plus fréquente : une fragilité vasculaire en lien avec une carence en calcium et/ou phosphore.

L'hypocalcémie a été confirmée par une analyse de sang.
L'hypocalcémie a été confirmée par une analyse de sang.
© C. Fouquet

« Bonjour, j’ai une vache qui me sort du lait couleur grenadine. C’est grave ? Qu’est-ce que je dois faire ? Pour la vache et pour le tank ? » Alors, parons au plus rapide : pour le tank, a priori le danger est limité. Mais d’un point « esthétique », il vaut mieux le retirer car, entre les caillots et la couleur, l’aspect n’est pas forcément très ragoûtant.

Pour la vache, il faut réfléchir un peu plus. « Est-ce que la vache a de la température ? » « Non, 38,8 °C, elle n’a pas un très gros appétit. » Alors il faut vérifier le quartier : « Est-ce que le quartier est bleu violacé un peu froid ? » « Non, il est rose, pas vraiment dur. » Il n’y a donc pas de trace de mammite, notamment pas de mammite gangréneuse au pronostic souvent dramatique pour la vache. A priori, ce n’est pas non plus une masse dans la mamelle ou sur le trayon qui saigne et colore le lait.

« Combien de quartiers sont touchés ? » « Il y en a un qui est pire que les autres, mais j’ai l’impression que les quatre sont atteints. » Cela ne permet pas complètement d’écarter un traumatisme, qui reste quand même la cause la plus fréquente d’hémorragie dans la mamelle. Cela irait de paire avec une température normale, mais il y aurait peu de raison que la vache mange moins bien, sauf si la douleur est très importante.

Une autre hypothèse à explorer est l’ingestion de plantes toxiques : fougère aigle et mercuriale. Mais il y a souvent plusieurs animaux atteints ou d’autres symptômes : notamment des hémorragies au niveau de la vessie, et des signes digestifs avec diarrhée ou constipation, et des traces de sang également dans les bouses. Il faut donc demander à l’éleveur si les vaches ont pu avoir accès de façon importante et/ou répétée à ces plantes. Une autre origine alimentaire possible est en lien avec des mycotoxines présentes le plus souvent dans des ensilages ou des enrubannés mal conservés. Ces pistes alimentaires ne sont quand même pas les plus fréquentes.

Pas si grave mais peu de moyens

Dernière question : « Quand a-t-elle vêlé ? » « Il y a  deux jours. » On se retrouve dans la situation la plus fréquente, avec une fragilité vasculaire en lien avec une carence en calcium et/ou phosphore.

Que faire pour aider Marguerite ? Déjà, la perfuser avec un soluté de calcium, éventuellement après avoir confirmé l’hypocalcémie par une analyse de sang. On veillera particulièrement à administrer une perfusion tiède et pas froide, particulièrement choquante. Au niveau de la mamelle, si des caillots empêchent la traite, il vaut mieux essayer de les écraser que de forcer pour les extraire car on risque d’abimer le canal du trayon. Les intramammaires n’empêcheront pas le saignement mais peuvent éventuellement éviter des surinfections : la mauvaise vidange de la mamelle, la présence de sang, excellent milieu de culture, étant deux facteurs de risque d’apparition de mammite. Enfin un protecteur des vaisseaux, type vitamine C peut être utilisé. Il existait avant deux hémostatiques (Hémoced et Vitamine K3) mais ils ont tous les deux été retirés du marché. La transfusion n’est évidemment qu’un traitement de la « dernière chance » sur un animal de valeur avec une hémorragie chronique très importante.

À noter qu’une rechute n’est pas rare dans les jours suivant la guérison : elle correspond à la dissolution des caillots restés bloqués dans la mamelle. Aucun traitement n’est alors nécessaire.

À retenir

La démarche face à un saignement mammaire :

- écarter le lait du tank ;

- vérifier l’état du quartier l’atteint ;

- ne pas oublier de contrôler le reste de la vache : appétit, fièvre, bouses… ;

- les deux cas les plus fréquents : traumatisme et carence en calcium/phosphore.

Garder la leptospirose en tête

L’absence de fièvre et d’ictère (jaunisse des muqueuses, visible notamment au niveau des yeux, du nez et de la vulve) reste ici plutôt en désaccord avec une leptospirose. Il convient quand même de la garder en tête car cette maladie est transmissible à l’homme. Les animaux se contaminent en buvant de l’eau souillée par les urines de rongeurs. L’atteinte est principalement hépatique et rénale, mais on peut observer également des avortements, des hémorragies mammaires…

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