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Biosécurité : Comment préserver son élevage du botulisme

La prévention du botulisme, danger sanitaire grave, implique la mise en place de mesures de biosécurité, en particulier pour protéger les constituants de la ration. Douze à dix-huit épisodes de botulisme bovin sont repérés tous les ans en Bretagne.

 

1 Le risque ne doit pas être sous-estimé

« De 2000 à 2013, 129 foyers de botulisme ont été identifiés chez des oiseaux en France, indique Grégoire Kuntz, de GDS Bretagne. Et le problème semble augmenter et ne doit pas être sous-estimé. Depuis 2013, vingt à vingt-cinq foyers de botulisme aviaire sont détectés chaque année en France, et douze à dix-huit épisodes de botulisme bovin sont repérés tous les ans en Bretagne. » Affection neurologique grave, le botulisme est provoqué par l’ingestion de la toxine botulinique ou des formes bactériennes végétatives ou sporulées de la bactérie Clostridium botulinum. Présent dans le monde entier, il touche tous les animaux à sang chaud et certains poissons.

Sept types toxiniques sont identifiés. Le botulisme humain (10 à 30 cas par an en France) est principalement causé par les types A, B et E. Chez les bovins, les plus fréquemment isolés sont les types C et D, et parfois des mosaïques C/D et D/C. « Les types responsables de botulisme pourraient donc ne pas être les mêmes chez l’homme et chez les bovins, souligne Grégoire Kuntz. Il y a par contre un parallèle entre bovins et volailles. »

2 Aucun traitement mais un vaccin avec ATU

La maladie se manifeste d’abord par des bouses noires et sèches et une chute du lait, qui peuvent passer inaperçues. Puis survient une paralysie flasque qui débute par la queue et remonte aux postérieurs puis jusqu’à la tête et se termine par la mort par asphyxie. La mortalité peut être aiguë (dans les 12 h, en début de foyer) ou subaiguë (dans les 72 h, foyer installé), avec souvent deux pics de mortalité : un premier pic élevé du 7e au 10e jour, et un 2e pic à 20 jours. « Dans tous les cas, la mortalité est très élevée », insiste le vétérinaire. La confirmation de la maladie se fait au laboratoire par différentes méthodes.

Aucun traitement ni vaccin avec AMM n’existe actuellement contre le botulisme. Un vaccin avec autorisation temporaire d’utilisation (ATU) contre les toxines C et D en bovin et ovin existe par contre depuis 2011, Ultravac botulinum (Zoetis). « Il peut permettre de prévenir l’expression clinique et le deuxième pic de mortalité et de réduire les récidives », précise Grégoire Kuntz.

3 Une contamination par les cadavres et fumiers contaminés

 

 
La couverture des fumiers contaminés est obligatoire. © G. Kuntz

La prévention passe d’abord par la bisosécurité. L’objectif est d’éviter l’ingestion de la toxine ou des formes végétatives ou sporulées de la bactérie. Les cadavres d’animaux morts de botulisme ou porteurs de la bactérie sont la principale source de contamination de l’eau et des aliments. La contamination par de la terre d’aliments conservés en anaérobiose (ensilage, enrubannage) a aussi été mise en cause, les conditions anaérobies favorisant le développement de la bactérie, qui rejette la toxine dans l’aliment parfois plusieurs mois après. Les déjections de volaille contaminées sont régulièrement mises en cause dans les cas de transmission du botulisme des volailles aux bovins. La transmission peut être directe, par épandage de déjections sur les pâtures ou les parcelles à récolter, ou indirecte par dispersion aérienne sur les parcelles à proximité.

4 Protéger les aliments et l'eau

 

 
Des bacs pas trop grands et à vidange rapide permettent de vérifier plus régulièrement qu’il n’y a pas de cadavre dans l’abreuvoir.  © G. Kuntz

Les pâtures peuvent être contaminées par des cadavres ou des bactéries et spores provenant d’épandage de fumiers sur les parcelles contiguës. Quant aux ensilages et enrubannages, la contamination est principalement liée à des cadavres ou des animaux vivants happés par les machines de récolte ou à un stockage de fumier contaminé sur ou à proximité de la récolte. La prévention passe par le ramassage des cadavres (rongeurs, petits cadavres en élevage de volailles) pour éviter leur dispersion par les renards ou autres animaux. Elle passe également par le respect des normes pour le stockage et l’épandage des fumiers contaminés d’autres espèces: couverture, distances, surface plane…. L’information des ETA, Cuma et éleveurs lors des chantiers d’ensilage permet aussi d'éviter  de mettre au silo une remorque contaminée par un cadavre.

La protection des céréales et concentrés contre la contamination par des cadavres (rongeurs, chats, oiseaux…) est également essentielle. Elle nécessite un stockage en silos fermés ou à minima couverts par un filet en cône évitant la chute d’animaux dans le silo, la couverture des stockages au sol, l’inspection régulière pour détecter la présence de cadavres, ou encore la fermeture des trémies d’alimentation des distributeurs… Pour l’eau, le principal risque est la contamination des grands abreuvoirs par un cadavre. Les principales mesures sont la surveillance quotidienne des bacs, leur nettoyage et désinfection et le remplacement des grands bacs par des bacs plus petits et à vidange rapide pour faciliter un entretien régulier (abreuvoir basculant…).

5 Que faire en cas de botulisme ?

 

 

Le botulisme est classé parmi les dangers sanitaires de première catégorie. Sa déclaration à la DDCSPP est obligatoire. À la moindre suspicion, l’élevage peut être placé sous APMS (arrêté préfectoral de mise sous surveillance), puis en cas de confirmation de botulisme sous APDI (arrêté préfectoral de déclaration d’infection). La DGAL conseille alors de maintenir les animaux sur l’exploitation au moins dix-sept jours après la mort du dernier animal et de nettoyer et désinfecter les locaux et le matériel de distribution de l’aliment avec un produit sporicide (aldéhydes, iodophores, chaux vive…).

Le lait des vaches malades doit être écarté (équarrissage) et une vigilance doit être apportée à l’hygiène de traite pour éviter toute contamination croisée. Les effluents contaminés doivent aussi être détruits ou traités. « Mais l’incinération des fumiers coûte 200-250 €/t et leur incinération sur place implique des autorisations, de prévenir les pompiers, le voisinage…, souligne Grégoire Kuntz. Quant aux lisiers, les solutions efficaces sont très complexes ou très coûteuses. » La solution de la méthanisation est à l’étude dans plusieurs pays, avec des résultats pour l’instant peu cohérents. Une prochaine étude de l’Anses (Botusol) devrait aussi apporter des éléments sur le risque de contamination pérenne des sols ou de dispersion lié à l’épandage et à l’enfouissement de fumiers contaminés.

Le saviez-vous ?

Les bactéries du genre Clostridium sont très largement répandues dans le sol, les cadavres d’animaux. Les spores peuvent survivre plusieurs dizaines d’années dans le milieu naturel. Une fois dans des conditions favorables à leur croissance (aliments, cadavres), elles peuvent germer et donner la forme végétative capable de secréter la toxine. La maladie est liée au passage de la toxine de l’intestin vers le sang, soit par ingestion directe de la toxine, soit par production de la toxine dans l’intestin suite à l’ingestion de formes végétatives ou de spores.

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