Prix des aliments : Comment atténuer la hausse à court terme ?
Le contexte haussier du prix des aliments perdure et incite à adapter sa stratégie de complémentation. Seenovia a fait des simulations technico-économiques pour vous aider à y réfléchir en fonction du niveau de productivité, du prix du lait et de celui des aliments.
Le contexte haussier du prix des aliments perdure et incite à adapter sa stratégie de complémentation. Seenovia a fait des simulations technico-économiques pour vous aider à y réfléchir en fonction du niveau de productivité, du prix du lait et de celui des aliments.
Depuis un an, les prix des matières azotées se sont envolés (+100 €/t en tourteau de soja et en tourteau de colza), tout comme celui des céréales (+100 €/t). En fonction des contrats d’aliments signés, les élevages sont plus ou moins touchés. Malgré un contexte du prix du lait plus porteur, en un an, les marges sur coût alimentaire ont baissé de 5 €/1 000 l en moyenne sur les élevages suivis par Seenovia. Pour limiter l’impact, les éleveurs recourent davantage à l’urée dans un premier temps, et cherchent à maximiser la distribution de fourrages riches en MAT aux laitières.
Néanmoins, la situation soulève des questions sur le plan économique et doit inciter à réfléchir aux meilleures options possibles en termes de complémentation. Quelle est la stratégie la plus rentable pour vous ? Vaut-il mieux produire moins et réduire les quantités de concentrés de production (scénario 1)? Y a-t-il un intérêt à faire varier les apports en azote et la production de lait par vache, en jouant sur le correcteur azoté (scénario 2)?
Seenovia a simulé les conséquences techniques et économiques de ces deux scénarios. Trois profils d’élevages (économe, équilibré, fonceur) ont été retenus dans les différentes projections portant sur la période hivernale du 1er décembre au 31 mars. L’exploitation moyenne comporte 70 vaches, avec un lait livré à 43 de TB et 33 de TP. Selon le niveau de production initial de vos vaches, le prix du lait perçu et le prix des aliments, le choix à retenir en termes de stratégie de complémentation n’est pas forcément le même. Et au sein d’un même profil, toutes les situations ne sont pas similaires et nécessitent une analyse au cas par cas pour mettre en place un plan d’action cohérent.
Hypothèses des scénarios testés
Le scénario 1 sur l’intérêt d’enlever du concentré de production se réfère aux essais de Trévarez 2015, avec une réponse de 0,5 kilo de lait et 0,3 de TP par kilo de concentré de production supplémentaire à 0,95-1 UFL et 120-150 PDI. Et une réponse de 0,8 kilo de lait et 0,3 TP avec un concentré de production à 1-1,05 UFL et supérieur à 200 PDI.
Le scénario 2 sur la variation de concentration de la ration s’appuie sur les travaux d’Inrae (2007) indiquant un gain potentiel de 1,7 l/VL/j et 0,6 de TP en passant de 90 à 100 g de PDI/UFL ; et de +0,9 l lait/VL/j et +0,3 TP en passant de 100 à 110 g PDI/UFL.
Les stratégies gagnantes sont différentes selon les profils d’élevage
Les économes ont intérêt à investir dans le correcteur (scénario 2)
Renforcer les apports en correcteur est cohérent économiquement si le prix du lait est porteur et que l’ajout d’un kilo de tourteau de colza apporte une réponse en lait de 1,5 à 2 l par vache.
Si l’élevage passe de 90 à 100 PDI/UFL, en ajoutant 1,5 kg de correcteur azoté de type tourteau de colza, il gagne 1,7 l de lait par vache et 0,6 point de TP. Il est gagnant économiquement (+1 000 € sur les 120 jours d’hiver) même avec un prix du lait à 330 €/1 000 l et un tourteau de colza à 390 €/t.
Les équilibrés ont intérêt à réduire le concentré de production (scénario 1)
Une baisse du concentré de production permet un gain économique sans trop d’impact sur la productivité des vaches. Par contre, avec une ration de base équilibrée, il est intéressant de rester à ce niveau de correcteur.
Enlever 1 kg de concentré de production sur les 120 jours permet un gain de 400 à 1 100 €.
Avec 8,4 t de concentré acheté en moins et un prix du concentré de production de 330 €/t, l’élevage économise 2 772 € sur les quatre mois. Mais il perd 4 200 l de lait et 0,3 point de TP. Avec un prix de base de 350 €/1 000 l, cela représente près de 2 000 € de recette en moins. Au final, cette stratégie lui fait gagner 776 €.
Les fonceurs ont intérêt en priorité à baisser la concentration de la ration (scénario 2)
Au-delà de 100 g de PDI/UFL, la réponse zootechnique du correcteur est moins efficace. La réduction du correcteur et du concentré de production est à gérer conjointement selon la situation initiale.
Enlever 1 kg de concentré de production sur les 120 jours ne permet pas de gain réel alors qu’avec une ration optimisée à 100 PDI/UF, cela permet un gain de 600 à 1 700 €.
Si l’élevage passe de 110 à 100 g PDI/UFL en enlevant 1,5 kg de correcteur azoté de type tourteau de colza, il perd 0,9 l de lait par vache et 0,3 point de TP. Mais il est gagnant économiquement même avec un prix du lait de 370 €/1 000 l et un prix du correcteur à 330 €/1 000 l.