80 % des vaches laitières françaises pâturent plus de 10 ares mais…
Dans les troupeaux de plus de 100 vaches, la proportion de vaches disposant de plus de 10 ares tombe à 60 %, avec de forts écarts suivant les régions.
Dans les troupeaux de plus de 100 vaches, la proportion de vaches disposant de plus de 10 ares tombe à 60 %, avec de forts écarts suivant les régions.
D’après l’enquête structure d’Agreste 2016, 92 % des vaches en lactation sortent, c’est 2 % de moins qu’en 2008. Et 80 % des vaches pâturent plus de 10 ares, contre 88 % huit ans plus tôt. L’évolution est plus nette si l’on s’intéresse à la proportion de vaches qui dispose au moins d’une surface de 20 ares par vache : celle-ci descend de 72 % en 2008 à 60 % en 2016. « Ce mouvement est à relier à la forte croissance des exploitations et à l’évolution du nombre de troupeaux de plus de 100 vaches qui a été multiplié par trois entre 2008 et 2016 (1) », souligne Christophe Perrot de l’institut de l’élevage
.
Chez les plus de 100 vaches: 16% des vaches en zéropâturage
L’effet taille du troupeau joue beaucoup : à partir de 100 vaches, c’est net, le pourcentage de vaches pâturant plus de 10 ares décroche. En 2016, il est de 61 % contre 80 % pour les 75 à 100 vaches, 87 % pour les 50-75 vaches et jusqu’à 94 % pour les moins de 50 vaches. « Le pourcentage de vaches pâturant plus de 10 ares dans les troupeaux de plus de 100 vaches était plus fort en 2008 (71 %). Cette baisse de 10 % s’explique par l’apparition de troupeaux encore plus grands et encore moins pâturants : on compte fin 2018, 1 700 troupeaux de plus de 150 vaches, six fois plus qu’en 2008. Elle s’explique aussi par la possibilité d‘augmenter davantage le cheptel que les surfaces durant la période de sortie progressive des quotas. »
La proportion de vaches en lacatation en zéro pâturage est aussi plus importante pour les grands troupeaux: 16% pour les plus de 100 vaches contre 8% chez les 75-100 vaches, 5% chez les 50-75 vaches et seulement 5% chez les moins de 50 vaches.
Garder cet atout pâturage par rapport aux autres pays
Mais il existe des zones où cet effet taille est modéré comme le montre le tableau ci-contre : le pourcentage de vaches pâturant plus de 10 ares, dans les troupeaux de plus de 100 vaches, varie de 30 % à 92 %. « C’est surtout dans les zones de polyculture élevage que la pratique du pâturage régresse avec la taille, et en particulier dans les zones peu favorables à la pousse de l’herbe (Sud-Ouest) ou dans des zones intensives à potentiel agronomique fort (Hauts de France, Somme, Oise, Aisne). À l’inverse, dans les zones avec une place des prairies permanentes très importante (montagnes herbagères, zones herbagères de plaine ou mixte type Basse-Normandie), la pratique régresse peu avec la taille. La Bretagne Pays de Loire, les piémonts et l’Est du Massif central sont en position intermédiaire. »
Le pâturage reste un grand atout de l’élevage français vis-à-vis de nos voisins européens, si l’on met de côté l’Irlande et le Royaume-Uni. « Les Pays-Bas avec Friesland Campina ont su réagir et stopper le déclin en sensibilisant leurs éleveurs au fait que les consommateurs voulaient voir les vaches sortir. C’est le cas dans 3 élevages sur 4. Leur lait de pâturage (120 jours, 6 h par jour, pas de surface minimum) est opportuniste, mais ils le vendent et versent aux éleveurs le plus souvent 15 €/1 000 litres. » L’Allemagne essaie de remonter la pente : « officiellement 4 vaches sur 10 pâtureraient mais elle part de bas excepté dans quelques zones. Les grands élevages du Nord à plusieurs centaines de vaches et 11 000 litres/vache qui ont beaucoup de mal à trouver des salariés, ne sont pas prêts à baisser leur niveau de production et à augmenter la charge de travail en pâturant. Tandis que les petits élevages du Sud, majoritairement en étables entravées et traditionnellement sans sortie des vaches sont sous la pression des distributeurs, des citoyens et du gouvernement fédéral ». Et Christophe Perrot de conclure : « il semble prudent et opportun de ne pas dégrader le pâturage, de chercher à le réconcilier avec le modèle de croissance qui prédomine aujourd’hui ».