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Bâtiment d’élevage : « Sans aire d’attente, nous trayons 100 vaches à l’heure »

Pour leur nouvelle stabulation d’élevage, les trois associés du Gaec du Lagot, en Bretagne, ont installé une salle de traite centrale sans murs, ni parc d’attente trop coûteux et pas assez confortable pour les vaches.

Pourquoi investir dans une surface bétonnée où les vaches vont passer peu de temps, souvent en situation d’inconfort ? Cette question, Léon Lemarchand, Kévin Sauvée et Gildas Guillard, les trois associés du Gaec du Lagot, en Ille-et-Vilaine, se la sont posée quand ils ont commencé à réfléchir à leur nouveau bâtiment.

« Dès 2017, soit deux ans avant mon installation et celle de Kévin, nous avons commencé à réfléchir à un nouveau bâtiment, pour réunir nos 110 vaches sous un même toit, retrace Gildas Guillard. Deux choses nous paraissaient primordiales : l’optimisation du travail et le confort pour les animaux. »

Retrouvez le reportage au Gaec de la Haie, en Loire-Atlantique : « Notre bâtiment d’élevage est conçu pour assurer le confort de nos vaches laitières »
Plan du bâtiment du Gaec du Lagot
Plan du bâtiment du Gaec du Lagot © Source : Tecmatel – Gaec du Lagot

Fiche élevage

Gaec du Lagot

• 3 associés

• 125 ha dont 60 ha d’herbe (7 ha accessibles), 55 ha de maïs et 10 ha de céréales

• référence 1,1 million de litres (bientôt 1,35 million de litres suite au départ en retraite de Léon Marchand et à l’installation d’un jeune qui s’est vu attribuer une rallonge de 200 000 litres de lait)

Confort des éleveurs, confort des animaux

Pour se garder une marge de progression, les trois associés ont préféré voir large. Ce sont 134 logettes qui ont trouvé place dans un bâtiment presque carré, de 56 m x 52 m. Le bâtiment est organisé de façon symétrique, pour une gestion en deux lots homogènes, avec la salle de traite au milieu et deux tables d’alimentation. « Si nous étions partis sur une stabulation pour plus de 130 vaches avec une seule table d’alimentation, cela nous aurait obligés à une très grande longueur, argumente Gildas Guillard. Le format carré donne un bâtiment plus compact, dans lequel les vaches ont la table d’alimentation et les abreuvoirs à proximité. Pour nous aussi, cela fait moins de distance à parcourir. » De plus, de nombreux passages d’hommes facilitent la traversée de part en part.

Une salle de traite sans murs, ni parc d’attente

Pour la traite, les trois associés n’ont pas voulu de robot. « Il aurait fallu deux robots, ce qui représente un sacré investissement. En plus, traire ne nous dérange pas, partage Gildas Guillard. Je trouve que c’est un moment important pour observer mes vaches. Je vois leur mamelle, leurs pattes, leur état. »

salle de traite centrale sans aire d'attente ni mur
La salle de traite centrale dispose de 16 postes en simple équipement. © C. Julien

La salle de traite 2x16 simple équipement est entièrement ouverte. Seules les tubulures de la sortie rapide sur les deux quais la séparent du reste du bâtiment. « Cela fait moins à laver, assure Gildas Guillard. En plus, nous profitons de la ventilation naturelle du bâtiment quand il fait chaud. En hiver, on met une épaisseur de vêtements de plus. Les vaches préfèrent cette atmosphère fraîche. »

Les rares fois où la température chute à -5°C, le trayeur commence par réaliser un prélavage à l’eau chaude pour dégeler l’installation de traite. Le fait que la salle de traite ne soit pas séparée du reste du bâtiment facilite l’intégration des génisses. « Les box de vêlage sont juste à côté, présente Gildas Guillard. Les génisses ont quelques jours pour s’habituer aux bruits, aux mouvements. Pendant la traite, elles voient le restant du troupeau. Cela évite du stress. »

barrière bâtiment élevage vaches laitières
Lors de la traite, l’éleveur positionne les barrières de façon à relier l’aire de vie à la salle de traite. © C. Julien

Autre particularité, il n’y a pas de parc d’attente. « Là aussi, ça fait moins à laver, plaisante l’éleveur. C’est une organisation que nous avions vue en visitant des bâtiments et qui nous avait semblé intéressante. Car, un parc d’attente, ce n’est pas le top pour le bien-être animal. Les vaches sont debout à piétiner. Elles se retrouvent en situation d’inconfort thermique dès que les températures grimpent. Les génisses ou les vaches dominées n’ont pas d’échappatoire en cas de tension. En plus en termes de stress, je ne suis pas fan des chiens électriques. »

Côté économie, se passer du parc d’attente réduit le besoin en surface. « Si nous avions aménagé un parc d’attente, il aurait fallu prévoir 1,2 m2 par vache. Même en deux lots, cela aurait représenté une sacrée surface ! Il aurait fallu rallonger le bâtiment, avec des conséquences sur le montant à investir », calcule Gildas Guillard. L’absence de parc d’attente a permis de contenir le coût de la construction à 6 500 euros la place.

En pratique, pendant la traite d’un lot, l’autre continue de vaquer à ses occupations. Les vaches qui vont se faire traire restent dans leur moitié du bâtiment. « Elles sont mieux à attendre dans les logettes qu’à piétiner. »

La contrepartie de l’absence d’aire d’attente est qu’il faut aller chercher des vaches. Comme en général, pendant qu’un des associés trait, l’autre nettoie les logettes, les vaches vont se lever. « Ce qui fait qu’il n’y en a pas beaucoup à aller chercher, apprécie Gildas Guillard. Une fois que les seize sont branchées, j’ai le temps d’aller chercher les suivantes. » Un accès rapide avec des marches équipées d’antidérapants permet de passer facilement de la salle de traite aux aires d’exercice. Après la traite ou quand les vaches reviennent du pâturage, l’éleveur peut condamner les rangées de logettes pour que les vaches attendent avant de se coucher.

« Même en allant chercher quelques vaches, la traite ne dure pas trop longtemps. Quand on trait à deux, on passe les 110 vaches en une heure. Seul, il faut compter une heure vingt. On gagne du temps en ne faisant pas de post-trempage. On arrive à garder un bon niveau cellulaire, de 150 à 200 000, en étant très à cheval sur l’hygiène de couchage. Les logettes sont nettoyées quatre fois par jour. »

Une ventilation naturelle optimisée pour une ambiance au top

Pour le confort des vaches et des éleveurs, la ventilation naturelle du nouveau bâtiment a été optimisée avec une façade à l’est ouverte, une façade ouest avec un filet brise-vent et des pignons en claire-voie. Les vaches bénéficient de logettes souples équipées de tapis, recouverts de farine de paille.

Depuis deux ans, la brumisation a été installée au-dessus des cornadis. Elle entre en action dès que la température dépasse les 25 °C. « Maintenant on réfléchit à ajouter des ventilateurs et des tapis sur les couloirs pour le confort des pieds et limiter les risques de glissade, anticipe Gildas Guillard. Ces investissements, on les fait pour le bien-être des vaches, ce qui se traduira en amélioration de la productivité. » Avec une moyenne d’étable à 34 litres et des taux de 36 et 46, il semblerait que la stratégie fonctionne.

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